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Bethléem entre résignation et rêve d'exil
Territoires palestiniens
Publié dans Liberté le 23 - 12 - 2009

À Bethléem, l'armée israélienne n'impose plus — pour le moment du moins — de couvre-feu. Et ses soldats n'envahissent plus les rues et les maisons comme dans les années de la seconde Intifadha (2000-2004). Mais, depuis janvier 2004, un mur coupe la ville du monde extérieur. C'est dans ce ghetto, que les habitants de la ville de naissance de Jésus — fils de Dieu pour les chrétiens, Prophète pour les musulmans — s'apprêtent à passer les fêtes de fin d'année.
Chaque matin, Ramzi Salsa descend la rue Najajreh et se dirige vers l'imposante place de la Mangeoire. En cette période de fin d'année, les ruelles du vieux souk sont bondées et colorées. Les échoppes décorées et illuminées font oublier l'enfermement dans lequel vivent les Bethléemites, depuis qu'Israël a construit un mur de séparation en 2004.
Une imposante masse de béton qui les coupe du monde extérieur. Guide touristique officiel, Ramzi aime commencer sa journée en allant boire son café turc chez son ami Afteem, qui tient un petit restaurant, près de la Grande Place, coincé entre la Basilique de la Nativité, lieu de naissance de Jésus (fils de Dieu pour les 11 500 chrétiens de la ville, et Prophète de l'Islam pour 23 500 musulmans) et la mosquée Omar, inaugurée en 1957. Ramzi aime sa ville et son flot continuel de pèlerins qui se rendent au lieu saint : “Il y a de tout, dit-il, des chrétiens fervents, des musulmans curieux et des incroyants passionnés d'histoire sainte. Le 24 décembre à minuit, (ndlr : date de naissance du Christ) il faut voir ! Le monde entier a les yeux fixés sur nous. La place de la Mangeoire est noire de monde. Et les musulmans sont plus nombreux que les chrétiens.” Surtout les jeunes, ajoute Ramzi, “qui viennent là pour mater les filles”. Comment ne pas comprendre. La société palestinienne est tellement figée, étouffante, plombée sous les traditions, que les jeunes sont à l'affût de la moindre ouverture. “Et puis, fêter la naissance de Jésus, même si certains n'y croient pas trop, confie Walid, un chauffeur de taxi natif de Bethléem, c'est aussi l'occasion pour nous nous de faire l'unité entre les différents clans qui s'affrontent et minent notre société.”
Constat avéré ! Car entre les croyants et les laïcs, la Cisjordanie et Gaza, les musulmans et les chrétiens, les catholiques et les orthodoxes, les grandes familles et les gens du peuple, l'Autorité de Mahmoud Abbas et les islamistes du Hamas, on ne compte plus les schismes et les désaccords. Pour le plus grand bien de l'ennemi israélien, l'unité n'est pas le fort des Palestiniens. Ancien garde du corps de Yasser Arafat, Walid, crâne rasé et musculature impressionnante, le déplore et regrette son ancien patron, décédé en novembre 2004 : “Tous les Palestiniens respectaient le Vieux Lion. Son courage était reconnu dans le monde entier et il était le seul a pouvoir fédérer notre peuple. Un vrai caïd. C'est pourquoi les Israéliens l'ont éliminé et poussé le Hamas, qui ne jouit d'aucun crédit auprès des grandes puissances mondiales. Aujourd'hui, ils font la même chose avec Marwan Barghouti. Il est le seul qui pourrait négocier la cause d'un Etat palestinien. Or, Israël l'a jeté en prison en 2002. C'est bien la preuve que les Juifs ne veulent pas négocier. Avec les islamistes du Hamas, ils sont tranquilles. Leur intransigeance de reconnaître Israël justifie le refus d'entamer des pourparlers. En attendant, les Israéliens continuent de construire des colonies et des murs.”
Le Hamas ! Même s'il reste discret à Bethléem, il est présent. Vice-maire de la ville, George Saadé ne le nie pas : “Ici, dit-il, tous les partis politiques sont représentés.” Mais, quand on lui demande si l'antagonisme entre l'Autorité palestinienne qu'il représente et le parti islamiste est aussi féroce qu'à Gaza, l'élu botte en touche. “Ma tâche est de gérer ma ville, pas de m'occuper des problèmes politiques. Mon souci n'est pas le Hamas, mais l'occupation israélienne…” Même son de cloche pour Jihan Anastas, directrice du Centre de la paix. Inauguré en juillet 1999, ce superbe édifice qui occupe le côté est de la place de la Mangeoire a pour objectif de promouvoir la culture palestinienne dans le monde entier, et montrer que la Palestine c'est aussi une âme, des créateurs et des œuvres. Comme le vice-maire, la directrice du Centre ne veut pas s'étendre sur le conflit entre le Hamas et l'Autorité. Elle préfère mettre l'accent sur la paix, à laquelle, malgré tout, elle s'efforce de croire encore : “Si je n'y croyais pas, je démissionnerai immédiatement de mon poste, dit-elle. En 2004, j'ai travaillé au Parlement européen dans une opération de ‘lobying pour la paix' (promotion) avec Deby Lermann, une Israélienne qui déteste la politique guerrière et agressive de son pays. Nous formions un magnifique tandem. Je sais que derrière ce haut mur de béton où nous sommes enfermés, il existe des Israéliens qui, de l'autre côté, militent pour que nous puissions vivre dans un Etat palestinien viable.” Le mur ! sept à neuf mètres de béton, des couloirs grillagés, des portes électroniques et des militaires israéliens méprisants, qui décident ou non de laisser passer les Palestiniens ayant la chance de posséder un permis. La famille Ghattab fait partie de ce petit nombre d'heureux. Carlos, 48 ans, peut ainsi se rendre chaque jour à Jérusalem, contrôlée par les Juifs, pour y travailler.
Un précieux laissez-passer qu'il doit renouveler tous les trois mois : “À chaque nouvelle démarche, je tremble, explique cet électricien, père de quatre enfants, car Israël peut, sans raison, suspendre mon autorisation.” Un refus qui, le priverait de son salaire (1 000 dollars par mois) et plongerait les siens dans la précarité. Mais pour le moment, le couperet n'est pas tombé. Alors Carlos se lève chaque jour aux aurores (5h30 du matin) pour se rendre en taxi au point de passage. Il attend une heure au moins pour passer les contrôles, et reprend un taxi du côté israélien, pour rejoindre son entreprise. Un vrai parcours du combattant. Mille dollars par mois, Elias Taljieh en gagnait un peu plus avant 2004, lorsque le mur ne séparait pas encore Bethléem de Jérusalem. À cette époque, il était employé dans un grand hôtel de Jérusalem et son salaire de 1 300 dollars lui permettait de vivre décemment. Aujourd'hui, malgré plusieurs demandes, les Israéliens lui refusent le permis, sans raison apparente. “Il ne me fournissent aucune explication”, se lamente l'homme. Elias, sa femme et leurs quatre enfants vont vivre ces fêtes de fin d'année 2009 en souffrant. “Je ne vis que de la charité des services sociaux. Et mon loyer est payé par une institution religieuse. Au Moyen-Orient, pour les fêtes, on aime inviter la famille, les voisins, les proches. Mais avec moins de 350 dollars par mois et quatre enfants à la maison je ne peux rien faire. J'ai honte.” À l'université de Bethléem, Rana, 20 ans, n'a pas le moral. Etudiante en deuxième année de langue arabe classique, elle n'a pas eu cours aujourd'hui : “Il y a eu une discussion entre étudiants chrétiens et musulmans à propos de l'interdiction de construire des mosquées en Suisse. Rien de violent, explique la jeune fille, mais le prof a préféré renvoyer tout le monde à la maison, pour éviter les dérapages.” Rana en a plein le dos. Elle voudrait s'exiler dans un pays plus tranquille, en Amérique ou en Grande-Bretagne. Pourtant, elle aime sa ville : “Chaque fois que j'ai eu l'occasion de partir à l'étranger, j'ai reculé. J'irai bien étudier quelques années dans une université américaine ou européenne, mais après, revenir à Bethléem pour m'y fixer. Jamais, je ne pourrai me couper de ma famille et de mes amis.”


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