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La chanteuse kabyle Tenna à ‘‘Liberté''
“La chanson kabyle connaît des moments de stagnation"
Publié dans Liberté le 05 - 05 - 2013

Après la sortie de son dernier opus “ddidicen (blessures), en avril 2012, la chanteuse kabyle, originaire de Bouzguène, travaille actuellement à pied d'œuvre pour concocter un nouvel album. Cette chanteuse au chant à la fois ancestral et contemporain, a marqué ses débuts dans la chanson depuis son jeune âge à travers les accompagnements qu'elle a accordés aux grands chantres de la chanson kabyle tels que, Chérif Khaddam, Iddaflawen, Takfarinas et Ali Amran.
“Liberté" : Vous préparez un nouvel album...
Tenna : C'est un album composé de huit chansons, sa sortie est prévue en septembre Intitulé “Tafsutnni", (ce printemps), la thématique choisie pour cet opus concerne la Kabylie. Je suis en train de l'enregistrer au studio Nating en région parisienne. Mon musicien arrangeur n'est autre que mon époux Tigrini Mhenna, un musicien qui est pour beaucoup dans la modernisation de la chanson kabyle. J'ai aussi travaillé avec les paroliers Ameziane Kazzar, Mouloud At Ammar, Arezki Rabia. Dans cet album, je veille à garder l'âme kabyle dans mes chansons tout en ayant du respect pour ses racines.
Quelle est l'originalité de cet album?
Contrairement au dernier album qui contenait beaucoup de reprises, je n'ai pas eu la liberté de faire ce que je voulais, sous peine de choquer. En revanche, cet album, musicalement parlant est un ensemble de compositions qui contient beaucoup de contrevoix, ce qui est inhabituel dans la chanson kabyle en général et féminine en particulier. Alors, j'ai pris toutes mes libertés et je m'en suis donné à cœur joie sur les polyphonies dans l'interprétation des chansons.
Comment envisagez-vous de moderniser la musique kabyle?
La sortir de son carcan, et lui permettre de se frotter aux musiques du monde sans jamais perdre de vue qu'on chante en kabyle et qu'il est nécessaire de sauvegarder l'âme et la mélodie kabyles. Il faut dire que la chanson kabyle connaît des moments de stagnation pour cause d'émergence d'autres styles comme le raï et l'oriental lesquels ont envahi le marché, ce qui a poussé nos artistes vers la sortie. Aujourd'hui, il y en a pour tous les goûts, chacun y trouve son compte.
Il y a une nouvelle catégorie de chanteurs...
Ces chanteurs existent et ont leur public, d'ailleurs ils sont très prisés dans les fêtes et les galas. Mais il y a aussi une autre catégorie de chanteurs qui a vu le jour ces derniers temps. Ils s'appuient énormément sur le texte comme, Amar Amarni, Mohsa, Kamel Iflis, Ali Amran. Ce dernier (Ali Amran) je l'ai rencontré en 1994 lors de son enregistrement au studio Yugurtan avec mon mari Mhenna, et depuis il n'a pas cessé de travailler et de prendre la chanson au sérieux.
Comment Tenna arrive-t-elle à cumuler le chant, la vie professionnelle et la besogne ménagère ?
Tant bien que mal. Je jongle comme toutes les femmes qui ont des passions autres que les enfants et le travail. J'ai de la chance d'avoir un studio d'enregistrement dans la cave de ma maison et je fais, généralement, mes enregistrements pendant le week-end et la période des vacances scolaires.
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