Carnage dans le métro de Moscou

Les autorités russes n’excluent pas la piste des indépendantistes tchétchènes.
Les Moscovites ont été brusquement réveillés, hier matin, par une puissante détonation provenant de la station de métro sud de Moscou. Un attentat à l’explosif a été perpétré à 8h40 heure locale (5h40 GMT), en pleine heure de pointe dans une rame du métro de la capitale russe. Le premier bilan officiel dressé par les autorités russes avoisine les trente morts, alors que des secouristes sur les lieux du drame, cités par l’agence russe Itar-Tass, ont avancé que le compte macabre pouvait atteindre 50 victimes.
Un porte-parole du ministre des Situations d’urgence a affirmé qu’il était difficile d’établir un bilan précis, en raison du nombre important de lambeaux de corps dispersés sur les lieux de la déflagration. Selon la même source, le nombre de blessés s’élève à une centaine. Le chiffre risque tout de même d’être revu à la hausse. La charge explosive de l’attentat équivaut, selon le porte-parole de la police de Moscou, à un kg de TNT qui “se trouvait probablement sur un terroriste kamikaze�. Aussi, faut-il savoir que la déflagration s’est produite à une heure de grande affluence où les Moscovites se rendaient à leur travail. L’explosion a été perpétrée dans le deuxième wagon d’une rame de métro, entre deux stations au sud de la capitale, Paveletskaia et Avtozavodskaia.
Elle a été suivie d’un tragique incendie dans le tunnel où s’est retrouvée coincée la rame qui allait en direction du centre-ville. Les témoignages des rescapés rapportés par les agences de presses internationales confirment, on ne peut mieux, de l’horreur et de la frayeur de l’attentat.
Des fragments de corps déchiquetés et des morceaux métalliques de la voiture ciblée se mêlent à même le sol du tunnel. Des images insoutenables et des scènes d’horreur, racontent-ils. En attendant la revendication officielle de l’attentat, la piste commanditaire retenue pour l’heure est les groupes indépendantistes tchétchènes. Le président russe Vladimir Poutine a cité la région du Caucase dans sa déclaration faite immédiatement après l’attentat. “Si nous unissons nos efforts bilatéraux, nos efforts dans le Caucase dans son ensemble et également nos efforts internationaux, je ne doute pas que nous gagnerons ce combat�, a affirmé le premier responsable du Kremlin dans son appel lancé à la communauté internationale pour combattre “la peste du XXIe siècle�, le terrorisme. En mentionnant le Caucase, Poutine faisait allusion vraisemblablement aux indépendantistes tchétchènes. En outre, la piste “wahhabite� n’est pas également exclue, selon une source du ministère de l’Intérieur citée par l’agence Itar-Tass. Pour l’heure, la police russe a lancé une opération de recherche de trois personnes “d’apparence caucasienne�, et ce, à la faveur de portraits robots établis grâce à des témoignages d’une employée de la station de métro près de laquelle a été perpétré l’attentat. Ces trois personnes, un homme et deux femmes, ont été vues dans la station juste avant la déflagration. Il faut néanmoins rappeler que les Moscovites vivent depuis un an au rythme des vagues d’attentats meurtriers. Le dernier en date remonte au 9 décembre dernier où un attentat suicide perpétré par une femme, avait fait 5 morts et 14 blessés devant un grand hôtel dans le centre de Moscou en face du Kremlin. En outre, entre les 23 et 26 octobre 2002, les Russes se souviennent encore des 41 commandos tchétchènes qui avaient pris en otages pendant 57 heures 800 personnes dans un théâtre de la ville.
Ce jour-là , quelque 129 otages ont été tués par les gaz utilisés lors de l’assaut par les forces spéciales russes. Le métro moscovite avait été déjà le théâtre d’un attentat à l’explosif en 1996. Le bilan était de 4 morts et 12 blessés.
R. H.
Poutine accuse les Tchétchènes
Le président russe, Vladimir Poutine, a dénoncé, hier, la “terreur� semée, selon lui, en Russie par les indépendantistes tchétchènes, et a souligné qu’il leur mènerait une guerre sans merci, excluant toute négociation, quelques heures après un attentat qui a fait, de sources officielles, 39 morts à Moscou. “Le fait même qu’après de tels crimes des appels sont lancés en faveur de négociations avec (le président indépendantiste tchétchène Aslan) Maskhadov prouve indirectement que les gens qui lancent ces appels lient Maskhadov et ses bandits au terrorisme�, a déclaré M. Poutine.
“Nous n’avons besoin d’aucune confirmation, nous savons, à coup sûr, que Maskhadov et ses bandits sont liés à cette terreur�, a-t-il ajouté. “Je n’exclus pas que la question du terrorisme et de la nécessité de négociations en Tchétchénie soit utilisée dans le cadre des débats pour l’élection du président de la Fédération de Russie� le 14 mars prochain, a-t-il encore dit.
“Mais le principe universellement reconnu de la lutte contre la terreur est le refus total de tout dialogue quel qu’il soit avec les terroristes, car tout contact avec les terroristes les encourage à commettre des crimes encore plus sanglants�, a ajouté M. Poutine. “La Russie ne l’a pas fait et ne le fera pas. La Russie ne mène pas de négociations avec les terroristes, elle les élimine�,a-t-il enfin déclaré.