En dépit de l'évolution des mentalités et la promulgation de textes de lois prônant l'égalité pour tous, les personnes handicapées sont encore marginalisées et ont vraiment du mal à s'intégrer dans la société. Considérés comme des êtres inférieurs, voire des parias, isolés et parfois même enfermés, les handicapés souffrent en silence en attendant que le regard porté par les autres change. Intervenant à l'occasion de la journée d'étude sur l'accès aux droits aux personnes handicapées, organisée hier à l'hôtel El Djezaïr, Bruno Gaurier, expert international, a déclaré que l'enfermement et la mise à l'écart sont les principaux handicaps. Citant l'exemple de malades ayant été enfermés en France, il y a quarante ans, le conférencier a indiqué que certains n'avaient pas franchi les portes des hospices depuis trente ans. D'autres ont été carrément enchaînés et gardés dans des endroits tenus secrets pendant de longues années et lorsqu'on les a découverts, on avait du mal à réaliser qu'il s'agissait d'êtres humains enchaînés comme des bêtes. Les droits ne se jouent pas sur les apparences. Pour Bruno Gaurier, «nous sommes tous égaux en droits. Nos droits ne se jouent pas sur les apparences». Citant un autre exemple d'une personne débarquée d'un avion parce qu'elle était en fauteuil roulant, il récuse les raisons invoquées par le commandant de bord qui dit avoir agi pour des raisons sécuritaires. «Lorsqu'on est à bord d'un avion, il n'y a pas que les personnes handicapées, tous les passagers sont exposés au risque», dit-il. Qualifiant le thème de récent, le vice-président de la Fédération nationale des handicapés, Hcène Boufekroun, a indiqué qu'il n'y a pas très longtemps on parlait de paria, d'exclu de la société, de honte de la famille, d'être inférieur, de pestiféré pour désigner le handicapé. Surtout lorsqu'il s'agit d'une femme. Fort heureusement, le regard de la société a, aujourd'hui, quelque peu changé. Désormais, on parle de personnes ayant des besoins spécifiques, au lieu de personnes handicapées. Evoquant les textes relatifs aux droits de l'homme, l'orateur dénonce cette discrimination dont font l'objet les personnes handicapées, notamment dans le domaine de l'emploi. Les handicapés doivent avoir les mêmes droits que les personnes valides. Beaucoup ont des compétences et peuvent rendre d'énormes services au pays. Il ne faut pas amputer l'économie de leurs connaissances sous prétexte qu'ils sont infirmes ou diminués. Eric Plantier, architecte urbaniste de profession, a axé pour sa part, son intervention autour de l'accessibilité afin de permettre aux personnes handicapées de vivre de façon indépendante et de participer pleinement à tous les aspects de la vie. Les Etats prennent des mesures appropriées pour leur assurer, sur la base de l'égalité avec les autres, l'accès à l'environnement physique, aux transports, à l'information et à la communication, y compris aux systèmes et technologies de l'information et de la communication et aux autres équipements et services ouverts ou fournis au public, tant dans les zones urbaines que rurales. S'appuyant sur l'article 9 de la convention relative aux droits des handicapés paraphée par l'Algérie le 12 mai 2009, l'architecte a insisté sur la construction et la livraison de logements prenant en compte les personnes handicapées pour qu'elles puissent se mouvoir dans leurs logements sans avoir à solliciter l'aide d'un tiers.