En marge d'une cérémonie d'hommage à son parcours, ce pionnier de “sciences-po” en Algérie propose que la recherche scientifique soit une priorité dans le plan de développement du pays. “La recherche scientifique est nécessaire, il faut tout faire pour qu'elle évolue mais personne ne fait d'efforts pour que cela se réalise”. C'est là un constat fait par le Dr Omar Bouhouche. Ancien moudjahid, élu meilleur professeur en sciences politiques en 1979 et premier docteur dans le même domaine en Algérie, il a publié 12 livres et 87 exposés. Une cérémonie en son honneur a été organisée, hier, au Forum d'El Chaâb, afin de le récompenser pour son parcours. Après la remise des prix, place à la conférence sur les recherches scientifiques en Algérie. Le Dr Bouhouche a abordé les multiples problèmes qui touchent les chercheurs dans notre pays. “La recherche est primordiale, ce ne sont pas des herboristes qu'il nous faut mais des docteurs”, a-t-il souhaité. Les facteurs responsables de l'échec des recherches ne sont pas seulement financiers ou étatiques mais surtout humains, selon lui. “Les chercheurs eux-mêmes ne sont pas très motivés par le travail, mais ils sont blasés car ils attendent une prise en charge quasi absente. Ils ne font rien pour réclamer leurs droits”, a déclaré le professeur. Un autre problème et qui n'est pas des moindres touche cette profession : l'indépendance financière. Elle ne fait pas partie de la politique des chercheurs. Ils ne disposent de rien et ne font pas d'efforts pour devenir autonomes. “Les centres de recherches ne disposent d'aucune indépendance financière. Ce problème est dû au manque de subventions et pour cela, ils sont incapables de rassembler de l'argent”, a-t-il dit. Sur ce point, M. Bouhouche ne rejette pas la faute sur le ministère de l'Enseignement supérieur, bien au contraire. “Puisqu'on imite les Français, essayons de prendre les bons côtés au lieu de les copier. En effet, il y a 85 universités françaises et elles sont indépendantes dans leurs recherches scientifiques”, a-t-il ajouté. Par ailleurs, une crise importante touche les chercheurs dans leur travail, ce qui est considéré comme un facteur important dans l'échec de l'évolution des recherches. “S'il y a des laboratoires de sciences naturelles, de mathématiques ou de physique. Et bien, il manque des centres pour l'étude stratégique, entre autres, du nouveau matériel”, a fait remarquer le conférencier. Le dernier aspect abordé par le professeur revient aux négligences de l'Etat. “La prise en charge pour la recherche scientifique est faible. Il faut viser les universités car les étudiants sont l'essence de tout”, a ajouté M. Bouhouche. À tout problème, il y a des solutions ; durant la conférence le professeur a suggéré quelques idées qui peuvent permettre de sortir la recherche scientifique de sa médiocrité. “En premier lieu, les méthodes doivent changer comme les centres. Notre Etat dispose de bons éléments et d'argent. C'est le manque d'organisation qui est en point de mire”. Les étudiants qui partent faire leurs études à l'étranger reviennent pour se cloîtrer dans des bureaux. “La prise en charge est très mauvaise dans tous les domaines, ce qui engendre un abandon général”, a déploré le professeur Bouhouche.