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La rencontre a eu lieu le 19 novembre dernier
Synthèse et conclusions du 4e Forum d'Alger
Publié dans Liberté le 23 - 11 - 2011

Le cabinet Emergy et le quotidien Liberté ont choisi de consacrer le 4e Forum d'Alger au thème de la crise financière, son impact sur notre pays, les enjeux et challenges pour nos entreprises et institutions financières. Ce choix s'inscrit dans les principes qui ont présidé à la création du Forum d'Alger : “Comprendre un monde qui change, changer un monde qu'on comprend”. Notre but est de contribuer si modestement soit-il à une attitude proactive de notre pays face aux bouleversements qui affectent l'économie mondiale.
Dans notre but de production de sens, d'apport conceptuel, nous visons la meilleure compréhension du changement pour nous prémunir des périls qu'il porte et surtout pour en comprendre et saisir les opportunités qu'il ouvre.
Les développements de la crise économique montrent combien en effet l'évolution de l'économie internationale est de plus en plus compétitive, complexe et erratique, de plus en plus imprévisible. L'histoire a connu deux accélérateurs au début de la décennie 90 : la chute du Mur de Berlin et l'explosion des TIC. L'économie mondiale, dès lors, s'est retrouvée décloisonnée, sans frontières et ne se résume plus à un ensemble d'économies nationales en interrelations mais de plus en plus en une économie globale, un Grand village où se meuvent des acteurs globaux. Ces deux transformations majeures se sont déroulées avec en trame de fond deux mutations lourdes, à l'œuvre depuis les années 80 : (i) Le mouvement de déréglementation amorcé dans les années 80 sous Reagan / Thatcher avec comme fondement théorique une pensée ultralibérale, un véritable intégrisme du marché et un culte du court terme. (ii) La prééminence de la sphère financière sur l'économie réelle ; son ascendant est tel que les chefs d'entreprises sont en situation de négociation permanente avec les marchés financiers, avec un rôle outrageusement important des agences de rating. Dès lors avec les années 90, ces marchés financiers se sont interconnectés entre eux à travers la planète et avec aussi les marchés de commodities, dont les marchés pétroliers. Ce que l'on a appelé la globalisation financière se caractérise par un grand marché financier où sont traités des portefeuilles globaux, avec une sophistication des opérations et des produits, une économie casino et une explosion des mouvements de capitaux. Ces marchés livrés à eux-mêmes sont de plus en plus spéculatifs et opaques et accentuent une volatilité incontrôlée. De même, la globalisation a conduit, par un mouvement de fusions de grande ampleur au début des années 90, à l'émergence d'acteurs globaux, entreprises industrielles, banques et compagnies d'assurances, elles-mêmes assujetties à cette sphère financière qui devient de plus tentaculaire, opaque et échappe totalement au contrôle des états.
Dans ce contexte, les états-Unis sont-ils encore le centre de gravité de l'économie mondiale ou bien de plus en plus l'épicentre des turbulences ? Sur les 15 dernières années aux états-Unis, la baisse des salaires pour contenir les déficits a été compensée par le recours à l'endettement.
Les subprimes ne sont que la manifestation d'un phénomène global, car la sphère financière a compensé le manque de production de richesses en développant des instruments de plus en plus sophistiqués et en profitant de la globalisation financière. L'endettement américain a explosé (16 trillions de dollars) atteignant 500% de leur PIB contre 250% lors de la crise de 1929. D'autre part, le dollar est porté aussi par une bulle d'actifs (carry trade). Les taux d'intérêts faibles encouragent les investisseurs à s'endetter en dollar et investir dans des zones à rendements élevés, y compris sous forme d'actifs risqués. Les marchés pétroliers, interconnectés avec les marchés financiers, subissent leurs turbulences, les spéculateurs ajustent leurs positions en arbitrant les différents types d'actifs en fonction de leur liquidité et aussi des anticipations qu'ils font. C'est ainsi qu'en 2008, le prix du pétrole a atteint 147 dollars le baril pour connaître ensuite une baisse historique et atteindre 32 dollars en décembre de la même année. La qualité des portefeuilles mais aussi les anticipations sur la demande dans une ambiance de panique ont provoqué ce type de situations inédites et qui peuvent se reproduire à l'avenir, cela même s'il semble avéré que l'atteinte d'un seuil de 100 dollars le baril est structurelle.
La crise de la dette souveraine pose de manière pressante la question de la sortie de crise. L'Europe est le maillon faible. Elle se distingue par sa croissance faible, le déficit budgétaire, conséquence du déficit commercial de membres notables. La zone euro comprend en fait deux espaces que l'on peut désigner ainsi : (i) la zone eurofranc (France, PIG) où l'on observe un déficit budgétaire et une forte demande interne.
Ces pays doivent mener des politiques de rigueur en mettant sous contrainte leur demande interne, réduisant leurs coûts de production et leurs déficits. (ii) La zone euromark où l'on observe un excédent budgétaire et une faible demande interne (Allemagne, Pays-Bas, Autriche…).
Ces pays doivent stimuler la demande interne tout en surveillant leur endettement et leur équilibre budgétaire. La survenance de la crise grecque rend urgent un traitement de la crise avec de nouvelles approches sous peine d'éclatement de la zone euro. Faut-il abandonner la Grèce comme l'a été en 2008 la banque Lehman Brothers, avec les conséquences que l'on sait ? Un effet dominos ne risque-t-il pas alors d'emporter la zone euro ? La dette grecque a été divisée par deux mais reste lourde. L'attaque globale contre l'euro que nous observons ces dernières semaines suppose une réponse globale.
Quelles réponses possibles pour la zone euro ? (i) Sortie de l'eurozone des pays les plus faibles (PIG). Quels dommages cela impliquerait-il ? (ii) Renforcement du fédéralisme budgétaire pour sortir de la crise. Les états accepteraient-ils le contrôle a priori de leurs budgets. (iii) La dépréciation de l'euro pourrait s'accentuer. Nouriel Roubini voit l'euro éclater avant 2015. Les banques européennes sont trop fragiles et détiennent beaucoup de dettes européennes de plus en plus risquées. L'option de créer des euro-obligations attend de recueillir l'adhésion de l'Allemagne. La dette européenne est considérable : 10 trillons contre 16 trillons pour les états-Unis. Les BRIC peuvent-ils se porter au secours de l'Europe ? Les réserves de change de la Chine (3 trillions contre 400 milliards de dollars pour l'Inde) ne pourront suffire, à supposer que ces pays le veulent, ce qui n'est pas sûr.
Où en sont les fondamentaux ? Justifient-ils le comportement des marchés ? Les mauvaises nouvelles s'accumulent : (i) Mauvais chiffres de l'emploi aux états-Unis (9%) (ii) Recul de la production industrielle dans la zone euro au 2e trimestre, la première fois depuis deux ans (iii) Essoufflement de la croissance OCDE à trop fort contenu budgétaire, inflation dans les pays émergents. Les perspectives semblent sombres : Standard & Poors prévoit un ralentissement aux états-Unis à 1,9% et 1,1% pour la zone euro. 1,3% pour la France.
Il est certain aussi que le ralentissement américain va impacter les pays émergents et indirectement l'Europe. Les marchés en ont pris acte et sont déprimés depuis début août. Selon un sondage du Wall Street Journal six spécialistes sur dix anticipent une dépression dans les 18 prochains mois.
Les gouvernements “manquent de cartouches”, selon l'économiste Nouriel Roubini. Il ne leur reste que les politiques d'austérité pour diminuer la dette. Mais ce faisant ils contractent la demande. Un pays too big to fail peut se révéler too big to save. Les états peuvent-ils relancer la demande ? Les entreprises ont besoin de clients. Les citoyens ont besoin d'emplois. Or, dans les conditions présentes, la conjonction de la faiblesse de l'économie américaine, britannique et de la crise de la dette souveraine en Europe accroît le risque d'une grande dépression. Les pays sud-méditerranéens absorbent une part de l'instabilité (désinvestissement, renchérissement du coût des facteurs, importent l'inflation). Il semble évident d'autre part que si l'euro s'effondrait, l'économie mondiale connaîtrait une grave et profonde récession.
Le creusement des écarts de taux entre pays du nord et du sud de l'Europe n'est-il pas une anticipation par les marchés financiers d'un éclatement de la zone euro ? Les marchés n'apparaissent pas rassurés par les changements gouvernementaux. Après la chute de Berlusconi, les taux italiens à 10 ans sont repassés au-dessus de 7%, comme les taux espagnols. Ce niveau est insoutenable sur plusieurs mois. Pourtant la dette italienne est majoritairement détenue par des résidents. Cela alors que pour l'Allemagne les taux sont tombés à 1,74%. Un écart de taux de plus de 500 points de base par rapport aux taux allemands est intenable. La France est dans une situation sensible avec un taux de 3,499%, soit le double de la rémunération demandée sur les emprunts allemands. Beaucoup d'experts doutent de la capacité de résilience de l'économie française, surtout en année électorale.
Quel rôle peut jouer la BCE dans le traitement de la crise ? La pression sur la BCE pour racheter les titres d'états attaqués est-elle porteuse ? Il semble clair qu'une plus grande implication de la BCE est inévitable laquelle doit signaler : (i) son intention d'acheter autant de dettes souveraines que nécessaire, (ii) qu'elle n'acceptera pas que les écarts de taux d'intérêts entre pays dépassent un certain seuil.
Cependant, il semble que l'Allemagne, encore traumatisée par le souvenir de l'hyperinflation qu'elle a connue les années 30, briderait toute volonté de la BCE de jouer le sauveur. Indépendance de la BCE sacrée. Souvenir de l'hyperinflation des années 30. LA BCE peut aussi prêter au FMI pour qu'il finance le sauvetage européen, ce qui décuplerait les ressources du FESF. Cette solution nous semble parmi les plus probables.
La BCE peut jouer un rôle plus actif et sera très certainement amenée à le faire. Son nouveau président, l'Italien Mario Draghi ne semble pas viser une hausse des taux d'intérêts, étant moins inhibé par l'inflation que son prédécesseur. Il ne semble pas non plus vouloir mettre d'échéance pour mettre fin aux rachats d'obligations.
Quel futur ? Quels sont les scénarios probables pour la crise qui affecte l'économie mondiale ? Il semble que nous nous acheminons vers une sortie de la crise en W ou en “double creux”, soit deux périodes de récession entrecoupées par une brève reprise. Le risque reste encore l'emballement des prix des commodities par le fait de la sortie plus rapide des pays émergents (Chine, Inde, Brésil) qui vont tirer la demande. Cela va compliquer la sortie de crise pour les pays OCDE. D'autre part, les politiques de rigueur ont un contenu récessionniste fort qui entraîne par ailleurs un coût social difficilement admissible si l'on tient compte des réactions des opinions publiques, notamment le mouvement des “indignés”. Des troubles politiques dans les pays concernés ne sont pas à exclure. La récession s'accompagnera vraisemblablement aussi d'une contraction de la demande pétrolière, donc d'une baisse des prix pétroliers. De fait, nous risquons au mieux une forte instabilité, au pire un collapsus. Dans tous les cas de figure, le premier semestre 2012 est à très haut risque. La crise de la dette souveraine se diffuse sélectivement dans les pays euroméditerranéens. Il ne semble pas évident pour la France de réduire ses déficits budgétaires de 5,6% à 4,7% pour 2012 et 3% en 2013, ni de retrouver une croissance robuste dans le court terme. Elle risque fort de perdre son triple A dès le premier trimestre 2012. Faut-il croire en un réveil salutaire qui suppose un fédéralisme économique et social, zone monétaire ? Cela exigera le contrôle a priori des budgets des états, question qui heurtera les souverainetés et mettra en péril les consensus politiques nationaux nécessaires pour mener les politiques de sortie de crise. Mais la question clé est que les entreprises ont besoin de clients pour retrouver la croissance, or il faut contraindre la demande. Ainsi la demande interne algérienne est-elle convoitée comme le sont les réserves de change qui pourraient être d'un précieux secours pour les pays sud-européens en crise. L'Algérie doit en prendre acte et mettre une stratégie adaptée pour saisir les opportunités qui s'ouvrent à elle et qu'elle ne retrouvera pas à l'avenir. Nous n'allons vraisemblablement pas quitter la tempête pour un ciel serein.
C'est la première crise post-mondialisation. Le cycle des crises (une fois tous les dix ans) tendra à se raccourcir à l'avenir. L'une des raisons essentielles est l'opposition d'une logique de très court terme, recherchant la volatilité, qui est celle des marchés financiers globalisés avec celle de l'économie réelle qui est gouvernée par des logiques de long terme.
Hassen Khelifati a insisté sur le fait que la crise financière internationale nous interpelle en effet et pose des challenges vitaux pour l'économie nationale. Elle interpelle les chefs d'entreprises algériennes, car, comme toute crise, elle les met en demeure de trouver des solutions novatrices, faire preuve d'audace et de détermination, innover pour non seulement assurer la pérennité de leur entreprise, mais surtout saisir l'occasion pour lui ouvrir de nouvelles perspectives stratégiques. Il a noté les graves dangers de la faible diversification de notre économie et des effets pervers du dutch disease qu'elle subit et où l'embellie pétrolière, par les importations qu'elle permet, inhibe tout développement industriel. Il a mis en relief la nécessité d'enclencher un cercle vertueux où la demande interne tire le système productif. Mais plus encore, dans la mesure où les pays sud-européens souffrent d'une insuffisante demande pour opérer leur relance, le marché intérieur est aujourd'hui un enjeu clé de la croissance dans un contexte de crise. Notre marché intérieur est important et doit, dans ce contexte de crise, être prioritairement réservé à nos entreprises.
Il peut par ailleurs ouvrir des perspectives de sortie de crise pour bien des pays sud-européens. Nous devons le savoir et négocier les partenariats internationaux en conséquence. Voilà qui ouvre de réelles perspectives de partenariat entre nos entreprises et celles venant notamment du sud-européen. Le constat fait par Kamel Benkoussa est particulièrement sévère, signalant que le moteur de la croissance des pays du G20 est à l'arrêt. Il anticipe fort accroissement de l'instabilité et une persistance de la crise. Cet expert voit les pays émergents eux-mêmes emportés par la crise. Il cite la Chine avec son endettement représentant 300% de son PIB par exemple. La demande pétrolière selon cet expert devrait baisser, les marchés d'actions vont s'effondrer et le marché obligataire sera à l'arrêt. “Nous entrons en terrain inconnu”, observe-t-il. La dette des 10 pays les plus endettés s'élève à 147 trillions de dollars. Le monde a besoin d'effacer en dette 50 trillons de dollars au minimum. Diagrammes à l'appui, l'expert estime qu'il n'existe pas de frein dans le système pour stopper l'aggravation de la crise. Il anticipe “un effondrement du système bancaire auquel s'ajouteraient les défauts de pays qui entraîneront le plus gros choc économique que le monde n'aie jamais connu”. Il insiste sur la nécessaire anticipation de notre part. Il convient avec les autres orateurs que nous pouvons tirer profit de la crise, notamment par le rachat d'entreprises en difficulté et l'accès à de nouveaux marchés. Pour cela, il propose la création d'un fonds souverain doté de 50 milliards de dinars. Il conclut en disant que “notre pays a besoin d'un nouveau départ” car nous avons atteint les limites de nos capacités de développement. M. Rachid Sekkak est plus nuancé et relève que l'expérience a montré la capacité à affronter les crises, soit par la guerre, soit par l'inflation. Le monde ne pourra pas faire l'économie de réformes structurelles. La crise a consacré les BRIC, et le G20 a pris du pouvoir au G8.
La cohabitation Chine-Etats-Unis sera-t-elle hard ou soft ? Le monde entier va souffrir, et notre pays sera touché. L'Algérie a pris, selon lui, 3 décisions qui ont repoussé l'échéance d'une éventuelle crise financière dans le pays : (i) résistance au FMI, (ii) paiement par anticipation de la dette (iii) et gestion prudente des réserves de change. Réda Bousba relève que “plus de 60% de nos importations proviennent de la zone OCDE et plus de 60 % des exportations sont réalisées avec l'OCDE.” L'Algérie doit acquérir des actifs en international, notamment dans l'énergie, et aussi acheter les parts de partenaires étrangers dans les entreprises installées en Algérie et qui souhaitent s'en dessaisir du fait de leurs difficultés financières. L'Etat devra continuer à dépenser majoritairement en dinars, maintenir la croissance, développer le secteur privé industriel en diminuant la pression fiscale qui est très élevée avec le taux de 75% actuellement. Il doit encourager et attirer les investisseurs industriels.
Nous devons aussi basculer dans nos échanges de la zone OCDE vers les BRIC. La banque doit octroyer des crédits au secteur privé avec des taux bas. Il propose de réformer le système bancaire pour le porter aux standards internationaux et au niveau des enjeux de l'heure, mais aussi de libérer les compagnies nationales (télécom, énergie, transport). Il nous faut aussi sécuriser nos débouchés gaziers face au Qatar tout en préservant nos relations avec les multinationales pétrolières et gazières pour absorber les surliquidités.
L'ensemble des orateurs et l'auditoire, souvent avec passion, ont convergé sur la nécessité de réformes profondes qui englobent le secteur universitaire et la recherche et permettent la génération de processus innovants articulant universités et secteur productif.
Nous pourrions ainsi diversifier notre économie, impulser la production de richesses et la création d'emplois et réduire notre exposition aux cycles de plus en plus erratiques du marché pétrolier. La création de fonds souverains, autant pour soutenir les entreprises nationales, particulièrement celles innovantes et tournées vers la nouvelle économie, mais aussi en international pour faire des acquisitions d'actifs industriels, a été beaucoup soulignée. Les acquisitions d'actifs étrangers doivent se faire non dans une logique de placement financier mais dans une logique industrielle, à l'instar de ce que fait la Chine, pour acquérir la technologie et accéder aux marchés européens. Si un consensus s'est établi entre le panel et la salle sur une incidence forte de la crise financière sur notre économie, une convergence était manifeste sur les capacités de notre pays à faire face aux turbulences à venir.
À condition d'en prendre conscience. Il est impératif que cette question soit au cœur d'un débat citoyen, que toute l'intelligence algérienne soit mobilisée, qu'elle puisse exercer son droit de contribuer à ouvrir des perspectives réelles à notre cher pays.
Le Cabinet Emergy et son partenaire Liberté remercient tous les sponsors qui ont soutenu cet évènement. Alliance Assurance, Kadri Lumière et la Société Générale Algérie. Ils remercient les panelistes qui ont permis, par la qualité de leurs interventions, le succès de cette rencontre : MM. Hassen Khelifati, P-DG d'Alliance Assurances ; Rachid Sekkak, économiste ; Kamel Benkoussa, financier ; Rachid Bousba, économiste et financier.
M. P.


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