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ADIEU LA TOUR D'IVOIRE !
Publié dans Liberté le 27 - 04 - 2012

La faculté des lettres et des langues de l'université Hassiba Ben Bouali de Chlef, et plus particulièrement le département de français, vient d'organiser une manifestation grandiose à laquelle était invité un monument de la littérature algérienne d'expression française, à savoir l'écrivain Yasmina Khadra.
Cet événement, très apprécié par l'ensemble des assistants, s'inscrit dans le cadre des activités scientifiques et culturelles que la faculté ne cesse d'organiser depuis sa naissance, et procède de sa volonté de s'ouvrir sur l'extérieur et de s'extraire à l'atmosphère trop académique qui ne pouvait que l'étouffer. Des passerelles sont alors jetées entre l'université et l'élite, et des activités de tous genres sont régulièrement organisées : colloques, invitations d'écrivains, expositions etc. ...
Sur le plan scientifique, il est incontestable que l'événement le plus marquant de ces dernières années fut le colloque international sur Paul Robert organisé par le département de français en octobre 2010. Cette rencontre dont le principal objectif était de rendre hommage à un natif de la ville de Chlef (ex Orléansville), a eu néanmoins un aspect académique en ce sens que des chercheurs dans différentes disciplines (littérature, linguistique et didactique) y étaient invités pour, d'une part, faire profiter de leurs recherches disciplinaires, et, d'autre part, faire connaître davantage ce lexicographe qu'est Paul Robert dont la vie et l'œuvre demeurent ignorées par la majorité de nos étudiants. Le colloque a vu également la participation de Jérôme Robert, le petit fils du lexicographe, venu pour parler de son grand père mais aussi pour présenter ses projets en matière d'édition des dictionnaires Robert.
Sur le plan purement culturel, l'invitation de quatre de nos grands écrivains d'expression français que sont Djilali Bencheïkh, Djamel Mati, Rachid Boudjedra et Yasmina Khadra n'a fait qu'embellir l'image du département qui se transforme, le temps d'une conférence-débat, en un café littéraire où toutes les questions étaient permises, et tous les points de vue respectés.
Djilali Bencheïkh, enfant de la région qui vit actuellement en France, était venu présenter son dernier roman, Tes yeux bleus occupent mon esprit. C'était l'occasion pour cet auteur de partager avec le public ses souvenirs les plus lointains. Les rapports entre Français et Algériens à l'époque coloniale sont symbolisés par cette histoire d'amour entre l'Arabe, qui n'est autre que l'auteur lui-même, et Françoise, une belle aux yeux bleus, une couleur que, paradoxalement, les Algériens détestaient par-dessus tout!
Djamel Mati, l'auteur de la trilogie Les élucubrations d'un esprit tourmenté, parle du désastre et le peint avec des mots sortant droit du délire des personnages. La réalité pour Mati est si atroce qu'il serait vain de la peindre telle quelle dans son hideur la plus tragique. Pour l'affronter, il faudrait peut-être la contourner pour mieux l'amadouer. Aussi, le désert et les périples des personnages offrent-ils la possibilité de mieux cerner la réalité tout en la fuyant. Ceci est d'autant plus vrai que la réalité, elle, nous rattrape inévitablement en nous jetant des repères là où on s'y attend le moins. Le point B114 apparaît dés lors comme un rappel à l'ordre et une invitation à revenir sur Terre.
Rachid Boudjedra, considéré comme le doyen de la littérature algérienne, nous a fait l'honneur d'animer une conférence axée essentiellement sur sa conception de l'écriture romanesque, et sur le rapport HISTOIRE / histoire tel qu'il apparaît dans son dernier roman les figuiers de Barbarie.
D'emblée Boudjedra insiste sur le rôle de sa formation bilingue qu'il a eue dans sa conception même de la littérature. Au-delà du fait qu'il est un parfait bilingue, écrivant aussi aisément dans la langue de Molière comme dans celle d'El Moutanabi, ce disciple à la fois d'Ibn Ârabi et de Proust, considère le roman comme le genre le plus accompli dans lequel pourront se manifester toutes les formes artistiques : peinture, architecture, musique, théâtre etc. ... Le romancier, selon Boudjedra, n'est donc pas un simple narrateur qui fait pousser des événements jusqu'à un point culminant où ils auront à se dissoudre dans une fin qui signe symboliquement la fin de l'aventure scripturale ; c'est plutôt quelqu'un qui brise le langage et qui rompt avec les schémas traditionnels. Cette rupture, Kateb Yacine l'avait réalisée en son temps, lui qui a produit un texte inépuisable avec lequel il a révolutionné toute la littérature maghrébine. Il n'est donc pas étonnant que l'auteur de Nedjma soit considéré comme un modèle à suivre par Boudjedra. La seule différence entre les deux hommes, est que Boudjedra a eu la chance d'apprendre l'arabe et de s'imprégner de sa culture. Il s'est alors construit en lui un esprit encyclopédique qui lui a permis d'ébranler ce qui était considéré jusque là inébranlable, à savoir la structure linguistique pour atteindre en dernier lieu la structure mentale du lecteur.
Yasmina Khadra, ou l'écrivain aux métaphores inattendues, comme se plaisent à le décrire certains critiques, était, à lui seul, une fête. Le public constitué essentiellement d'étudiants, d'enseignants et de journalistes, avait à découvrir l'homme avant l'écrivain : un être modeste, affable et ayant un sens très développé de l'humour. Aussi, retiendra-t-on de son passage à Chlef (sur la photo on voit : Yasmina Khadra avec à sa gauche Mme Ait Saada ,
doyenne de la fac de lettres , et à sa gauche M. Kouadri Bouali , ex-professur de français, ndlr) ce bain de foule auquel on avait du mal à l'arracher, les blagues purement algériennes qui, par sa façon de les raconter, n'ont laissé personne indifférent, mais aussi et surtout sa générosité et la gratitude dont il a fait montre à l'égard d'un de ceux qui ont contribué à l'éclosion de son talent, en l'occurrence, Kouadri Mostefaoui Bouali, son ancien professeur à l'école des cadets.
L'écrivain, lui, reste sensible aux malheurs de l'Homme quel que soit l'endroit où il se trouve. Tout en se défendant d'être un moralisateur, il éveille le lecteur à sa condition en levant le voile sur les misères des uns et la folie des autres. Chaque roman devient un appel à la raison mais aussi à la sensibilité humaine pour qu'il y ait plus de compréhension et moins de malentendus dévastateurs. L'écriture de Yasmina Khadra devient, dès lors, une sonnette d'alarme qui réveille et dérange ceux qui sont bien installés dans leurs certitudes et qui ne voient l'Autre que sous le prisme de leurs caprices. Oui, Yasmina Khadra dérange par sa façon de mettre les plus nantis face à la vanité de leur course effrénée contre la montre en voulant aller plus vite que la musique ; et les moins chanceux face à leur résignation et à la méchanceté dont ils accablent injustement le Ciel.
Cela dit, Yasmina Khadra affirme ne pas accorder beaucoup de crédit à la critique universitaire faite souvent de verbiage inutile. Il lui préfère de loin celle de ses lecteurs, seuls agents capables d'offrir un succès permanent à l'œuvre indépendamment des calculs et des magouilles des Cercles d'initiés !
Mokrane Aït Djida
Enseignant au département de français, université Hassiba Ben Bouali de Chlef


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