Pour bien repérer la destination de l'Etat algérien, il s'avère nécessaire de rappeler les conditions de démarrage des réformes. Les événements tragiques d'Octobre 1988 qui ont été caractérisés par un face-à-face entre la jeunesse et les forces armées, vont trouver un écho favorable auprès des responsables de l'époque et amener une nouvelle Constitution en 1989 qui va consacrer une tentative d'ouverture politique. Il faut dire que cette ouverture était également favorisée par un environnement international marqué par la Perestroika et la Glasnost à savoir les réformes et la transparence en Russie, ainsi qu'un mouvement irrésistible vers la démocratie et l'économie de marché dans les pays à régime socialiste d'une part, et la chute brutale des prix du pétrole en 1986, qui est venue frapper une économie déjà fragilisée par de mauvais choix de politiques économiques d'autre part. La Constitution de février 1989 est venue en réponse aux graves émeutes menées par les jeunes en Octobre 1988. En instaurant le multipartisme, cette Constitution va influencer considérablement le processus démocratique et accélérer l'ouverture économique. La thérapie de choc démocratique, née de la Constitution de 1989, a permis à un parti sur les 67 créés, de canaliser le mécontentement et se présenter comme seul capable d'enlever la légitimité de l'ancien système. Après janvier 1992, c'est la rectification vers une politique graduelle dans la transition politique et sans aller dans la thérapie de choc en économie, marquer un pas décisif vers les réformes économiques par la libéralisation du commerce extérieur, la convertibilité commerciale du dinar, le programme de lutte contre l'inflation, le rééchelonnement de la dette extérieure et le maintien des équilibres financiers intérieurs et extérieurs, à partir de 1994. Il faut dire que si l'option était louable, les résultats réalisés l'étaient beaucoup moins, parce qu'il y avait un formalisme dans le changement des normes et des procédures qui n'a pas abouti à la modification des comportements politiques. Cette époque a été marquée par des scandales au niveau de la justice, des scandales autour des comportements de responsables au niveau local et au niveau national, l'ampleur et l'étendue de la corruption, les calomnies dans la presse, le niveau décevant de l'organisation du travail parlementaire, la fraude électorale, la situation désastreuse des finances des collectivités locales. C'est en prenant acte de ces contre-performances que le Président de la République en exercice a appelé à des élections présidentielles anticipées en avril 1999. Cette décision a été proposée pour passer à “une étape qualitative nouvelle pour le pays et l'ancrage de l'alternance au pouvoir", selon l'expression même du Président sortant. A jeudi prochain, pour la suite de notre analyse. Entretemps, débattons sur les meilleurs moyens d'avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les Algériens! A la tentation du pessimisme opposons la nécessité de l'optimisme ! A B