Bouteflika retrouve sa zaouïa

Visite du Président à Sidi Bel Abbès

Les visites du président de la République se suivent et se ressemblent : un bain de foule par-ci, quelque deux ou trois inaugurations par-là et au bout, un petit “pactole� qu’on distribue aux autorités locales que Zerhouni inscrit dans le cadre, selon le jargon officiel usité, du budget complémentaire alloué aux wilayas. Et Sidi Bel Abbès, la ville qui a accueilli, hier, Abdelaziz Bouteflika n’a pas dérogé à la règle. Même décor et mêmes slogans.
À telle enseigne que l’on est immanquablement appelé à s’interroger sur cette étrange similitude entre les diverses escales du président de la République. D’ailleurs, il y a même une curiosité : un homme, la quarantaine consommée, que les mauvaises langues qualifient de proche de Saïd Bouteflika, vu pratiquement dans plusieurs wilayas, est chargé d’une seule mission, amuser la galerie. Enthousiasmé à souhait, notre bonhomme s’évertue tout le long de l’itinéraire qu’emprunte le Président pour ses bains de foule, à chauffer la foule aux cris de “ouhda thania�.
Comme les autres wilayas, Sidi Bel Abbès a été, hier, fidèle au rendez-vous. Même si la population, de l’avis de nombreux observateurs locaux, n’a pas été présente dans les mêmes proportions que lors de la première visite en 2002, il faut dire que l’ambiance et les couleurs y étaient. Portraits géants, slogans où l’on notait, notamment, le nom de nombreuses associations telles que l’union générale des étudiants algériens (UGEA), l’UNFA, et les troupes folkloriques dont certaines sont venues de Mascara et de Oum El-Bouaghi, meublaient le boulevard du centre-ville où Bouteflika s’est adonné à son péché mignon : l’attrait des foules.
Et comme ailleurs, il aura droit à la “pluie� des motions de soutien de la part des élus locaux arborant des pin’s à l’effigie de Bouteflika. Ils seront 52 P/APC dont 30 du FLN aile “redresseurs�, selon une source locale, à lui apporter leur soutien au nom de “la population locale�. Seule particularité de cette escale à Sidi Bel Abbès, le “pèlerinage� effectué à la zaouïa Tidjania, la plus grande confrérie au monde. Située dans la commune de Ras El-Ma, distante de quelque 90 km au sud de Sidi Bel Abbès, la Tidjania dont on apprendra, au passage, qu’elle compte parmi ses adeptes un certain... Abdelaziz Bouteflika, lui exprimera son indéfectible allégeance. “Il y a une relation spirituelle entre nous et le Président�, affirme, non sans quelque fierté, Sidi Mohamed Tahar Tidjani, descendant du chef spirituel de la confrérie. “C’est une protection pour toi�, dit-il encore lorsqu’il offre un burnous à son hôte du moment. “La zaouïa tidjania apporte son soutien à Bouteflika�, était-il écrit sur une banderole accrochée à l’entrée de l’édifice religieux. À quelques mètres de là , loin des yeux du Président et que personne ne verra, une dizaine de jeunes, juchés sur une terrasse, arboraient des banderoles sur lesquelles on notait notamment “non à la hogra�, “non à la trahison et non à la corruption� ou encore “non à la dictature� et “non au despotisme�. Leurs cris de détresse se noient dans le brouhaha de la foule.
Le reste de la visite comme de coutume sera ponctué par le lancement de nombreux projets dont le plus important est le contournement de l’oued Mekerra.
À noter que la wilaya de Sidi Bel Abbès a bénéficié de la coquette somme de 627 milliards de centimes. Par ailleurs, lors du point de presse traditionnel, Yazid Zerhouni a réitéré que l’interdiction du brûlot de Benchicou, Bouteflika, une imposture algérienne, s’est fait dans “un cadre légal�. “Il y a des situations où la police judiciaire et la justice s’autosaisissent�, a-t-il dit. Zerhouni ajoute “qu’il n’a pas peur d’un livre plein de mensonges�.
Enfin, il a indiqué que Bouteflika a jusqu’au 23 février pour annoncer sa candidature alors que, par ailleurs, il a exclu la réédition de l’épisode de 1999 lorsque les candidats se sont retirés de la course. Selon lui, il n’y a que ceux qui n’ont pas réussi à atteindre les fameuses 75 000 signatures qui se sont retirés de la course.
K. K.