RESUME : Toutes les pensées de Djamel vont à sa femme. N'en pouvant plus de souffrir seul, il va la rejoindre à son travail et lui propose de déjeuner ensemble. Une phrase qu'il dit laisse Kenza pensive craignant le pire…. 16eme partie Qu'est-ce que tu veux dire par là ? demande Kenza en scrutant son visage. Djamel, pourquoi parles-tu de souvenirs ? - Rien, je veux seulement te laisser de bons souvenirs de moi. Imagine qu'il m'arrive un malheur, que je disparaisse brusquement et que je n'ai pas le temps de te demander pardon. En pensant du bien de moi, tu m'aurais pardonné du fond du cœur, n'est-ce pas ? - Je n'ai rien à te pardonner. Mais pourquoi me parles-tu de ça aujourd'hui ? Le lendemain de ton retour, remarque Kenza. Aurais-tu découvert que tu es atteint d'une maladie grave ? Tu as un cancer ? C'est ton cœur ? Tes poumons ? - Non… je n'ai rien ! Djamel a beau avoir un sourire qui se veut rassurant, Kenza n'est plus sûre de rien. Durant tout le déjeuner, Djamel évite de parler de lui, restant sur ses gardes. S'il n'avait pas eu ce regard pensif, si elle ne le sentait pas aussi loin, elle aurait pu le croire. Mais le Djamel d'aujourd'hui est différent de celui qu'elle avait connu. La veille au soir, elle était si furieuse qu'elle n'avait rien remarqué. Sa belle-mère aurait pu s'être coupée les cheveux que cela lui aurait échappé. La colère l'avait aveuglée. Quelque chose de grave se passait à son insu. Son cœur le lui disait. Mais que faire pour en avoir la certitude ou pour être rassurée que tout va bien ? - Je voudrais aller à la mer, dit-elle à Djamel. - Tu en as vraiment envie ? - Oui, j'ai besoin de changer d'air ! Tout de suite… Kenza a l'impression d'étouffer. Elle pense qu'en s'éloignant d'ici, le pressentiment qui lui serre le cœur disparaîtrait. Lorsque Djamel prend la route nationale, elle est convaincue que quelque chose de grave s'est passée sinon il n'aurait pas accepté de l'emmener si loin et à l'improviste. Kenza ne sait plus quoi penser. En fermant les yeux, elle tente de chasser l'angoisse qui lui étreint le cœur. - Ce n'est pas possible… L'air marin est très froid mais il ne semble pas parvenir à ses poumons. Le va et vient des vagues se fracassant sur les rochers où ils étaient assis ne l'apaise point. Pourtant, avant, il lui aurait suffi de voir la mer pour retrouver son calme intérieur. Mais elle-même, tout comme son cœur, était agitée par des remous. Le silence de son mari laisse ses interrogations se répéter en elle. Djamel semble si loin. Elle s'appuie sur lui gardant la tête au creux de son épaule. Dans ses moments-là, elle avait besoin de le sentir près d'elle. Surtout maintenant. Elle donnerait cher pour connaître les pensées de son mari. _ Djamel, j'ai peur. Mon cœur est si serré par l'angoisse. Qu'est-ce que tu me caches, Djamel ? - Ton cœur ne te trompe pas. Des larmes coulent sur les joues de Kenza. Elle a l'impression que son cœur a été transpercé. En voyant les yeux larmoyants de son mari. Elle a eu la confirmation de ses doutes. Mais à quoi devait-elle s'attendre ? - Tu as des dettes ? Tu as tout perdu au jeu ? Ils ne vont pas s'en prendre à toi, n'est-ce pas ? - Cela n'a rien à voir avec mes affaires et nos biens, répond Djamel. Non, j'ai perdu à un autre jeu… ou le hasard est maître du destin ! - Je ne te comprends pas, Djamel. Tu fais allusion à quoi ? - Je suis malade ! gravement malade, Kenza. Celle-ci le presse de questions. Elle veut tout savoir. Elle ne veut pas rester dans l'ignorance. Elle s'emporte quand Djamel s'éloigne d'elle, uniquement pour ne pas lui répondre. A. K. (À suivre)