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“J'ai cru mourir en séquestration”
ABDELBAKI DJABALI se confie à Liberté
Publié dans Liberté le 01 - 10 - 2003

Durant cinq jours, la vie et la mort se sont disputé son destin. Nous l'avons rencontré, hier, sur son lit d'hôpital à Annaba, où il était toujours en observation. Deux policiers veillent sur lui, à l'entrée du bloc des urgences du CHU. Allongé, la barbe poussant de ses poils grisonnants, il scrute le plafond dans l'impatience de rejoindre son domicile. Il devrait, pour cela, attendre les résultats de l'analyse toxicologique effectuée non loin de là. Avec plus de détails, celui dont les médecins disent avoir subi un “traumatisme aigu” raconte son calvaire, une histoire d'enlèvement semblable à celles, nombreuses, dont les rebelles colombiens se sont rendu les tristes auteurs.
Une histoire aussi, faut-il le reconnaître, qui ne fait pas l'unanimité dans cette ville de l'Est algérien.
Quelle version croire ? Et quelle piste privilégier ?
Abdelbaki Djabali s'est réveillé, dimanche, vers onze heures, sur un lit, dans une chambre de l'hôpital Ibn-Rochd. À demi-conscient, il promène le regard et découvre, la vue flouée par le stress, le ventre déchiré par la peur, des têtes alentours. Il revenait à la vie après cinq jours d'enlèvement, de séquestration.
Quelques heures auparavant, dans l'aurore automnale de Annaba, il courait, dans une atmosphère de confusion et de soulagement extraordinaire, droit devant lui, criant à qui pouvait l'entendre : “Je suis journaliste ! Je suis journaliste !” Le temps de supplier de l'aide, il s'effondre et sombre dans l'inconscient. Ses ravisseurs avaient décidé de le libérer au terme d'une atroce opération de kidnapping et de torture, surtout morale. “Je n'en croyais pas mes yeux”, commente le journaliste, chef du bureau d'El Watan, dans une cité où le mot mafia a su résister au régime qui l'a rendue possible et au terrorisme qui n'a jamais daigné la combattre. “J'étais perdu dans mes pensées, croyant à la fois à ma libération et à mon inexorable mort.” Les ravisseurs, sûrs de leur coup, ont pris et le soin et le temps de l'égarer, dans la nature, dans son esprit, dans sa propre vie, dans son métier peut-être. Djabali était donc confus. Ses pieds et ses mains n'étaient plus liés, sa bouche a été débarrassée du bâillon qui l'étouffait et ses yeux du bandage qui l'aveuglait. Il courait, fou de joie et d'espoir, mais fou d'inquiétude également : ils allaient, pensait-il, assurément lui tirer une balle dans le dos et le laisser gisant sur le sol froid de la cité Elysa. Avant de le relâcher, ils l'ont sommé de ne plus s'aventurer à fouiner dans ce qui ne le regardait pas, sous peine de le liquider, pour de vrai cette fois. Tout au long de sa séquestration, Abdelbaki n'a rien vu, n'a rien su de ses ravisseurs. Ils n'ont pas été bavards avec lui, ce qui laisse à croire qu'ils ont organisé leur opération de manière à ne laisser aucune trace ni aucun indice.
Mardi 23 septembre, en milieu de journée, sur sa route vers une des agences de la CNEP, le journaliste soupçonne une filature. Il en fait état à un des ses copains qui vient l'accoster à l'agence. “C'est juste une impression !”, tempère ce dernier. En arpentant la belle allée du Cours de la Révolution, l'impression persiste. Abdelbaki Djabali a cédé sa voiture à son fils et celui-ci est absent au rendez-vous. Il marche donc, marquant fréquemment des arrêts pour saluer ceux-ci et palabrer avec ceux-là. Et l'impression se renforce encore davantage. Jusqu'au moment où, au détour d'une rue, il voit, stupéfait, orientée vers ses yeux comme pour le guetter puis l'arroser, une bouteille de gaz lacrymogène ; il découvre également la poitrine large d'un homme dont la taille devait être grande. Aveuglé, asphyxié, il se laisse aller dans la voiture, “couché sur le plancher, au pied d'un homme silencieux.” Apeuré, ahuri, il entend les crissements de ce qui “devait être du chatterton ou du sparadrap”. “Si tu bouges, on te jette par dessus la fenêtre, ici même”, avertit l'homme, sentencieux. La victime commence à faire ses prières. Elle a désormais les yeux bandés, les mains ligotées, la bouche bâillonnée et les pieds liés. À l'intérieur du véhicule, motus ! Toujours couché sur le plancher, et après un laps de temps qui lui a paru une éternité, Djabali entend le bruit d'un rideau qui s'ouvre. Il croyait assister, impuissant, à la fin de son séjour sur terre, se rappelle-t-il.
Dès l'arrivée, il est jeté à même le sol dans cette situation inconfortable. Il attendait des signaux qui ne viennent pas. Où était-il ? Dans quel endroit de la ville ? “Je ne saurais le dire, répond-il. Les ravisseurs ne disaient absolument rien.” Tellement rien qu'il fut soulagé d'entendre enfin l'un d'entre eux interroger sarcastiquement : “Tu es le spécialiste des dossiers ?!” Depuis, et pendant toute la durée de l'enlèvement, le silence. Le silence pesant dont la signification peut-être “on ne sait quoi faire de lui” ou, au contraire, “on a tout le temps pour s'en occuper”. Abdelbaki reste dans le noir, perdant la notion du temps et celle de l'espace. “L'endroit où j'étais séquestré devait être fermé, sans ouverture, il s'en dégageait une odeur puante et je n'entendais pas de bruit”, affirme-t-il. Il avait la ferme conviction que sa vie s'arrêterait là, d'un moment à l'autre. Il y croyait si fort que, lorsqu'on l'obligea à boire un liquide à l'“arrière-goût de poison”, il était encore soulagé de penser à une mort rapide. “Autant le faire vite”, espérait-il. Il plonge dès lors dans un état d'enivrement, ne sachant plus ce qui se passait. Jusqu'au moment de la délivrance...
L. B.
Les Résultats de l'enquête Judiciaire dans “Quatre ou Cinq Jours”
Les résultats de l'enquête déclenchée par la police judiciaire de Annaba sur l'enlèvement — certains préfèrent parler de “disparition” — de notre confrère Djabali seront connus dans “quatre ou cinq jours”, selon un élément de la police locale. Ce dernier, contacté, hier en fin d'après-midi, a indiqué qu'un communiqué sera rendu public à ce moment-là.
L. B.
Djabali rentre chez lui
Notre confrère a rejoint, hier, en fin de journée, son domicile, après un séjour de trois jours au CHU Ibn-Rochd de Annaba.
L. B.
COMMUNIQUE DU SOIR D'ALGERIE
Aujourd'hui, vers 12 heures, Fouad Boughanem, directeur du Soir d'Algérie, a été une nouvelle fois interpellé par la police de Zerhouni à l'entrée de la Maison de la presse Tahar-Djaout, à Alger, pour être conduit au commissariat central et relâché ensuite. Cette nouvelle arrestation confirme, si besoin est, la volonté du clan présidentiel de poursuivre son acharnement contre la presse indépendante et contre les libertés.
Nous alertons, une fois encore, l'opinion nationale et internationale sur le climat de pression qui s'exerce quotidiennement contre une presse dont le seul tort est de faire son métier, celui de dire la vérité.


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