Au-delà du doute

Le terrorisme est le même, indépendamment de sa couleur idéologique et de son implantation géographique. Il n’y a pas d’échelle dans la barbarie.
La douleur du peuple espagnol, frappé jeudi au cœur, n’a de mesure que cette gigantesque marée humaine qui avait spontanément envahi les rues pour dire en chœur : “Basta�. Tout le royaume était à l’unisson, le temps d’une soirée historique, pour dénoncer la bête immonde qui a tué deux cents innocents. Il se trouve que cette bête n’a pas de visage, n’a pas de nom.
D’où le doute qui vient attiser la douleur et empêcher les familles de faire le deuil. Sauf que dans ce cas précis, le doute ne procède pas d’une fatalité, mais il est entretenu à dessein.
Le Premier ministre espagnol, qui a fait de la lutte contre le terrorisme basque un axe fort de sa démarche, a d’emblée orienté les soupçons sur l’ETA, allant même jusqu’à instruire ses ambassadeurs pour accréditer cette piste et pas une autre. Les responsables des organisations terroristes basques ont beau décliner leur responsabilité, mais rien n’y fit devant la ténacité d’Aznar qui refusait de voir dans la tuerie de Madrid la main d’Al-Qaïda.
C’est qu’il y va de l’avenir politique de son parti, engagé, pendant ce temps, dans la course aux législatives. Mais les derniers développements, notamment les propos du citoyen marocain qui a revendiqué les attentats, au nom du porte-parole militaire d’Al-Qaïda en Europe, change totalement la donne et ne permet plus au gouvernement espagnol de cacher la vérité à son peuple.
Mais au-delà de cette polémique autour de l’identité des tueurs, qui reste bien entendu un élément fondamental, c’est de se dire que le terrorisme est le même, indépendamment de sa couleur idéologique et de son implantation géographique. Il n’y a pas d’échelle dans la barbarie. C’est cette conviction qui doit sous-tendre toute démarche efficace de lutte antiterroriste. Notre pays, pour avoir fait longtemps l’objet “d’approche spécifique� en sait quelque chose.
N. S.