Le pouvoir politique algérien, dans les années 2000, a tout misé sur les investissements directs étrangers (IDE) pour relancer l'économie nationale. L'espoir et les attentes de ces apports extérieurs, notamment en provenance des pays arabes et du Golfe, ont suscité beaucoup d'enthousiasme. Selon certaines sources, au cours des cinq dernières années, près de la moitié des investissements étrangers déclarés en Algérie entre 2002 et 2007, (562 projets recensés), 244 sont d'origine arabe, soit près de 50%. En termes d'enveloppes financières, sur les montants engagés par les investisseurs étrangers qui ont totalisé 687 milliards de dinars, 413 milliards de dinars provenaient des pays du golfe qui disposaient d'importants surplus financiers liés aux recettes pétrolières. En 2008, selon l'ANDI, les IDE ont dépassé les 6 milliards d'euros et les pays arabes sont arrivés en tête dans la répartition par région des investissements étrangers hors hydrocarbures avec 5 milliards de dollars, suivis de l'Europe (3,4 milliards de dollars), de l'Asie (800 millions de dollars) et des Amériques (390 millions de dollars). Dans le même temps, les autorités algériennes ont initié des opérations de privatisation des entreprises publiques économiques, considérant que ces dernières étaient “inaptes” à s'adapter aux exigences et à la flexibilité de fonctionnement de l'économie de marché. Le secteur privé productif national, quant à lui, a été marginalisé, pour ne pas dire abandonné à son sort, en faveur d'un développement inconsidéré de la sphère spéculative, dans un marché complètement débridé et dopé par des importations tous azimuts. Cette approche économique, qui a été pilotée par l'ancien ministre de la Privatisation et de la Promotion des investissements dans le secteur industriel notamment, a, l'on se souvient, suscité beaucoup de réserves et de critiques, aussi bien de la part d'une grande partie de la classe politique, que celle des experts des questions économiques et sociales. Ces derniers ont estimé que non seulement l'investissement étranger n'était pas la “panacée”, mais qu'également, la démarche qui a été entreprise par les pouvoirs publics en sa direction, a manqué de lisibilité et, dans certains cas, de transparence dans les conditions de passation des contrats relatifs à sa mise en œuvre. Aussi, l'on a assisté à des hésitations, des avancées et des reculs, sans que pour autant l'économie nationale n'ait été relancée de façon significative, et d'aucuns ont évoqué la “panne” de vision stratégique et cohérente du développent économique en général et du secteur industriel en particulier. Depuis 2008-2009, l'avènement de la crise financière internationale et son impact sur les économies réelles, ont donné un coup de frein aux flux financiers internationaux. Notre pays n'a pas échappé à cette situation de gel de ces flux à l'échelle mondiale. Ainsi, selon le chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI), Joël Toujas-Bernate, l'Algérie aurait enregistré une baisse des investissements étrangers de 60% en 2009 par rapport à 2008. Par ailleurs, le rapport de l'Observatoire des annonces d'investissements et de partenariat en méditerranée (Anima MPO), affirme pour sa part, que les investissements directs étrangers en Algérie ont chuté de plus de 50% entre 2008 et 2009. La situation spécifique de l'Algérie en matière de “climat des affaires” et des “contraintes” liées au nouveau cadre juridique régissant l'investissement étranger introduit par la loi de Finances complémentaire au titre de l'année 2009, ont pu, effectivement, inciter les firmes étrangères à la prudence, parce que mal compris, ou pas suffisamment explicités par les institutions en charge de cette mission. Cependant, cette observation est à nuancer, dans la mesure où beaucoup d'autres pays, tels que le Maroc, l'égypte ou la Tunisie dans une moindre mesure, pour ne citer que ceux-là, pourtant considérés comme une destination traditionnelle et privilégiée des capitaux occidentaux délocalisés, ont connu à leur tour un important recul des IDE en raison de la crise financière et économique qui prévaut en Occident. En vérité, ce ne sont pas fondamentalement les 49/51% qui posent problème, ni même les autres mesures, comme par exemple, l'obligation faite aux entreprises étrangères de financer leurs projets d'investissement en dinars via les banques algériennes, et sous certaines conditions, par le Fonds national d'investissements essentiellement pour les opérations réalisées dans le cadre du partenariat. Au demeurant, beaucoup de nos partenaires extérieurs, tenant compte de l'importance du plan d'investissements 2010-2014 (286 milliards de dollars), - realpolitik oblige- reconnaissent le bien fondé ainsi que le caractère souverain des décisions prises par l'état algérien dans le cadre de la nouvelle politique économique amorcée par les lois de Finances complémentaires 2009-2010 ; et marquent leur volonté de participer à la réalisation des programmes de développement et de consolidation de la croissance durant le quinquennat prochain. Qu'il s'agisse des états-Unis, de la France, de l'Allemagne, de la Chine, ou du Japon, il reste pour les décideurs de tenir compte de certaines appréhensions en apportant les correctifs nécessaires et en explicitant leur approche pour rassurer et attirer les capitaux étrangers qui désirent réellement exploiter les avantages comparatifs que notre pays leur offre dans l'esprit d'un partenariat “gagnant, gagnant”. Les conditions de l'amorce d'une nouvelle dynamique d'attractivité des investissements étrangers pourraient alors progressivement se dessiner.