Dans une atmosphère de déjà-vu, des militants des droits de l'Homme se sont retrouvés, hier à l'hôtel El-Djazaïr, pour parler des personnes handicapées. Une journée d'étude a été organisée par la fameuse et imprononçable commission de Ksentini, la CNCPPDH, ayant pour thème : “Ensemble pour un monde meilleur pour tous : inclure les personnes handicapées dans le développement”. Contrairement à ce qui a été annoncé noir sur blanc, on notera d'emblée l'absence du président de cette commission ainsi que celle de Saïd Barkat, ministre de la Solidarité nationale et de la Famille. Cela n'a évidemment pas altéré les interventions de bonne facture des invités axées sur le quotidien pénible de ces citoyens. Une réalité amère vécue souvent dans le silence par des handicapés moteurs, des non-entendants, des non-voyants et autres handicaps. “Qui peut imaginer la journée du handicapé ?” observe Bruno Gaurier, conseiller international, membre du Forum européen des personnes handicapées, membre du conseil scientifique français dont le sujet traité avait trait à “la convention internationale des personnes handicapées, principes et changements dans les pratiques”. Militant depuis 50 ans pour l'amélioration de la prise en charge des handicapés, le conférencier a levé le voile sur une réalité en parlant “des mêmes droits pour tous”. Ces droits des personnes handicapées introduits depuis peu par les organismes spécialisés de l'ONU dans la Convention universelle des droits de l'Homme. Une délibération faite, souligne l'orateur, dans un délai record de cinq ans. Une convention qui reconnaît désormais aux personnes handicapées des droits sociaux liés à la santé, l'éducation, une alimentation saine et régulière, la protection de sa famille, des droits économiques qui se traduisent par le droit au travail, à la rémunération décente, des droits politiques qui donnent aux individus la possibilité de participer à la vie publique. En somme, fait remarquer l'intervenant, le changement qu'apporte la convention, c'est le regard pour tous allant dans le sens des six points retenus comme valeurs et acquis : la dignité, l'autonomie, la liberté de choix, non-discrimination et respect des différences, l'intégration, l'égalité des chances pour le logement, la santé et l'alimentation, l'accessibilité, l'égalité entre handicapés et non-handicapés des deux sexes. Pour Ahcène Boufekroune, vice-président de la Fédération des personnes handicapées chargé des projets, le handicap est devenu un problème lié au non-respect des droits de l'Homme. Cependant, du débat qui s'ensuivit, une autre réalité fait face. Elle n'est pas brillante celle-là et ne se contente pas de parler de textes ? Ces textes où tout va pour le mieux mais dont la pratique reste bien en deçà des espérances. Tel est le cas de l'article 33 de la convention relative aux droits des personnes handicapées traitant de la partie application et suivi au niveau national. Dans son alinéa 3, cet article stipule, en effet, que la société civile, en particulier les personnes handicapées et les organisations qui les représentent, est associée et participe pleinement à la fonction de suivi. Où en est-on dans ce volet quand on sait que chez nous, rien ou presque n'a été fait pour faciliter les déplacements des handicapés. Quant à les intégrer dans la vie économique, le terrain est là pour prouver que la discrimination a encore de beaux jours devant elle. Certains secteurs d'activité économique sont malheureusement amputés de compétences parce que tout simplement, ces dernières présentent un handicap. ALI FARÈS