Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, en a assez : il menace de ne pas se porter candidat à sa propre succession en janvier. Bonjour alors la catastrophe dans des territoires où plus rien ne va, alors que les islamistes sont aux aguets à partir de Gaza, leur sanctuaire et laboratoire. Accusé par Hamas de collaborer avec Israël, pressé par les Américains de négocier avec un gouvernement israélien décidé à ne rien lui céder, critiqué par son propre camp au sein du Fatah, relooké cet été par l'arrivée dans sa direction de jeunes de l'intérieur, par opposition aux caciques de l'extérieur, pour sa docilité envers les demandes de Washington, le président de l'Autorité palestinienne menace de jeter l'éponge. Selon des sources palestiniennes, il aurait annoncé ces derniers jours par téléphone à Barack Obama son intention de ne pas se présenter aux élections palestiniennes de janvier prochain, qu'il a pourtant lui-même convoqué pour essayer de mettre fin à la crise inter-palestinienne et donner ainsi un second souffle au processus de paix dans la région. Mais Abbas est las de toujours céder sans jamais rien obtenir en contrepartie. Sa politique consiste à bâtir un embryon d'Etat stable et sûr en se conformant à tous les desiderata de Washington et, depuis deux ans, il est même parvenu à jugulé les islamistes palestiniens en Cisjordanie, Hamas n'ayant plus le monopole de l'activisme que dans l'enclave de Gaza dont il avait pris le contrôle avec la complicité d'Israël. Ce dernier, de son côté, n'a pas cessé d'élargir ses colonies en Cisjordanie. Pis, les récentes libérations de prisonniers palestiniens ont été portées au crédit du Hamas, qui a obtenu l'élargissement d'une vingtaine de détenus en échange d'une vidéo de l'otage Gilad Shalit. Abbas avait posé l'arrêt de la colonisation comme condition à une reprise des négociations avec Israël. Il a finalement accepté, sous la pression des Etats-Unis, de rencontrer Netanyahu à New York en septembre dernier, sans avoir obtenu un gel des constructions. Puis, face aux échecs répétés des négociations inter-palestiniennes, Abbas s'est résolu à convoquer des élections générales pour janvier 2010. Ce que lui conteste Hamas qui a interdit aux Palestiniens de Gaza de participer à ces scrutins, jugés d'illégaux, au motif que la convocation avait été émise sans son accord. Les autorités islamistes de l'enclave ont, par ailleurs, fermé les cinq bureaux de la Commission électorale centrale (CEC). À la différence du Fatah, le Hamas n'a toujours pas signé un projet d'accord de réconciliation proposé par l'Egypte et en vertu duquel Abbas a fixé la date du 28 juin 2010 pour les prochaines élections. Hamas menace de son côté, d'organiser des élections distinctes à Gaza, ce qui perpétuerait les divisions et ferait de Gaza et de la Cisjordanie des entités géographiques et politiques distinctes. Et Netanyahu aura gagné sur toute la ligne.