Deux ressortissants marocains ont déposé une plainte contre l'ambassade du Maroc à Bruxelles et ses services de sécurité à la suite d'une agression dont ils ont été l'objet, survenue le 4 novembre après-midi, lors d'une marche au rond-point Schuman à Bruxelles. Cette manifestation, qui a réuni quelques centaines de participants (200 selon les opposants, 2 500 selon les organisateurs) a été mise sur pied pour commémorer la “Marche verte" lancée par le roi Hassan II le 6 novembre 1975 dans le but d'annexer le Sahara occidental, territoire à l'époque occupé par l'Espagne. Ce jour-là, vers 14h30, deux Marocains, Mohamed Tsila opposant au régime exilé à Paris, et Tarik El Makni, membre du Mouvement du 20-Févier, se trouvaient précisément dans le quartier européen. L'un prenait des photos alors que l'autre filmait, intrigués par cette manifestation “pour la défense et l'intégrité territoriale du Maroc". Selon le journal bruxellois le Soir l'ambassade du Maroc avait “largement mobilisé" pour inciter les Marocains à participer à cette marche en précisant que Samira Sitail, l'épouse de l'ambassadeur du Maroc à Bruxelles, avait même poussé au recrutement de manifestants dans les quartiers populaires de la capitale. Quoi qu'il en soit, cinq membres des services de sécurité de l'ambassade ont invectivé ce dimanche-là les deux observateurs de la manifestation et la situation a vite dégénéré : l'un d'entre eux est poussé par derrière et tombe à terre alors que l'autre voit sa caméra jetée à quatre mètres de l'incident. Les victimes ont déposé plainte. “Il y a des témoins et nous avons des images concernant l'un des agents" de sécurité, expose Tarik El Makni, qui ajoute que le “message est clair : il fallait nous empêcher d'observer et de filmer la manifestation", mais “au-delà de la brutalité de la méthode, tout ça témoigne de la nervosité du régime sur le dossier du Sahara. Un régime aux abois, qui n'accepte pas la contestation, qui continue à contrôler et à emprisonner. Notre agression s'est produite à Bruxelles, dans la capitale de l'Europe. Qu'auraient-ils fait si cela se passait à Casablanca ou Rabat ?", questionne encore El Makni. A M