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“L'histoire de l'immigration algérienne en Europe reste à écrire”
L'historien Benjamin Stora à “LIBERTE”
Publié dans Liberté le 07 - 07 - 2011

Liberté : Benjamin Stora, c'est un véritable plaidoyer pour ce qu'a réalisé l'immigration pendant la guerre d'Algérie que vous venez d'exposer ici à Bruxelles à l'occasion de la commémoration de l'Indépendance de l'Algérie...
Benjamin Stora : Oui, tout à fait, parce que le rôle de l'immigration algérienne en Europe est assez peu connu dans le fond, ce qui est normal car il faut sans cesse entretenir la mémoire qui a tendance à se diluer, se disperser et se perdre, surtout si elle n'est pas transmise par le biais des manuels scolaires en France ou en Algérie. Il faut, chaque fois, se rappeler, transmettre et mettre les choses en perspective. C'est ce que j'ai essayé de faire en mentionnant les origines de l'idée nationale indépendantiste portée par l'immigration ouvrière algérienne en France en particulier dans les années de l'entre-deux guerres et de l'après-Seconde Guerre mondiale.
Précisément, vous évoquez le fait qu'en Belgique, par exemple, on connaisse très peu ce phénomène historique mais n'y a-t-il pas dans la structure même de la Fédération de France qui considérait la Belgique comme un appendice de ce qui se passait dans l'Hexagone, une source d'explication de cette méconnaissance de l'apport du rôle de l'immigration algérienne et des réseaux de soutien belges à la lutte de Libération nationale ?
ll Tout d'abord, il y a le poids écrasant de l'immigration algérienne en France. La présence, le nombre, l'enracinement des cadres ouvriers, les appartenances syndicales et politiques ou culturelles font qu'il y a une présence écrasante de l'immigration algérienne en France. ça c'est un fait historique. Le second aspect, qui est compliqué dans cette histoire de l'immigration algérienne, c'est que les immigrés algériens vivant en Belgique pendant les premières années de la guerre ont été Messalistes. Et il y a eu une bataille très dure, très violente, entre les Messalistes et le Front de libération nationale dans les années 1955, 56 et 57. Tout cela a incontestablement laissé des traces et puis bien sûr, tout le monde est passé du côté de la Fédération de France du FLN dans la seconde partie de la guerre. Voilà un aspect qu'il faut intégrer dans la faiblesse de transmission. Le troisième aspect, qui intervient pour expliquer cette faiblesse, tient au fait que la Belgique pendant très longtemps n'a pas regardé son immigration maghrébine et plus particulièrement son immigration algérienne qu'elle n'a pas observé et dont elle n'a pas tenu compte. C'était une immigration de travail qui n'avait pas pour objectif de rester, considérée comme transitoire et précaire. Sans voir en réalité que cette immigration était appelée à rester, à durer à s'enraciner notamment par l'intermédiaire de ces enfants qui sont nés en Belgique et qui ont grandi ici. Il y a donc une faiblesse de transmission qui vient des sociétés d'accueil qui n'ont pas voulu assumer cette histoire. Ce phénomène migratoire sous-évalué par les intellectuels, l'école, la grande presse. Si on additionne ces trois aspects, l'écriture de l'histoire de l'immigration algérienne en Europe reste à écrire...
Vous évoquiez précédemment le fait que les manuels scolaires ignorent cette immigration algérienne qui, du reste, en Belgique, demeure très marginale par rapport à ce qu'on connaît en France. Mais comment inciter pour que des ouvrages soient consacrés à ce phénomène migratoire pour faire en sorte que les jeunes soient davantage sensibilisés à cette question ?
ll J'ai interviewé, il y a peu, la présentatrice du Journal télévisé belge, Hadja Labib, qui m'a précisé qu'elle avait participé à l'un de vos cours à Paris et que vous l'aviez interrogée sur les harkis et elle m'a confié qu'elle était “toute bête” face à cette question car son père ne lui avait jamais parlé de cela... C'est encore une autre difficulté. Celle de la faiblesse de transmission du père. Le silence du père qu'on peut expliquer de différentes manières. Des affrontements entre eux dont j'ai parlé précédemment mais il n'y a pas que cela. À l'origine, c'était une immigration de travail qui n'avait pas d'intellectuels, ceux-ci n'allant émerger que plus tard.
Donc, c'est une immigration écrasée socialement et cette immigration avait placé tellement d'espoir dans le “retour” que l'établissement du type de régime politique qui va s'installer plus tard en Algérie les décevra. L'addition de tous ces facteurs produit du silence et à partir de là les jeunes générations doivent tout recomposer par elles-mêmes, mais ça commence. Il y a maintenant une volonté très nette de connaître la filiation, la généalogie. Comment elle se fabrique et comment elle s'inscrit. Ce mouvement qui commence aujourd'hui est d'ailleurs très puissant et touche toute l'immigration algérienne.
Propos recueillis à Bruxelles par Arezki MOKRANE


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