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Grippe A : ce que redoutent les experts
Le professeur Soukehal, épidémiologiste à propos de la pandémie
Publié dans Liberté le 06 - 12 - 2009

Avec l'enregistrement des premiers décès, une moyenne de vingt nouveaux cas par jour et une prise en charge défaillante dans nos structures de santé, le pire scénario est à envisager avec l'arrivée prochaine de la deuxième vague épidémique du virus en Algérie. Le professeur Soukehal, chef du service épidémiologie et prévention au niveau de l'hôpital Beni Messous insiste sur le protocole à suivre durant la campagne nationale de vaccination contre la pandémie A H1N1 qui va être lancée bientôt dans les centres de vaccination et qui doit selon lui “impérativement répondre aux normes internationales en termes de vaccinologie, de traçabilité, de surveillance des effets indésirables liés à cette vaccination. Cette action de santé publique, première du genre de l'Algérie, devra respecter l'environnement notamment dans son volet gestion des déchets d'activités de soins à risque infectieux (DASRI). Sinon, ce sera catastrophique.”
Liberté : L'Algérie enregistre ses premiers décès causés par la grippe A/H1N1. Quelle ampleur atteindra l'épidémie d'ici quelques semaines ?
Pr Soukehal : Tout ce que l'on sait est qu'il y a une augmentation importante de transmission locale du virus H1N1. Chaque jour, environ vingt nouveaux cas sont confirmés par le laboratoire de référence OMS de l'institut Pasteur Algérie. L'épidémie a commencé dans le monde au mois de mars 2009. Nous assistons, depuis, à une extension du phénomène épidémique. Actuellement l'ensemble du monde est touché. L'alerte OMS a été déclenchée le 24 mai 2009 et en quelques semaines, le niveau d'alerte 6 a été atteint. C'était le 11 juin 2009. Tout ce processus a suivi la stratégie développée par l'OMS conformément au Règlement sanitaire international (RSI) de 2005. La particularité de cette pandémie, c'est qu'elle est suivie en live par le monde entier. Au mois d'avril 2009, le virus responsable a été identifié. C'est un A H1N1 v 2009. On s'est rendu compte que ce virus est un réassortiment de trois types de virus : un virus porcin, un virus humain et un virus aviaire. Le premier cas diagnostiqué chez nous, l'a été le 16 juin 2009.
C'est une personne qui est venue des Etats-Unis accompagnée de son fils. Depuis cette période tout le système mis en place a été orienté vers la maîtrise de la diffusion du virus à l'intérieur du territoire national car la caractéristique de cette affection est que c'est une grippe hors saison. Ce qui est nouveau dans la réponse sanitaire à ce phénomène pandémique est que le ministère de la Santé a mis en place tout un système et une stratégie de contrôle aux frontières afin de détecter les signes cliniques du début de la maladie. À savoir la fièvre, supérieure à 38°C, à laquelle s'ajoutent la toux et l'écoulement nasal. Donc un syndrome grippal banal hors saison. C'est comme cela qu'on a repéré les premiers cas et mis en route les traitements adaptés. Il fallait hospitaliser et isoler les patients atteints pour permettre au virus d'être confiné. Ce virus est devenu maintenant un virus pandémique, parce qu'il frappe tout le monde.
Allons-nous assister à une deuxième vague de grippe A H1N1 ?
La grippe A se transmet par voie aérienne lors de l'éternuement, de la toux, et par contact par des mains infectées. La transmission est inter-humaine et la circulation du virus est devenue locale. Dans les prochains jours, les prochaines semaines, nous allons effectivement, à l'instar des pays de l'hémisphère Sud assister à une deuxième vague épidémique du virus. Actuellement, nous sommes entrés dans une première vague épidémique. Les caractéristiques de la grippe A H1N1 variante 2009 est qu'elle touche principalement les sujets jeunes. Elle affecte une proportion élevée de sujets en bonne santé, elle comporte des complications respiratoires graves, inhabituelles. Le taux de décès est élevé du fait de la proportion de sujets atteints.
Selon les pronostics du ministère de la Santé, au moins 10% de la population seront affecté par le virus. Les services sanitaires seront-ils en mesure de prendre en charge une telle proportion de personnes atteintes ?
La stratégie actuellement mise en place va évoluer et s'adapter au phénomène épidémique. Cette évolution est suivie en temps réel au niveau du Poste de commandement opérationnel (PCO) mis en place au ministère de la Santé sous l'autorité directe de Mr le secrétaire général afin que toutes les orientations émises par les experts puissent être mises en œuvre sur le terrain immédiatement. Ainsi on va s'orienter graduellement vers l'hospitalisation des cas graves afin de lutter contre la mortalité liée à la grippe A H1N1.
Les cas non compliqués vont être traités et mis en confinement à domicile car il sera impossible d'hospitaliser tout le monde. Le confinement est en fait une mise sous surveillance sanitaire à distance du malade et de toutes les personnes qui vivent à ses côtés. Cette surveillance consiste à suivre à domicile les évènements liés à l'apparition de signes cliniques grippaux. Dans ce cas, le traitement antiviral sous surveillance médicale doit être mis immédiatement en marche. L'entourage du malade à la maison doit porter un masque protecteur, se nettoyer les mains en les lavant plusieurs fois par jour avec du savon liquide. La désinfection des mains sera réalisée avec une solution désinfectante de la pharmacopée et non pas avec des produits cosmétiques qui n'ont aucune action virucide. C'est la nouvelle stratégie adoptée pour faire face à la montée en puissance de ce phénomène épidémique de ce 21e siècle.
Le pays recevra une première tranche de 900 000 unités de vaccin pandémique dans une semaine, le reste de la commande, fixée à 20 millions de doses sera livré selon un planning préétabli entre le mois de janvier et le mois de mai. N'est-ce pas trop tard ?
Non, il ne sera pas trop tard puisque l'épidémie commence. C'est une campagne de vaccination de masse qui va s'étendre aux 48 wilayas et qui va immuniser une très grande partie de la population. Cette immunisation va permettre de casser le phénomène épidémique. Le vaccin arrivera par tranches successives parce qu'il doit être conservé au froid dans une chaîne de froid qui se situe à +4°C afin qu'il garde intactes toutes ses qualités. Le respect de la chaîne du froid est capital pour un vaccin et cela va entraîner des volumes énormes à transporter et conserver au froid. Si on a trop de volumes à manipuler et à écouler en même temps, on risque d'être submergés et donc de rompre la chaîne du froid.
Face à la mutation récente du virus H1N1, le vaccin commercialisé garde-t-il son entière efficacité ?
Le vaccin sera toujours efficace. Bien entendu, comme tous les virus, le virus pandémique AH1N1v2009 sera appelé à muter. C'est une réalité au plan scientifique. Mais l'immunisation sera la même pour toutes les souches du virus original qui a servi à faire ce vaccin pandémique. Il faut rappeler que c'est l'OMS qui détermine la composition du vaccin grippal. En revanche, une mutation du virus peut provoquer une résistance au traitement par l'Oseltamivir (Tamiflu). Dans tous les cas, le traitement par Oseltamivir doit être mis en route de manière précoce, dans les 48 heures qui suivent le contact infectant. Mais avant tout, je voudrais mettre l'accent sur la prévention. La politique de lutte contre l'épidémie doit s'orienter sur trois axes principaux : Premièrement, bien suivre la maladie, deuxièmement, mettre en place les bonnes pratiques de prévention — c'est-à-dire maîtriser la transmission du virus — et troisièmement bien prendre en charge les malades infectés. Un des principes reconnus pour le syndrome grippal est que le virus de la grippe condamne et c'est la surinfection qui exécute.
Le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a entrepris une campagne de sensibilisation pour le respect des normes de prévention de base comme le lavage fréquent des mains avec du savon liquide. Est-ce suffisant ?
Le médicament est généralement disponible mais lorsqu'il s'agit de prévention vous ne trouvez pas de produits aux normes. Il faut des solutions désinfectantes de qualité, répondant aux normes de la pharmacopée et non des produits cosmétiques. Certains produits désinfectants, mis sur le marché, ne répondent pas aux normes de la pharmacopée. Les protocoles de nettoyage des mains et de désinfection des mains doivent être respectés. Ainsi le séchage des mains à l'air chaud est actuellement proscrit, car il va mettre en suspension tout ce qu'il y a sur les surfaces. L'apparition de phénomènes épidémiques tel que le virus H1N1 met en avant plus que jamais l'absence de moyens adaptés à de bonnes pratiques préventives. Le virus H1N1 est résistant. il peut vivre dans l'eau 60 jours, sur les surfaces quelques heures, sur les mains pendant 5 minutes. Se laver les mains avec du savon liquide, c'est enlever les salissures. Ensuite, il faut obligatoirement se désinfecter les mains avec des produits qui répondent aux normes de la pharmacopée. Ces produits sont sur le marché, c'est une question de demande.
Ces produits répondant aux normes de la pharmacopée font cruellement défaut dans nos structures de santé. Celles-ci gèrent déjà de manière très dangereuse les déchets d'activités de soins.
Effectivement, il faut en finir avec la serpillière et le frottoir dans nos hôpitaux qui sont devenus totalement obsolètes en milieu de soins et ne permettent pas de lutter contre la transmission nosocomiale des infections. On doit passer au bio nettoyage des sols et surfaces, c'est-à-dire qu'il faut nettoyer et désinfecter. Actuellement on privilégie le bio-nettoyage vapeur, une technique tout à fait moderne qui permet de nettoyer et de désinfecter en une seule opération tout l'environnement domestique ou professionnel. Du matériel de qualité, validé et performant est disponible en Algérie. Le virus grippal, comme tous les microorganismes (bactéries, virus, champignons, spores...) à transmission aérienne se retrouve aussi dans l'air. Pour désinfecter l'air, il existe maintenant des unités mobiles ou fixes de décontamination de l'air qui éliminent en continu, sans présence humaine et sans produits chimiques, tous les microorganismes aéroportés ainsi que toute pollution gazeuse. Ce matériel fait appel à la photo catalyse et peut être utilisé en tous lieux où il y a des regroupements humains. Structures hospitalières et de soins, collectivités quel que soit le type (hôtels, internats, casernements, banques, administrations...) dans les moyens de transports sanitaires, collectifs. Des produits innovants, adaptés, brevetés sont proposés à l'Algérie. Il est temps et opportun de mettre en place et de mettre en œuvre les bonnes pratiques face à ce risque infectieux qui ne cesse de prendre de l'ampleur.
Les premiers décès liés à la grippe AH1N1v2009 sont identifiés. Les premiers décès de femmes enceintes sont déjà enregistrés. La campagne nationale de vaccination contre la pandémie AH1N1 qui va être lancée dans les centres de vaccination doit impérativement répondre aux normes internationales en termes de vaccinologie, de traçabilité, de surveillance des effets indésirables liés à cette vaccination. Cette action de santé publique, première du genre de l'Algérie, devra respecter l'environnement notamment dans son volet gestion des déchets d'activités de soins à risque infectieux ( DASRI). Sinon, ce sera catastrophique. Les filières sécurisées et normées d'élimination du piquant, coupant, tranchant dans les collecteurs dédiés ainsi que du DASRI mou dans des sacs dédiés (filière jaune identifiée par son logo risque biologique) doivent se conformer aux instructions ministérielles actuellement en vigueur depuis 2008. Dans le monde, cette pandémie de grippe A H1N1 a réveillé le spectre de la terrible grippe espagnole de 1918 : des millions de morts en quelques mois, sur tous les continents, sans prévention validée, sans vaccins efficaces ni traitements performants. Ce fut une hécatombe qui a durablement marqué les mémoires.


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