A la suite de ses prédécesseurs, l'actuel ministre de la justice, M. Tayeb Belaïz, rouvre le dossier de la réforme de l'organisation des établissements pénitenciers. Il a procédé, hier, au siège du ministère, à l'installation d'un groupe de travail, ayant pour but d'enrichir le projet de l'ordonnance relative à l'organisation pénitentiaire et à la réinsertion sociale des détenus. Une initiative qui s'inscrit dans le cadre de la réforme globale de la justice lancée par le président de la république et celui des recommandations de la commission nationale de réforme de la justice présidée par le professeur Issad. Devant le refus des membres de la commission installée par l'ex-ministre délégué à la réforme pénitentiaire, Abdelkader Sallat, le ministère a fait appel à de nouvelles têtes de différentes compétences (d'anciens directeurs d'établissement pénitencier, de juges d'application des peines, de psychologues, de juges des mineurs et d'anciens responsables dans le secteur pénitencier) pour faire partie de ce groupe. Un document intitulé “Avant-projet de loi, portant code de l'organisation pénitentiaire et de la rééducation sociale des détenus” servira de base pour les travaux de ce groupe, qui dureront normalement deux jours. Dans son allocution d'ouverture, M. Tayeb Belaïz a particulièrement insisté sur deux choses : la gestion moderne des établissements pénitenciers et le respect de la dignité des détenus. Ce projet de loi, a précisé M. Belaïz, s'est inspiré des recommandations de la commission nationale de la réforme de la justice et a pris en compte les dysfonctionnements d'une expérience longue d'une trentaine d'années. Son objectif est de “réunir tous les moyens matériels à même de préserver la dignité et l'honneur du détenu”. L'autre objectif de ce projet de loi est le respect des principes des droits de l'Homme, de la dignité humaine et d'être en phase avec les normes en vigueur dans les pays démocratiques. Belaïz a plaidé pour une nouvelle politique pénitentiaire respectant les normes internationales appliquées dans les prisons. Pour ce faire, il juge nécessaire la modernisation de l'administration pénitentiaire, appuyer les prérogatives des directeurs des établissements, revoir les exigences de préservation de l'ordre et de la sécurité dans les établissements pénitenciers, notamment en période de dangers et de crises. Sur le plan de l'humanisation des conditions de détention, il est prévu dans ce projet de loi de nouveaux mécanismes qui encouragent la préservation des liens familiaux. Le projet de loi prévoit aussi la dynamisation du rôle du juge des affaires pénales et la commission pénitentiaire, afin d'alléger les procédures d'application des peines. Par ailleurs, le ministre de la justice estime nécessaire l'installation de centres spéciaux appartenant à l'état. Reste le problème du nombre réduit des structures pénitentiaires. Tayeb Belaïz l'a reconnu et a avancé le chiffre de 127 structures pour 40 000 prisonniers. La moitié de ces structures a été construite pendant la colonisation. Aussi, il a révélé qu'un plan d'urgence est en étude pour y remédier. Pour le manque de structures, le directeur des affaires pénitentiaires, M. Mohamed Tayeb Benmessous, a indiqué : “Le prisonnier algérien bénéficie d'un espace qui ne dépasse pas 3,5 mètres carrés. On est en train de travailler pour atteindre les 5,5.” Des projets de construction de 2 nouvelles structures, en études, sont prévus à Koléa et à Khemis El-Khechna. Ce n'est qu'après leur finalisation que sera fermée la prison de Serkadji. Arab Chih