Les Israéliens ont pavoisé après la victoire des républicains au Congrès. Ils se sont réjouis de la défaite d'Obama en qui ils ont vu, dès sa venue à la Maison-Blanche, un ennemi. En Israël, on lui reproche, en vrac, d'être allié des islamistes, de s'acharner sur le gouvernement Netanyahu pour le faire tomber, de prendre position contre les implantations de Cisjordanie, de se prêter au jeu de l'Iran et, enfin, de laisser la Turquie tomber vers l'islamisme ! La propension de responsables de ce pays à affubler le président des Etats-Unis du prénom Hussein en dit long sur le niveau des arguments employés. Avec le retour en force des républicains, Netanyahu pense que Washington va se résoudre à ne pas chercher à faire bouger des lignes politiques figées depuis 60 ans dans la région moyen et proche-orientale pour imposer une nouvelle doctrine qui tienne un peu compte des peuples arabes, des Palestiniens en premier lieu. Tout comme il est persuadé qu'Obama ferait dorénavant preuve de moins de prudence à l'égard de l'Iran. Israël piaffe d'impatience de tacler en touche le programme nucléaire iranien. Le ministre israélien des AE, un raciste notoire, veut en découdre avec “le régime terroriste de Téhéran”. Les ultras israéliens attendent avec impatience le nouveau chef de Tsahal, qui prendra ses fonctions en février 2011, un faucon proche de la droite religieuse et “nationaliste”. Netanyahu et les siens respirent d'autant qu'il avait été fait cas, il y a peu, d'un “plan secret” qu'Obama avait l'intention d'imposer dans la région. Les grandes lignes de ce schéma de paix ont été même éventées. L'idée force : imposer aux Israéliens les futures frontières de l'Etat palestinien. Ce plan a été dévoilé par le vice-président Joe Biden lors de sa visite en Israël en mars 2010 et confirmé depuis à plusieurs reprises par l'envoyé spécial de la Maison-Blanche au Proche-Orient, Georges Mitchell, à chacune de ses rencontres avec les dirigeants israéliens. Officiellement, Joe Biden était venu transmettre le veto américain à une aventure militaire israélienne contre l'Iran. Le plan a plongé dans la stupeur les dirigeants israéliens qui sont passés à la contre-offensive, ameutant les lobbys juifs aux Etats-Unis et des républicains avec lesquels ils ont toujours été en phase. Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, ne s'est pas opposé au projet et de toutes les manières, il est trop affaibli politiquement et trop isolé pour le rejeter. Obama l'a convaincu qu'un accord sur des frontières définitives est primordial pour débloquer les autres problèmes épineux, à savoir la question des réfugiés palestiniens et celle de Jérusalem. Pour appuyer sa conviction, Obama lui aurait même laissé entendre qu'en cas de refus de Netanyahu, il était prêt à prendre des mesures coercitives telles que la suppression de garanties financières américaines, la fermeture du marché américain et l'embargo sur la fourniture d'armement ! Des sources concordantes avaient annoncé que Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont été aussi mis dans la confidence. Selon le plan, Israël se retire sur les frontières de 1967, corrigées par la cession par les Palestiniens de 4% de leur territoire en Cisjordanie. Les contours de cette cession feraient l'objet d'une négociation tripartite. Les Américains se sont inspirés des négociations engagées entre Mahmoud Abbas et Ehud Olmert lorsque ce dernier était Premier ministre. Ehud Olmert s'était engagé à un accord sur la base du maintien de 6% de la Cisjordanie dans le giron israélien. Ce pourcentage incluait les parties juives de Jérusalem-Est et plusieurs implantations importantes. Cette proposition avait été repoussée par les Palestiniens qui n'acceptaient céder que 2%. Jérusalem-Est revient au nouvel Etat palestinien, à l'exception des quartiers juifs qui resteraient sous contrôle israélien. Les Palestiniens et les Israéliens partageraient la souveraineté du Mont du Temple sous l'égide d'un comité chapeauté par le Vatican. Et le président américain s'était donné un délai de quatre mois pour la fixation définitive des frontières qui donnera le signal à la création d'un Etat palestinien indépendant. Les émissaires d'Obama avaient également annoncé que celui-ci n'avait pas l'intention de s'arrêter en chemin puisqu'il devrait résoudre dans la foulée le problème du Golan qui devrait être restitué pour satisfaire les demandes syriennes. Netanyahou s'est défendu bec et ongles au nom de ces fameux principes de sécurité que met en avant Israël, pour fouler les résolutions internationales et tenir en échec le ras-le-bol de l'opinion internationale. Alors, que devient aujourd'hui le plan d'Obama ? Le président américain voulait même imposer la date butoir de fin 2011 pour la réalisation de son projet, compte tenu de l'élection présidentielle américaine, l'année suivante. Et il compte bien postuler pour un second mandat.