Résolument offensif pour son meeting à Constantine hier, Abdelmadjid Menasra, président du Front du changement, entamera son discours par la phrase suivante : “C'est le peuple qui veut et non pas le président de la République ou le gouvernement.” Dans une salle comble, il s'en est pris particulièrement à ce qu'il appelle : “Les islamophobes parmi des officiels membres du gouvernement et des chefs de partis qui veulent nuire à l'islam.” Sous les applaudissements de la salle, il continue : “Sarkozy a perdu les élections parce que les Français savent qu'il est islamophobe et ils l'ont puni pour ça.” Menasra sait-il qu'il reste encore un deuxième tour de l'élection présidentielle française ? En tout cas, il ne s'arrête pas là, les cibles étaient clairement identifiées. Premier visé, l'ex-Alliance présidentielle. En effet, après avoir parlé durant plusieurs minutes des problèmes des jeunes, il attaquera tour à tour le RND, le FLN et l'Alliance de l'Algérie, sans les citer, il dira : “Nous sommes dans un pays musulman et je ne peux pas tolérer les discours de certains qui critiquent l'islam. Je constate qu'il y a une islamophobie électorale, lorsqu'un chef de parti nous dit de ne pas importer l'islam d'Arabie Saoudite, ou encore qu'il nous déclare que nous savons tous prier et faire les ablutions. L'islam n'est pas un candidat et il n'y a qu'un seul islam… Quant à ceux qui veulent instrumentaliser l'histoire de la révolution algérienne, je leur dis que cette histoire nous appartient à tous. Pourquoi mettent-ils les portraits du président de la République à chaque fois qu'ils font des discours ou des meetings ? Parfois j'ai l'impression que nous sommes dans une campagne présidentielle et non législative”, lâche-t-il. Le président du FC promet par ailleurs qu'une fois majoritaire, son parti enquêtera sur les dépassements des actuels ministres candidat à la députation, ceux qui mélangent “la politique et l'argent sale”, visant particulièrement celui qui “a mis sa photo à côté de celle de l'autoroute” estimant que tout cela est une forme de corruption. Plus surprenant encore, Menasra, en abordant le sujet de la corruption et de la fraude, lancera dans la foulée : “Comme disent les habitants de Jijel : on gagne on vous tue, on perd on vous tue. Nous allons mettre un terme à leurs pratiques et à la corruption. Les vérités sur les scandales d'El-Khalifa, de la Sonatrach et de l'autoroute Est/Ouest n'ont pas été encore dévoilées.” Sur la crise sociale et les problèmes des jeunes, Menasra désavoue les taux officiels de chômage de 10% et estime à ce sujet que l'Algérie ne doit pas fêter le 1er Mai, surfant sur la vague du populisme il déclare : “Les discours de promesses n'apporteront rien, comment se fait-il que le taux de chômage en Algérie soit pratiquement le même que celui de l'Union européenne ?” À la fin de son discours, il n'oubliera pas d'appeler ses militants d'aller voter massivement car, précise-t-il : “Il y a, certes, une manœuvre pour décourager les jeunes à aller voter, mais le boycott va leur donner raison.” D B.