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A. Seddiki, ancien parlementaire (*), à “Liberté"
“Corruption en Algérie, sur ordre, en toute impunité, au nom du mentor"
Publié dans Liberté le 13 - 03 - 2013

Liberté : En votre qualité d'ancien membre du CNT, siégeant dans la commission des finances, aviez-vous eu vent des problèmes de corruption à l'époque ?
A.Seddiki : à l'époque, l'Algérie était en butte à d'autres préoccupations. Terrorisme, ajustement structurel, endettement extérieur... Bien évidemment, Ie phénomène de la corruption existait déjà, mais dont l'ampleur n'était pas mesurée à sa juste valeur et qui, en dehors de certaines “élites", ne constituait pas nécessairement la priorité de la société, qui était confrontée à la violence. Mais ce fléau, qui n'est pas propre à notre pays, revêt un caractère universel. La Banque mondiale le définit comme “l'utilisation de sa position de responsable d'un service public à son bénéfice personnel". La corruption serait donc le fait d'exercer un “pouvoir" à son profit. L'acte corruptif et “corruptophile" se réalise en contrepartie d'un service, d'une promesse, d'un cadeau, d'un avantage ou d'une somme d'argent. Ainsi, il apparaît que la corruption est en relation directe avec l'administration, les institutions de l'Etat et leurs agents, notamment ceux qui disposent de “pouvoirs" d'exécution et qui abusent de leur position dominante. La corruption a existé et existe dans tous les pays du monde à des degrés divers. Elle devient plus importante dans les pays où il existe une administration bureaucratique, tentaculaire, liée objectivement à des lobbys ou des groupes d'intérêts nationaux privés et publics ainsi qu'à ceux des multinationales. Ces “affaires" prolifèrent dans les sphères économiques et financières ; souvent en connexion avec les détenteurs du pouvoir politique, notamment dans les pays en développement. Ce qui peut expliquer en partie les causes des scandales qui surgissent chez nous, au-delà de la nature rentière de notre économie.
Quels sont, selon vous, les domaines les plus enclins à ce genre de dérives ?
Les secteurs qui semblent les plus touchés par la corruption en Algérie et dans le monde sont notamment :
- Le secteur de la défense, en particulier celui de la vente et de l'achat d'armements.
- Le secteur des énergies.
- Le secteur de la construction de logements et de leur distribution.
- Le secteur des grands travaux d'infrastructures de base.
- Le secteur des finances, des domaines fonciers et des banques.
- Les secteurs de la police, de la gendarmerie, des douanes, des impôts, de la justice, etc.
En fait, la corruption revêt de nombreuses facettes, touche à de nombreux domaines et rien n'arrête l'ingéniosité des corrompus et des corrupteurs pour imaginer des montages et des techniques de plus en plus sophistiquées pour contourner les lois et les règlements. Leur but est de s'enrichir sur le dos de l'Etat et des citoyens.
Au plan législatif et réglementaire, les garde-fous ont été implantés. Alors que se passe-t-il ?
Effectivement, il existe dans notre pays tout un arsenal de textes législatifs et réglementaires et aussi des organes destinés à lutter contre la corruption sous toutes ses formes. Mais chacun sait que, dans le domaine de la corruption, il est difficile de réunir des preuves pour des opérations financières réalisées en Algérie et à l'étranger. La corruption se concrétise à travers des réseaux et des circuits complexes (sociétés-écrans, prête-noms, prise d'actions anonymes, placement de capitaux au niveau des paradis fiscaux...). Heureusement que pour un bon nombre parmi les corrompus, le “sentiment d'impunité" qu'ils éprouvent, découlant souvent du “sentiment de puissance" qu'ils ressentent au travers des hautes fonctions qu'ils exercent, leur font commettre des erreurs qui permettent de les confondre, de les appréhender et de les juger. Quant aux témoins, ils sont neutralisés par les déclarations récurrentes (ces mythes destructeurs qui ont pour objectif de leur faire peur et d'annihiler leur volonté de parler ou de témoigner). C'est ainsi que le “corrompu" serait un allié ou un membre d'un clan fortement représenté au plus haut niveau de l'Etat, ce qui a conduit à sa nomination afin qu'il opère, en toute impunité, sur ordre et au nom de son mentor.
Le président de la République est monté au créneau en se démarquant de ses anciens collaborateurs impliqués dans des scandales financiers. Pourra-t-il, selon vous, aller au bout de “sa révolte" ?
Le président de la République doit aller au bout de “sa révolte", comme vous dites, et être en permanence en première ligne. Car il ne doit y avoir aucun doute que la lutte contre la corruption, sous toutes ses formes, est l'affaire de l'Etat tout entier. Comme on ne peut, en aucun cas, laisser croire une seule seconde que ceux qui auraient transgressé les lois, qui auraient trahi la confiance du Président, du gouvernement, du Parlement et qui auraient triché et menti à tout le monde puissent bénéficier de la moindre mansuétude d'une quelque partie qu'elle soit. Au demeurant, l'affaire Sonatrach 2 connaîtra dans les prochaines semaines une “accélération", selon le communiqué du procureur général près la cour d'Alger. Souhaitons que cela relève d'une réelle volonté politique de lutter contre la corruption.
Comment voyez-vous les suites à ce mal que les Algériens condamnent ?
Les Algériens condamnent ces comportements qui ont pour but l'enrichissement injustifié, illicite et illégal en détournant l'argent de l'Etat et de la collectivité nationale. Ils n'acceptent pas, non plus, d'avoir l'impression que la corruption est partout, du sommet à la base, comme il se dit. Pourtant, pour lutter contre la corruption, les textes existent, les organes existent et la “volonté" existe. Mais apparemment, cela n'est pas suffisant ! Par exemple, la Cour des comptes et l'IGF (Inspection générale des finances) ne jouent pas pleinement leur rôle. Volonté politique ? Manque de personnels qualifiés ? Pourtant leur mission principale est la préservation des deniers publics à travers leurs missions statutaires – la vérification, le contrôle, l'alerte, le conseil, l'assistance et la publication de rapports. Or ces rapports ne sont pas publiés dans leur intégralité, notamment leurs conclusions. Les parlementaires, les fonctionnaires, les organes publics et privés, toute la presse ainsi que tous les citoyens doivent pouvoir accéder à ces rapports dans leur intégralité, y compris leurs conclusions. La force d'un Etat de droit est de reconnaître ses erreurs et de les rectifier, en traduisant notamment devant les tribunaux ses agents “indélicats" quel que soit leur rang. Les Algériens doivent savoir qui a été mis en cause et pourquoi a-t-il été traduit en justice ? A-t-il été condamné ? Le rôle des médias publics, notamment la télévision, compte tenu de son impact sur l'opinion, est en deçà de leur mission de service public; alors qu'ils auraient dû être à la tête de la lutte contre la corruption. Sinon, la rumeur prendra le dessus et disqualifiera toutes les institutions de l'Etat. Aujourd'hui, nous avons gagné la bataille contre le terrorisme, il nous reste à gagner, tous ensemble, la grande bataille contre la corruption et de relancer notre économie hors hydrocarbures, sur des bases saines, dans un Etat de droit qui garantit la transparence dans la gestion des affaires de la “cité".
(*) Abdelkrim Seddiki, ancien membre du CNT
(Conseil national de transition)
[email protected]


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