L'ancien secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, a fait un constat accablant sur le président Bouteflika et le système. Invité au quotidien El Khabar, le SG débarqué en 1996, a estimé que le discours du président émane d'une absence de dialogue. Il déduit cette conclusion à travers l'ignorance du président des revendications d'un changement. C'est un choix, une option univoque. Cela participe, selon lui, de la volonté du système de changer dans son propre cercle. D'où l'absence de dialogue auquel Mehri a appelé dans sa lettre qu'il a envoyée au président. “Bouteflika n'a pas suivi le véritable sens”, a-t-il déclaré. En niant l'existence de crise politique, ce que M. Mehri qualifie d'aveuglement ou d'ignorance de la réalité du pays, le système “veut s'autoréformer avec ses propres outils”. Cela apparaît, selon lui, dans le discours que “le système démontre qu'il est sous l'influence du travail dans les limites de son cercle”, ce qui est le principal problème. Visiblement déçu par le contenu du discours de Bouteflika, Abdelhamid Mehri avertit qu'en cas de lutte au sein du système, la solution est dans “le projet démocratique”, l'ouverture, le dialogue qui réponde aux aspirations du peuple. “Qu'ont-ils à perdre ces responsables (du système) dans le véritable changement ?”, s'est-il demandé. Ou alors, a-t-il supposé, l'assertion qu'il n'y a pas de crise politique renvoie au système lui-même où les clans ne sont pas en conflit interne. Il a, par ailleurs, mis en exergue la faiblesse et le recul de la diplomatie algérienne qui n'a pas pu réagir comme il se doit dans l'affaire de la Libye. D'abord, il a mis l'accent sur le fait que le “régime de Bouteflika n'a rien fait pour stopper Kadhafi”. Concernant les accusations du CNT au sujet des mercenaires et du soutien militaire à Kadhafi, il a clairement déclaré que si c'est le cas, ce serait une erreur, dans le cas contraire c'est “une double erreur”. D'ailleurs, a-t-il relevé, l'Algérie n'a rien fait pour arrêter Kadhafi qui, par ses pratiques, donne la plus mauvaise image du monde arabe. Bouteflika pouvait interpeller Kadhafi directement ou par le biais de la Ligue arabe et l'informer que ses pratiques pourraient justifier les agissements d'Israël contre les palestiniens. En plus de la critique, l'appréciation de Mehri, ancien ambassadeur d'Algérie en France, remet en cause le bilan diplomatique de Bouteflika qui prétend avoir rétabli l'Algérie dans sa place dans le concert des nations avec tout ce que cela sous-entend comme poids et influence. Quant au FLN, dont il reste un simple militant, il a considéré qu'il était inutile actuellement pour la scène politique que nous voulons construire. Où est donc la solution ? Dans sa lettre qui n'est pas “une recette pour le changement mais une voie pour le réaliser”. Mehri reste, en définitive, optimiste malgré sa déception mais surtout le tableau noir qu'il dresse de la situation “dangereuse” du pays.