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Pourquoi j'ai décliné l'invitation de M. Bensalah ?
Djilali khellas à liberté
Publié dans Liberté le 23 - 06 - 2011

En septembre 2008, j'ai rendu visite à Réda Malek. Merzak Bagtache m'avait dit qu'il était malade. Dieu merci, j'ai trouvé l'auteur de Révolution et tradition en bonne forme. Après avoir pris des cafés ensemble, j'informais Réda Malek que j'étais invité par la Fondation de la Foire du livre de Turin. Il sourit et me dit : “Est-ce que tu passes par Rome ?” Je lui réponds : “Evidemment. Je suis même invité par mon ami Amara Lekhos, (célèbre romancier algérien d'expression italienne)(1).” Réda Malek me dit tout de suite : “Alors, va voir la cellule où Jughurta a été assassiné, c'est dans les caves est du Colisée.” À la fin de la Foire du livre, j'ai pris l'Eurostar (TGV) Turin-Rome. Je suis resté cinq jours à Rome, dont trois chez Amara Lekhos. Nous avons dîné avec Isabella Camera d'Afflito, la célèbre orientaliste italienne. Elle avait ramené avec elle une amie (Francesca) qui travaillait au MAE (italien). J'ai demandé que quelqu'un de mes trois amis m'accompagne au Colisée pour voir la cellule de Jughurta. Francesca, qui avait une journée de repos (le lendemain), s'y proposa avec une joie d'enfant.
Comme m'a dit Réda Malek, j'ai trouvé la cauchemardesque cellule. Au fond, une inscription de triste réputation : “Ici est mort Jughurta, le prince de Berbérie.” Après un instant d'étonnement et de frayeur, la chair de poule colora mon visage. Mon corps commença à trembler comme un arbrisseau secoué par un violent vent d'automne. Puis, des larmes lavèrent mes joues... Des larmes tellement denses que Francesca, elle-même, commença à pleurer, à sangloter. L'agent de sécurité, qui nous avait montré la cellule en nous traduisant, en même temps, la triste inscription (elle est en latin), était très ému (a-t-il pleuré ? Je n'y avais pas prêté attention).
Je vous ai raconté cette histoire, chers lecteurs, parce que M. Abdelkader Bensalah, président de la Commission des réformes politiques, m'a invité, par le biais de l'un de ses assistants, à passer devant “sa commission” pour donner des propositions ou discuter “les réformes politiques” que M. le président, Abdelaziz Bouteflika, compte apporter au “système” institutionnel de l'Etat algérien.
À M. “l'assistant”, je présente mes excuses pour la violence de ma réponse téléphonique. Il est peut-être un cadre intègre et nationaliste.
Après “les bonjours” (il a bien dit : “Massaâ el-kheïr”), je pose à mon interlocuteur la question d'usage : “À qui ai-je l'honneur ?” Il me répond : “Ici, la présidence de la République. Commission des réformes politiques. M. Abdelkader Bensalah vous invite, comme personnalité nationale, à vous présenter aux ‘"mouchaouarate" pour donner (le mot est de l'assistant) vos propositions.” Je me donne une seconde de réflexion : “Moi personnalité nationale ?” Puis, je lui réponds (en parlant très vite… Ma colère commença à monter) : “Non Monsieur! Je ne suis pas une personnalité nationale. Je ne suis qu'un pauvre type, retraité, père de quatre enfants. Je suis même grand-père. Dites à Si Bensalah que je refuse. Je ne peux accepter son invitation.”
M. l'assistant me répondit poliment : “D'accord M. Khellas, assaâda Allahou messaakoum.” (bon après-midi).
Quelques secondes après avoir raccroché, une soudaine crise de nerfs me fit trembler de la tête aux pieds. Je décroche et j'appelle le même numéro. Le même type me répondit poliment : “Ahla Si Djillali” et un torrent de mots envahit mon mobile (et le sien) : “Pourquoi vous fermez les bars ? Pourquoi vous frappez et emprisonnez les prostituées ? Demain, des voyous vont frapper, dans la rue, ma femme, mes filles, toutes les filles d'Algérie...” Et j'ai raccroché.
Je reviens à Jughurta pour que les chers lecteurs me comprennent. Après dix-sept ans de lutte, de combats acharnés contre les horribles colonisateurs romains, son beau-père Boukhos, roi des Maures (de Fès à l'Atlantique ou le Maroc actuel), lui dit : “J'ai accepté de combattre, à tes côtés, ces salauds de Romains !”
Avant, il avait toujours refusé de rallier l'idée de son beau-fils Jughurta. Il a même poussé “la méchanceté” jusqu'à lui “enlever” sa femme (fille de Boukhos) durant les cinq dernières années de “guerre de Jughurta”, comme l'a écrit Saluste dans sa belle biographie du prince de Berbérie.
Aimant sa femme passionnément, Jughurta accepta de dîner chez Boukhos. Il fallait qu'il récupère cette belle épouse qui l'aimait et qui avait toujours soutenu son noble combat. Le pauvre Jughurta ! Dès que le dîner commença, des dizaines de soldats romains sortirent de derrière les rideaux du salon de Boukhos ! Dans un dernier élan de bravoure, notre héros voulut tirer son épée. Merde, elle n'était plus sur lui. Boukhos l'avait tellement mis en confiance qu'il avait déposé son épée près de la porte du salon. Le reste de l'histoire est : “Ici est mort Jughurta, le prince de Berbérie.”
Jughurta est mort pour la Berbérie. Le noble fils de Cirta (Constantine) est mort pour sa femme !
La femme de l'Emir Abdelkader (sa cousine et première femme) l'a suivi dans sa prison d'Ambroise (France) alors que les généraux coloniaux lui ont dit : “Tu es libre. Tu peux vivre librement en Algérie.” Djamila Bouhired, Hassiba Ben Bouali, Malika Gaïd, Fatma Khellas, Louisa Ighilahriz et toutes les moudjahidate ou martyrs (que Dieu les bénisse) ont préféré suivre les Boudiaf (Si Tayeb), les Réda Malek, les Abane Ramdane, les Larbi Ben M'hidi ou Si M'hamed Bouguerra...
Que les vrais moudjahidine, encore vivants, m'excusent si je ne peux citer tous leurs noms. Que les veuves et les fils et filles propres des chouhada m'excusent si je n'ai pu citer les noms de leur père ou mère (chahidate).
Quel est “l'homme au pouvoir” qui peut faire mieux que Hassiba Ben Bouali ? Quelqu'un qui s'assoit sur un “koursi sahir” (siège magique) qui lui “procure” l'argent et les plaisirs des Mille et une nuits peut-il accepter de mourir pour “la cause nationale” ou “la pauvre Algérie” d'aujourd'hui, à “la façon” de Hassiba Ben Bouali, Ali La Pointe et “Petit Omar” ?
Josie Fanon, cette Française, digne fille de la “Révolution de 1789”, a rejeté sa nationalité, nié “sa mère la France'' et a choisi la “justice” aux côtés de son mari, Frantz Fanon, et les révolutionnaires de Novembre 1954.
En 1989, trois jeunes “barbus à la zébiba” l'agressèrent en pleine place Emir-Abdelkader (quelle lugubre coïncidence !). Ils ont “rempli son beau visage de crachats gluants puis lui ont donné de durs coups de pied.” Quelques “vieux” passants et moi la sauvèrent. Elle s'est relevée péniblement mais dignement. À un vieux retraité qui voulait aller chercher sa voiture pour la transporter à l'hôpital, elle a dit : “Merci, merci beaucoup. Ce n'est rien”, et elle est repartie chez elle !
Trois jours après, j'ai vu sa photo dans tous les journaux algériens : “Elle s'est suicidée !”
C'est à ce moment-là que j'ai compris le drame ! Et quel drame. Mon Dieu, faites que “ces années 1988-2000” ne reviennent plus ! Que les terroristes et tous les extrémistes soient à jamais damnés sur terre !
J'ai beaucoup écrit, ces derniers mois, sur la fermeture arbitraire des bars et discothèques, sur le “lynchage” des prostituées par des gendarmes et policiers (Algériens ? musulmans ? J'en doute !) sur “l'encouragement des gens du pouvoir” fait à des voyous pour attaquer “les Espaces de Liberté” (j'utilise bien les majuscules), sur ce zèle de responsables “irresponsables” qui veulent à tout prix “appliquer” la chariaâ ! savent-ils que le Soudan a appliqué la même chariaâ, la même politique extrémiste et fasciste ? Résultat : le pseudo Etat soudanais, qui a déjà perdu son “Sud” va certainement perdre “Abyie et le Darfour !”
Je n'aime pas les faibles, les extrémistes, les mauvais lecteurs de l'Histoire, les politiciens incultes, les pseudos-chefs de parti au front orné par une zébiba, “les lécheurs de souliers” (même si ces souliers appartiennent à Meryl Streep !) et surtout, surtout ceux qui — par leur irrationnalité, leur aveuglement, leur avilissement, etc. — surtout, surtout ceux qui mènent l'Algérie (le savent-ils ?) directement à la situation (ô combien horrible et douloureuse !) soudanaise ?
Un bar ou une discothèque est un “Espace de Liberté” (les services secrets du monde entier le savent !) Je ne défends pas les boissons alcoolisées. Je défends la liberté de culte, la liberté d'expression (le meilleur lieu de cette dernière est “le bar” !). Boumediène, Chadli, Boudiaf, le quatuor du HCE, Ali Kafi et Liamine Zeroual n'ont fermé aucun bar (réglementé).
Si on a fermé, depuis 2009, quelque 3 500 débits de boissons, c'est qu'un “vent fasciste, diabolique et anti-algérien” est en train de balayer “les beaux jours” de l'Algérie unie et fière.
Frapper et emprisonner “une femme au bar” sous prétexte de “prostitution”, c'est préparer la route aux voyous pour frapper, à tout moment, nos femmes, nos filles, toutes les belles filles d'Algérie, comme Josie Fanon ou cette amie Magistrate (avec majuscule !) “massacrée” il y a quelques jours à Bab-Azzoun (cœur de la capitale !) Seuls les passants qui l'ont sauvée, en ce vendredi 27 mai 2011, en savent quelque chose.
A-t-elle porté plainte contre X ? A-t-on jamais trouvé ce X depuis 1962 ? Chez nous, on l'appelle bien le X faible ! Et le faible doit-être écrasé... parce qu'il s'appelle “femme !”
Les plus grands “oulémas”, historiens musulmans et non musulmans, disent que Haroun Errachid a été le plus grand empereur musulman de tous les temps. Abou Nouas, ce poète du vin et du sexe, n'était-il pas son proche conseiller et intime ami ? Et puis, comment expliquer que ce grand Omar El-Khayam, le plus grand poète du vin de tous les temps, soit né, ait vécu et déclamé ses poèmes dans la terre de l'Islam ? Que pourrai-je ajouter de plus ? Y a-t-il quelqu'un dans “la commission Bensalah” qui connaît Haroun Errachid, Abou Nouas et Omar El-Khayam ?
Pour tous ces motifs et d'autres, je décline votre invitation Monsieur Bensalah.


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