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63 familles libèrent le site du pôle universitaire
EL-AFFROUN
Publié dans Liberté le 08 - 07 - 2010

Soixante-trois familles résidant à l'intérieur du périmètre du pôle universitaire dont l'ouverture, pour une première tranche de la réalisation du projet (5 000 places pédagogiques et 2 000 lits, dans un premier temps, suivis de8 000 autres places et 4 000 autres lits), est attendue pour la rentrée prochaine, ont libéré, dernièrement, le campus pour s'installer dans la nouvelle cité des
230-Logements.
Tous les moyens matériels et humains pour une opération de déménagement dans la sérénité ont été mis en place par les autorités locales. Bus et camions du parc d'El-Affroun mais aussi de cinq communes de la wilaya de Blida ont été réquisitionnés à cet effet.
Pour le confort de ces familles relogées dans une première tranche de la nouvelle cité achevée en vue de leur recasement, les autorités locales ont encore veillé à la réalisation (avant l'emménagement de ces familles), par Sonelgaz et l'ADE, des derniers aménagements et commodités telles que l'eau courante et l'électricité dans les foyers ainsi que l'installation de projecteurs et lampadaires.
Toutefois, si pour un projet d'utilité publique d'une telle envergure (avec une capacité de 27 000 places pédagogiques et 18 000 lits, le pôle fera, humainement, figure de ville dans la ville d'El-Affroun) qui va rayonner sur toute la région et assurer une source considérable d'emplois, cette opération de délocalisation de familles rurales vers le centre urbain d'El-Affroun (une daïra de près de 45 000 habitants) est, en soi, une évidence et a été menée dans le calme, elle demeure un arrachement pour bon nombre d'entre elles (même si aucune famille n'est propriétaire des lieux), notamment pour les fellahs de l'EAC Abdallah-Abdelkader dont certains habitaient l'ancienne ferme coloniale Fortin. Peu près le départ des femmes et enfants, trois d'entre eux s'échinaient à récupérer ce qui pouvait servir avant que le bulldozer ne vienne tout réduire à néant : des balustres, des portes-fenêtres, des tuiles… L'un d'entre eux, les yeux brouillés de larmes, se confie : “Mon père a 96 ans, il a travaillé toute sa vie ici… D'abord, chez le colon, ensuite dans le domaine de l'Etat. Ce coin était un paradis, nous avons tout perdu. Nous sommes ruinés. Cela fait 30 ans que je travaille cette terre. J'ai 4 enfants dont un malade que je ne peux soigner par manque de moyens. Quand on n'a pas de métier et qu'il est trop tard pour retourner sur les bancs de l'école, de quoi vivre quand on ne sait que travailler la terre et que l'on ne l'a plus !” Un autre pointant le doigt vers cette terre sur laquelle pousse, désormais, le béton avec trois Chinois qui s'affairent : “Nos récoltes et nos arbres ont été sacrifiés depuis le début des travaux du campus universitaire. Nous avions 16 ha de beau raisin de table, 13,5 d'abricotiers et de pruniers, 1 ha d'oliviers entre autres. Nous avions des écuries, un puits creusé de nos propres mains. El-Affroun se nourrissait, en bonne partie, en fruits et légumes d'ici, en viande ovine et blanche, aussi.” Un troisième, visiblement abattu, se rapproche de nous : “Depuis deux ans, nous nous démenons avec un avocat pour être dédommagés. On (la direction de l'agriculture, le ministère) nous demande d'attendre. Nous avons beaucoup investi dans cette terre. Nous payions les impôts, les ouvriers et le bail concédé était pour 99 ans. Aujourd'hui, je n'ai pas de quoi payer la somme exigée par l'OPGI pour le logement.”
Ils devraient, tout de même, percevoir un jour, des indemnités d'éviction. Les pertes qu'ils subissent sont avec ce qu'ils évoquent inestimables quand on sait uniquement ce que coûte le forage d'un puits… Nous apprenons qu'au moment de partir, un homme a eu un malaise. Le déracinement sera sans doute dur à vivre. Pour les vieux, surtout.
Mais encore les femmes cloîtrées dans un minuscule appartement et les enfants parqués dans un espace réduit. Dans quelques jours, la ferme Fortin avec la maison coloniale et ses dépendances, mais encore les constructions qui ont été érigées autour, depuis l'indépendance, ne seront plus qu'un souvenir. On jette un regard sur de la glycine exubérante, de magnifiques eucalyptus, sapins, palmiers, oliviers et quelques arbres fruitiers, des treilles aux grappes généreuses, jasmin à l'abondante floraison… “Nous allons veiller à sauvegarder la verdure et ces arbres centenaires existant en les insérant dans les aménagements”, rassure M. Habbiche, chef de projet à la Dlep de Blida. À quelque 2 km, en aval, on s'affairait à emménager. Certains (certaines, surtout) sont grisés par la nouveauté, le confort d'un appartement avec la proximité de la ville et ses commodités. D'autres savent que le couscous et le linge étendus en plein soleil, l'avantage de disposer d'une cour, le grand air et les grands espaces, la vie des produits de la ferme et la bonne terre fertile gorgée d'eau sont à inscrire dans l'âge d'or d'un temps révolu. Après la moisson (les fellahs ont eu la promesse du chef de daïra, Mohamed Bencherchali, de temporiser jusque-là) et le bétail à écouler, les fellahs seront contraints à une “rurbanisation” forcée. Pour l'avenir, sans doute, de leur propre descendance, celui de 27 000 étudiants et du rayonnement d'une ville entière à attendre de la naissance de ce temple du savoir. Un mégaprojet qui fait déjà la fierté de la population d'El-Affroun et dont la longueur du mur d'enceinte sera de… 10 km.


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