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FAVORISER L'EMERGENCE DE CHAMPIONS NATIONAUX
CLE D'UNE ECONOMIE AUTO-ENTRETENUE
Publié dans Liberté le 20 - 06 - 2012

L'entreprise doit être au cœur des politiques économiques. Cette exigence nous rappelle que le bien-fondé des politiques de relance par la dépense ne peut pas faire oublier l'appel maintes fois lancé par les entrepreneurs et les analystes en faveur d'une politique de l'offre qui favorise l'émergence de champions.
LA RELANCE PAR LA DEMANDE DOIT LAISSER PLACE À UNE POLITIQUE DE L'OFFRE : PASSER DE LA POLITIQUE CONTRA - CYCLIQUE À LA POLITIQUE STRUCTURELLE
L'économie algérienne est sortie de la récession mais ses performances restent en deçà de ses potentialités : la croissance est molle ; le climat des affaires n'est pas favorable ; les entreprises nationales continuent de perdre des parts de marché ; les importations explosent, le climat des affaires décourage l'investissement ; la gestion du chômage fait office de politique de l'emploi.
On sait que la fin des années 1980 et le début des années 1990 ont été marqués pour l'économie algérienne par une sérieuse récession, accompagnée d'une forte inflation et d'un important chômage. L'étau de la dette publique, tant externe qu'interne, a contraint les pouvoirs publics à de sévères programmes de stabilisation macro-économique et d'ajustement structurel sous le contrôle du FMI. Ces programmes ont, certes, eu un fort coût social, mais la situation financière tant interne qu'externe du pays a été assainie et ces programmes ont permis, dans le sillage d'un marché pétrolier mondial favorable, de réunir les conditions d'un redémarrage de l'économie nationale.
En 2001, un premier plan de relance économique 2001/2003 (de 7 milliards de dollars) est adopté, suivi d'un second programme quinquennal de consolidation de la croissance 2005/2009 d'une enveloppe financière de 144 milliards de dollars et d'un troisième programme 2010/2014, encore en cours, d'une enveloppe de 286 milliards de dollars. Ces trois plans financés par le budget de l'Etat ont ciblé une relance par la demande fondée sur d'importants investissements publics, accompagnés d'une revalorisation salariale visant à stimuler la consommation. Les résultats obtenus sur la croissance ont été en deçà des attentes, mais ont tout de même atteint quatre points en moyenne annuelle sur la période. Cette croissance a cependant été à fort coût d'importations tant de biens et de services que d'activités de réalisation confiées à des entreprises étrangères.
En un mot, le multiplicateur a, semble-t-il, tout en produisant quelques effets, plus joué à l'extérieur qu'au sein de l'économie nationale. Celle-ci a été contrainte par l'absence d'une stratégie en faveur de l'entreprise algérienne pour l'aider à participer pleinement à la fabrication de la croissance, à la création d'emplois et à la contribution significative aux recettes fiscales ordinaires de l'Etat.
En un mot, la relance par la demande nécessaire et utile pour le redémarrage de l'économie a été décevante à cause de l'absence d'une politique de l'offre qui aurait permis à l'entreprise algérienne d'être pleinement un acteur dans le nouveau dynamisme attendu de l'économie nationale. Et cette politique de l'offre, en appui de la relance par la demande, était d'autant plus possible que les disponibilités financières du pays sont réelles. Aujourd'hui, l'ancrage dans la durée de la croissance économique et l'amélioration des scores atteints passent nécessairement par une politique de l'offre qui met l'entreprise - et notamment, l'entreprise privée qui réalise l'essentiel de la valeur ajoutée globale hors hydrocarbures- au centre des préoccupations de la politique économique.
QUE PEUT ÊTRE UNE POLITIQUE DE L'OFFRE DANS LE CONTEXTE ECONOMIQUE ACTUEL DE NOTRE PAYS ?
L'un des paradoxes de la relance économique algérienne est que, comme nous venons de le signaler, le multiplicateur joue à l'extérieur (ce que traduit l'explosion des importations) au moment même où des capacités de production oisives sont disponibles dans le pays. Cette relance mise en œuvre dès la fin de l'année 2001 bute aujourd'hui sur deux obstacles majeurs :
- L'insuffisance de l'offre expliquée déjà par toutes ces capacités oisives mais aussi par la faiblesse de l'investissement ;
- L'ouverture internationale et la déprotection de l'économie dans un contexte d'insuffisance de la compétitivité externe de l'économie.
À l'évidence, l'entreprise algérienne n'arrive pas à décrocher des parts ni sur son propre marché intérieur ni sur les marchés extérieurs. Derrière cette absence de compétitivité, il y a plusieurs facteurs qui plombent les performances de l'entreprise algérienne. Les économistes parlent ici d'absence de politique de l'offre. Rappelons que la politique de l'offre se fonde sur l'analyse selon laquelle la récession économique ou même la croissance atone s'explique par le découragement des entrepreneurs à livrer une bataille perdue d'avance pour cause de prélèvements obligatoires très lourds, de politique de crédit restrictive amplifiée par un système bancaire peu efficace, de marché du travail très rigide où les difficultés à recruter et à licencier sont réelles.
Ces caractéristiques se retrouvent bien évidemment dans le contexte économique algérien qui a en plus ses particularités pénalisantes : la mise à niveau des entreprises qui devait faire suite à l'ouverture de l'économie accuse un retard considérable, l'expansion du secteur informel met à bas la loi sur la concurrence et pénalise fortement le secteur des entreprises qui subissent une concurrence déloyale, la disponibilité d'une main-d'œuvre qualifiée est rare, la protection tarifaire est l'une des plus faibles sinon la plus faible du pourtour méditerranéen.
Par ailleurs, le climat des affaires est décourageant : la lourdeur des procédures, les difficultés d'accès au foncier industriel, l'absence de banque d'investissement sont des contraintes réelles et connues des entrepreneurs mais aussi des “policy makers". La politique de l'offre qui est attendue des pouvoirs publics doit viser à libérer l'entreprise de toutes ces contraintes : diminution de la pression fiscale, diminution des autres charges obligatoires, mise en place d'une politique de crédit moins restrictive avec abaissement des taux d'intérêt et assouplissement des barrières à l'accès au crédit bancaire, mise en œuvre d'un véritable programme pro-investissement où l'Etat joue le rôle de facilitateur et d'accompagnateur de l'investisseur privé national, flexibilité sur le marché du travail tout en assurant la sécurité du salarié, faciliter les recrutements mais aussi les fins de contrat qu'on doit amortir par des politiques de sécurisation des travailleurs. Est-il besoin de rappeler que la croissance économique se fabrique d'abord dans l'entreprise, la création de l'emploi aussi ? Il est dès lors temps que l'Etat élabore et mette en application une politique complète, cohérente et déterminée, en faveur de l'entreprise, une véritable stratégie d'appui à la PME. Bien évidemment, l'importance de la tâche et de son enjeu nécessite bien plus que le ministère actuel en charge de cette question, un ministère aujourd'hui bien marginal.
QUAND L'ETAT SEMBLE VOULOIR S'OCCUPER DE L'ENTREPRISE
Sous le flot continue de doléances des entrepreneurs privés et notamment les coups de boutoir du Forum des chefs d'entreprises ainsi que la répétition des critiques des leaders d'opinion qui appelaient le gouvernement à s'occuper de l'entreprise, celui-ci décide de tenir un conseil interministériel le 22 février 2011 qui est entièrement consacré aux problèmes que vit l'entreprise algérienne. Ce CIM décide de sept séries de mesures visant à “débloquer la situation" et à aider les entrepreneurs à redynamiser l'investissement, à redresser leurs entreprises et à construire des facteurs de compétitivité : le foncier industriel, l'accès au financement, les facilitations fiscales, la préférence nationale, le recrutement, la mise à niveau, l'encouragement des exportations hors hydrocarbures. Mais ces mesures sont loin de répondre aux véritables besoins des entreprises et ne pourront pas faire émerger des champions industriels.
L'ENTREPRISE PRIVEE ALGERIENNE SOUFFRE AUSSI DE LA NON-EVOLUTION DE SON STATUT FAMILIAL.
À toutes ces insuffisances dans la démarche du gouvernement en faveur de l'entreprise s'ajoute un autre handicap qui gène considérablement la dynamique entrepreneuriale.
Nous parlons ici du statut familial de l'entreprise privée algérienne. Nombre d'économistes voient ici la raison principale de la non-progression du secteur économique privé national. L'évolution dans leur mode de gouvernance paraît une nécessité si elles veulent se transformer en champions. Seuls quelques rares cas ont vu des entreprises algériennes commencer à le faire où en ouvrant leur conseil d'administration à des administrateurs indépendants et en adoptant des outils de gouvernance modernes. Mais la majorité d'entre elles restent confinées dans un mode de gestion traditionnel qui les condamnent à rester petites... et disparaître au moment de la transmission du patrimoine.
EN CONCLUSION
L'économie algérienne a besoin d'entreprises performantes. Le retard pris dans ce domaine est considérable et les politiques économiques actuellement en œuvre restent largement en deçà du défi qui nous impose de créer rapidement des champions. Des entreprises compétitives qui récupèrent leurs parts de marchés intérieurs et qui engagent la bataille de la conquête de débouchés extérieurs.
Les ressources existent, les entrepreneurs ont de l'envie, il reste au gouvernement à échafauder une stratégie de sortie du tout-pétrole. Et cette stratégie ne peut reposer que sur la réhabilitation de l'entreprise, de la production, et de la productivité.
A. B.
* Professeur en sciences économiques
Membre du comité exécutif
du think-tank Défendre l'Entreprise
http://defendrelentreprsie.typepad.com
(1) Le think-tank Défendre l'Entreprise a organisé le 24 mars 2011 un panel consacré spécialement aux résultats du CIM du 22 février 2011.
Le compte-rendu du panel peut être consulté sur le blog du think-tank :
http://defendrelentreprise.typepad.com


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