L'acteur algérien Nabil Asli s'est illustré en interprétant avec justesse le rôle d'un homme tourmenté par sa stérilité dans le long métrage de fiction La preuve, de son compatriote Amor Hakkar, projeté vendredi soir à Alger en compétition officielle au 2e Festival du cinéma maghrébin. Pour son deuxième grand rôle au cinéma après Le repenti (2012) de Merzak Allouache, le jeune acteur crève l'écran dans le rôle de Ali, un chauffeur de taxi de Khenchela, amené à sacrifier son bonheur familial à cause de sa honte à avouer à ses proches son incapacité à avoir des enfants. Dans ce film de 95 mn sur un sujet de société rarement abordé, Amor Hakkar a choisi de baser la trame sur les conséquences des mensonges de Ali, accusé à tort d'avoir mis enceinte une jeune femme qu'il a transportée de Batna où il était parti effectuer des analyses médicales à l'insu de son épouse. Beau-père aimant de deux petites filles que sa femme a eu d'un précédent mariage, Ali est confronté au dilemme d'avouer sa stérilité en montrant les résultats de ses analyses ou de risquer la prison en endossant cette "infidélité" qu'il est, de fait, incapable d'avoir commise. Avec une attention particulière accordée aux tourments intérieurs du personnage, le cinéaste multiplie les gros plans sur le héros, une occasion pour son interprète de montrer toute l'étendue de son talent, avec un jeu sobre dans les gestes et les paroles, tout en communiquant au spectateur la forte charge émotionnelle de ce rôle "difficile", ainsi qualifié par Nabil Asli. "Nous avons beaucoup travaillé sur les détails pour chaque scène, avec le réalisateur et la co-scénariste Florance Bouteloups", explique Nabil Asli en parlant de ce rôle chargé d'émotion et de "matière" cinématographique. Quant au cinéaste, il préfère parler de la "douleur terrible" vécue par son personnage, une réalité "peu évoquée" pour les hommes dans la société algérienne par rapport à la stérilité chez les femmes, selon lui. Né en 1980 à Koléa (Tipasa), Nabil Asli a d'abord été comédien au Théâtre national algérien après des études d'arts dramatiques à Alger. En plus de rôles dans des films de Merzak Allouache (Harraga 2009, Normal 2011), il est également le héros de Djornane El Gusto, une émission de satyre politique à succès, diffusée durant le mois de Ramadhan sur une chaîne privée de télévision. Projetée en avant-première au Maghreb, La preuve, sixième œuvre de Amor Hakkar, avait été précédée du film Bastardo, du Tunisien Nejib Belkadi, également en lice pour l'Amayas d'or. Inauguré mercredi, le 2e Festival d'Alger du cinéma maghrébin se poursuivra jusqu'au 11 juin à la salle El-Mouggar et à la cinémathèque d'Alger avec 38 œuvres maghrébines en compétition dans trois catégories. R. N./APS Nom Adresse email