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L'ARTISTE PEINTRE ABDELALI BOUGHRARA (1950-1997)
Qui se souvient de Boug ?
Publié dans Liberté le 02 - 01 - 2014

L'artiste a inscrit son œuvre dans la lignée des surréalistes, et a revendiqué le surréalisme comme le courant déterminant son parcours artistique qu'il ne quitte plus jusqu'à sa disparition en juin 1997. Retour sur le parcours atypique d'un des enfants terribles de Batna.
Connue et reconnue par ses artistes peintres, la cité s'est forgée la réputation de ville de plasticiens durant les années 1970/ 80, qui ont hissé Batna au rang de la capitale des arts plastiques. Paysage auressiens, femmes chaouies, fête auressienne, la texture, la couleur, les nuances, mais surtout les paysages des Aurès (Ghouffi, Amendhan, Tader n'Tsslith, Warka) étaient source d'inspiration et repris fidèlement par plusieurs artistes, aussi bien autodidactes ou ayant fréquenté les écoles des Beaux Arts.
Parmi ces enfants terribles de la palette chaouie, le défunt Merzouki Chérif, le défunt Tamine Abdou, Menoubi Chérif, Belakh, Houara... Leurs œuvres ornent les cimaises des grandes salles d'exposition, mais sont aussi jalousement gardées par des connaisseurs et collectionneurs, aussi bien en Algérie qu'à l'étranger. Cependant, il existe un artiste outsider de son époque : le défunt Boughrara Abdelali dit Boug, car c'est de lui qu'il s'agit. Il avait emprunté un autre chemin ; loin de l'impressionnisme et du réalisme, s'aventurant ainsi loin des sentiers battus pour taquiner le surréalisme connu comme étant d'abord un mouvement culturel. Et la culture, ce n'est pas ce qui manquait à Boug !
Artistes, collectionneurs, proches, amis, tous diront la même chose à son sujet à propos de la culture : "Boug est d'une grande et vaste culture". C'est ce qui revient le plus dans les propos de ceux à qui on a demandé de nous parler de ce surréaliste hors pair. Né en 1950 à Batna, et décédé en juin 1997 à Alger, Boug était issu d'une famille modeste mais où l'art avait sa place, le cinéma et la musique faisaient bon ménage, les frères de Boug étaient dans son sillage.
En 1958, il part en Allemagne avec ses parents et ses deux jeunes frères et y vit jusqu'en 1961. Il y découvre les contes de Grimm, Gulliver et Stevenson. Il poursuit ses études de collège dès son retour au pays natal où les parents se réinstallent à Batna. C'est au lycée Ben-Boulaïd -l'unique de l'époque- où il décroche son baccalauréat branche lettres et philosophie. Il rejoint l'université Mentouri de Constantine où il s'inscrit pendant une année en sociologie avant de se consacrer totalement à l'univers pictural.
En 1973, il repart en Europe dans le but et l'espoir de découvrir ou redécouvrir des horizons qui vont lui permettre d'enrichir sa palette : Paris, Londres, Amsterdam, Vienne, Bruxelles...
Un peintre surréaliste
Totalement subjugué et obnubilé par les sonorités de la poésie d'Eluard et Breton, de la rythmique onirique de Juan Miro et Yves Tanguy, il inscrit dès lors son œuvre dans la lignée des surréalistes et revendique le surréalisme comme le courant déterminant son parcours artistique qu'il ne quitte plus jusqu'à sa disparition.
Il peint alors des œuvres grâce auxquelles il acquiert une notoriété sur l'autre rive de la Méditerrané. Epris et séduit par la magie du septième art, et particulièrement par le néoréalisme italien, en vogue à l'époque, il fait des études dans le domaine de cinématographie dans l'espoir de devenir réalisateur. De retour en Algérie, Boug fait connaissance et rencontre les pionniers de l'art moderne dont Issiakhem ou Mohamed Racim, respectivement ils lui préconisaient de peaufiner son talent et de ne point réfuter l'étiquète de peintre surréaliste, ce qui n'était pas évident dans le contexte de l'époque. Ses œuvres évoquent des thèmes de psychanalyse chers à Freud. On peut citer La Conscience, l'Antimonde, le Retour, la Gestation, le Rêve, l'Arbre de la vie, l'Angoisse ou encore l'Equilibre. L'artiste s'intéressait énormément à certains thèmes, et il en a fait siens notamment la vieillesse, la fécondité, l'utopie, la mémoire.
En outre, la littérature était sa principale source d'inspiration, dans un rythme bien précis : lecture, gestation, accouchement. Il aimait, même adorait, composer des univers mêlant palette orgiaque et narration non sans intrigue. Ses œuvres se trouvent à Alger, Tunis, Aix-en-Provence, Bruxelles... essentiellement chez des collectionneurs qu'il a connus et côtoyés. Dans sa ville natale, Batna, ceux qui l'ont connu estiment qu'il y a occultation et ingratitude envers un fils de la région qui, de son vivant n'avait ménagé aucun effort pour que l'actuelle Ecole des beaux-arts ouvre ses portes dans la capitale des Aurès, sachant que c'est l'administration de ce même établissement qui lui avait refusé un poste de travail qui lui revenait de droit, ou encore la Maison de la culture où il a travaillé tant d'années effacées par l'insouciance et l'inconscience.
Un artiste oublié
Approché par nos soin, un ancien ami de l'artiste, Abdelwahab Hammoum, journaliste à la Radio nationale, nous a confié que "c'est un homme d'une grande culture comme on n'en voit plus de nos jours. Etant dans le domaine de l'art plastique, cela n'empêchait aucunement Boug de s'intéresser au cinéma, à la littérature, à l'histoire. Et sa culture lui donnait une avance extraordinaire sur ceux de sa génération. Il faisait -et c'est tout en son honneur- avec le défunt Merzouki, le sculpteur Demagh, le peintre Belakh, à un certain moment, la fierté des Aurès. Ils ont constitué l'âge d'or des arts plastique dans la région et en Algérie". Pour sa part, son fils Racim, titulaire d'un doctorat de lettres modernes de l'université de Lyon (France), nous dit, non sans avec une grande amertume : "Mon père est quasiment effacé de la scène culturelle et artistique dans son propre pays et ville, lui qui était pionnier du mouvement pictural dans les Aurès. Je n'ai jamais vu une telle ingratitude ! Chez certains intellectuels, du moins ceux qui l'ont connu, on repère une certaine reconnaissance du talent du défunt mon père, un témoignage de l'ampleur de sa culture, une affirmation de son humanisme ; néanmoins, tous ces témoignages verbaux restent de l'ordre du souvenir et de la nostalgie, car il n'y a aucune réelle volonté à conserver, à enseigner, à transmettre le savoir, le génie et tout l'amour qu'avait mon père pour son pays. Aucun édifice culturel à Batna ne porte de nom ; l'autorité locale refuse d'en donner, allez comprendre ! C'est lamentable. J'aurais aimé savoir pourquoi nul hommage ne lui a été rendu, cela fait bientôt 20 ans qu'il est parti au ciel". Le doyen des sculpteurs de Batna Mohamed Demagh porte l'estocade et enfonce le clou quant à l'amnésie générale et généralisée. Il dit à ce sujet : "Ce n'est pas la perte d'un grand artiste qui est la plus pénible, mais l'insolence, l'indifférence et la sourde oreille qui font le plus mal. Je pense que cette arrogance n'est qu'une forme d'ignorance. Boug est encore vivant dans nos cœurs et notre mémoire". Comme une lueur d'espoir dans les ténèbres, à la direction de la culture de Batna, une initiative a vu le jour pour l'organisation avec la famille du défunt d'un hommage à l'hauteur de l'homme et de l'artiste qui nous a quittés il y a déjà plus d'une vingtaine d'années ; que cela se concrétise et ne soit ni éphémère ni occasionnel !
R. H
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