Le Maroc a choisi la date de l'ouverture du nouveau round de négociations avec le Polisario pour envahir un campement de civils sahraouis. Jusqu'à quand Mohammed VI continuera-t-il à se jouer de l'ONU et de l'opinion internationale ? Plutôt, jusqu'à quand bénéficiera-t-il du parapluie des Etats-Unis et de la France ? La date n'est pas fortuite. Hier matin, les forces de l'ordre marocaines ont donné l'assaut sur un campement de fortune sahraoui dressé près d'Al-Ayoune au Sahara occidental ! Au même moment s'ouvrait à Manhasset, aux Etats-Unis, le nouveau round de négociations sur le dossier. Marocains et Sahraouis devaient se rencontrer sous les auspices des Nations unies et en présence de l'Algérie et de la Mauritanie, en leur qualité de pays voisins. Les Sahraouis, qui n'ont cessé de faire preuve de disponibilité, accompagnaient la reprise des pourparlers de Manhasset par une vaste Intifada pacifique en se regroupant dans des camps de fortune. C'est la plus importante manifestation depuis 35 ans au Sahara occidental. Les autorités marocaines, bien que prises à partie sur la question des droits de l'Homme dans les territoires occupés, qui fait aujourd'hui le tour du monde, à la faveur notamment du combat de la dignité de la Gandhi sahraouie qui n'a cessé d'alerter sur la dégradation continue d'une situation qui fait craindre le pire pour la population civile livrée pieds et poings liés à la barbarie coloniale, n'en continuent pas moins dans leur fuite en avant. En réalité, le Maroc n'a jamais changé de politique. Sa stratégie est la même depuis le début : pas de solution hors de la marocanité du territoire sahraoui ! C'est pourquoi, il ne faut pas s'attendre à des miracles. Au mieux, le Maroc et le Front Polisario se quitteront aujourd'hui avec la promesse de se revoir à la satisfaction de l'ONU dont la responsabilité est entière dans ce dernier cas de décolonisation. D'ailleurs, force est de constater que tous les efforts du secrétaire général de l'ONU sont de cultiver le statu quo, puisque Ban Ki-moon est arrivé au point d'exhorter les deux belligérants à faire preuve de génie pour s'entendre et sortir de l'impasse ! La formule “trouver un terrain d'entente” est en soi déconcertante dès lors que l'ONU a elle-même tracé la voie de la décolonisation de ce pays riche en phosphate, en poissons et en pétrole off-shore. Et pourtant, le placard de l'ONU est plein de résolutions traduisant le droit à la décolonisation pour le peuple sahraoui. Alors Manhasset ne pourra ressembler qu'aux discussions qui avaient précédé en février à Armonk, dans l'Etat de New York. Les parties en conflit s'étaient quittées sur un échec, le Maroc persistant dans sa posture néocolonialiste. Pour Rabat, les négociations ne sauraient être qu'une procédure devant légitimer son diktat. Si l'absence de perspective de règlement juste et définitif de la question persiste, les Sahraouis reprendront les armes. La menace a été proférée par le secrétaire général du Polisario, président de la RASD devant le Parlement français où il a fait état de l'injustice coloniale qui frappe la dernière colonie africaine. Sarkozy a-t-il reçu le message ? Pas sûr, lui qui investit aujourd'hui le Sahel à la faveur de l'Aqmi. Un abcès de fixation aux portes du voisin algérien a toujours été la stratégie des pays de la région et de leurs alliés les puissances étrangères, dont la France particulièrement. Quant aux Etats-Unis, il est évident qu'ils ne se contentent pas d'être le lieu des discussions. Washington est toujours complaisant à l'égard du Maroc. Comme il y dispose suffisamment d'atouts pour conduire les Marocains à de bonnes disponibilités.