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tamazight : Substrat de l'identité algérienne
Publié dans Liberté le 24 - 07 - 2011

Depuis 1962, l'Algérie suivait le sentier de la perdition, tantôt agglutinée à des chapelles baâthistes, tantôt amourachée des lampions de quelque dinosaure venu d'outre-mer, oubliant sciemment ses origines, tournant le dos à son véritable passé jusqu'à douter de son présent et ruiner l'avenir de ses enfants.
Ayant longtemps végété en dehors de l'Histoire, en slalomant désespérément et de façon vertigineuse contre la tangente de son ancrage identitaire, elle s'est créée un épais voile de brouillard qui lui obstruait toute velléité de lorgner des horizons prometteurs et, pour ainsi dire, se fourvoyait gravement en allant jusqu'à roucouler entre les griffes du fanatisme le plus hideux.
Depuis 1962, l'Algérie a été rarement debout, souvent en déliquescence et toujours cramponnée au saoul d'une lie indigeste. Face aux multiples crises qui la secouaient, elle a longtemps préféré agir par des solutions éphémères en écartant le bon sens et le travail à long terme : chaque gouverneur se dotait d'une Constitution à la mesure de ses propres ambitions où, malheureusement, le peuple est éternellement laissé pour compte.
À mesure que les décades s'entassaient, la question identitaire en général, avec sa composante amazighe en particulier, se posait avec une brûlante acuité mais hélas ! à chaque fois éludée d'un revers de la main par les tenants du pouvoir sous des prétextes puérils et fallacieux : menace sur l'unité de la Nation, main de l'étranger… bref, ce sont autant d'épouvantails érigés avec l'impertinence des trompe-l'œil qui se dérobent devant la réalité indomptable du monde moderne d'une part, et de l'attachement viscéral du peuple algérien à ses racines, d'autre part. Ainsi, de la crise “antiberbériste” des années 1940 jusqu'aux pratiques staliniennes du parti inique juché sur un nationalisme sectaire, rétrograde et stérile, lequel a confiné le segment amazigh sous les oripeaux du caporalisme linguistique, il y a lieu de mettre en exergue la force de cette dimension de notre identité tant il est vrai qu'elle a déployé une insolente allure pour résister aux insidieuses bourrasques de ses ennemies. “étrangère” sur ses terres, tamazight a tenu la dragée haute à une flopée de quidams fourbes par le sacrifice de ses enfants et par une authentique présence entre les rangs du peuple qui la couvait avec jalousie. Des rites du Hoggar jusqu'au mont Chenoua, des traditions de la Kabylie à ceux des Aurès, c'est avec le sel de tamazight qu'on assaisonne les fêtes et le rythme de la vie.
De nombreuses civilisations ont montré (et démontrent encore) que la cohabitation des cultures est un projet effectif, et celle des langues une réalité qui peut se vivre dans la sérénité pour peu que le sceau de la tolérance et la force du respect soient considérés avec rigueur. Pas moins de quatre langues officielles en Suisse. L'Espagne en compte également quatre. Au Canada, les langues française et anglaise cohabitent harmonieusement comme deux sœurs siamoises… Alors, pourquoi pas en Algérie ?
De nos jours, force est de constater que les civilisations qui rayonnent sont justement celles qui s'appuient d'abord sur leurs propres patrimoines et s'arment viscéralement de leurs spécificités culturelles ; du Japon jusqu'en Russie, du cap de Bonne-Espérance jusqu'aux rivages de l'Islande, des îles Galápagos aux pics neigeux de l'Alaska, les civilisations puisent leurs forces d'éléments chichement intrinsèques qu'elles enrichissent avec l'apport d'éléments exotiques.
Longtemps injustement galvaudé, le verdict de l'Histoire est pourtant sans appel ; tamazight est pour l'Algérie ce que le liquide amniotique est pour un fœtus : un milieu nutritif indispensable, une enveloppe protectrice inégalable.
Les années du combat clandestin pour la reconnaissance de tamazight sont révolues. D'accessoire folklorique, elle s'est hissée au statut de langue nationale, un bien inaliénable du peuple algérien bien reconnu par la Constitution. Des livres sont publiés, des films produits, une chaîne de télévision créée, un enseignement assuré… Pourtant, une dernière marche reste toutefois à gravir : l'officialisation.
En 2012, l'Algérie comptabilisera cinquante années sur le compteur de son Indépendance. Un demi-siècle empreint de quelques “hauts” et de beaucoup de “bas”, avec en somme un bilan que chacun peut apprécier à sa façon. Cependant, il n'échappe à personne que dans cet amas de bric et de broc, de piètres réalisations, de projets ratés et de rendez-vous manqués avec l'Histoire, la non-officialisation de tamazight nous reste au travers de la gorge, comme une arête de poisson vorace. Un demi-siècle que l'identité algérienne éternue entre de douloureux miasmes chèrement payés par le sang de valeureux militants.
Déjà langue nationale, tamazight (langue et culture) doit être reconnue telle qu'elle : substrat de l'identité algérienne, pareille à une princesse qui retrouve son diadème qui lui revient de fait, sans heurt. Un demi-siècle est l'âge du sérieux, de la maturité pour une Algérie qui pourra se regarder fièrement dans la glace, sans rougir, sans frétiller, par une officialisation solennelle de tamazight sans bain de sang, mais juste par sursaut d'orgueil portant le sceau d'un schisme révolutionnaire contre l'apartheid linguistique et qui se manifestera par un juste retour aux sources comme le retour d'une fille dans le giron de sa mère.
Au diable cinquante ans de fuite en avant ! Pour 2012, l'officialisation de tamazight résonne d'ores et déjà comme un challenge cardinal et un coup de pouce de la culture pour la mécanique socio-économique. L'officialisation de tamazight serait une divine consécration, la clef d'une symphonie majeure : la grandeur d'un pays et la souveraineté d'un peuple telles que rêvées par les Novembristes. C'est à l'aune de cette configuration, et uniquement à l'aune de cette configuration, qu'on peut dire que l'Algérie signerait, à coup sûr, ses retrouvailles avec l'orbite de la prospérité et de la paix.
T. D.
*Romancier


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