Djamel Taleb, le “martyr� de Djelfa

Après son immolation à la Maison de la presse

Après avoir suivi des soins intensifs pendant trois jours à la clinique Pasteur à Alger, suite à sa tentative de suicide en s’immolant dans la Maison de la presse, mardi passé, Djamel Taleb, âgé de 40 ans, a rendu l’âme, avant- hier. Il sera inhumé aujourd’hui dans sa ville natale. Hier, la ville de Djelfa était marquée par le deuil, et particulièrement la cité du 5-Juillet — le quartier de Djamel —. Les jeunes, qui ont manifesté avec violence leur solidarité avec l’enfant du quartier dans la nuit de mercredi, étaient abattus, en apprenant la tragique nouvelle du décès de leur ami. Ils se sont regroupés tôt le matin près de la maison du défunt, ils sont sous le choc, ils n’arrivent pas à croire ce qui vient d’arriver à Djamel, leur ancien entraîneur de Karaté, ils s’impatientent déjà à voir son corps…�Djamel est un martyr ! il s’est sacrifié pour dénoncer l’injustice qui règne chez nous !�, s’écrit Ahmed, les larmes aux yeux…
Le climat, à l’intérieur de la maison de la famille Taleb, était insupportable. Les cris et les pleurs des femmes et des petits n’avaient pas cessé un seul instant. La fille du défunt venait d’ailleurs d’être évacuée vers l’hôpital après s’être évanouie. La mère de Djamel, qui venait de rentrer d’Alger, après avoir passé trois jours aux côtés de son fils jusqu’à son dernier souffle, était tellement abattue qu’elle ne pouvait plus tenir debout. Son père, un ancien moudjahid et policier, devait rentrer à Djelfa avec la dépouille mortelle tard dans la nuit.
L’enterrement aura lieu aujourd’hui et il risque d’y avoir des manifestations, selon plusieurs observateurs. L’affaire de Djamel semble concerner tout le monde “nous sommes convaincus que Djamel est victime d’une injustice !� s’écrie un voisin du défunt…
L’histoire de Djamel Taleb, 40 ans, père de trois enfants, remonte à deux années, quand il a commencé à avoir des déboires avec la société Ferrovial de Annaba, une entreprise publique qui lui a prêté l’équivalent de 6 923 160,00 DA en matériaux de construction, en contrepartie de l’hypothèque d’un terrain d’une superficie de 900 m2, dont une grande partie construite en locaux commerciaux qui représentent l’activité principale de Djamel qui espérait réaliser ses objectifs dans le cadre de sa société “Palais des rêves en or� créée en 1991.
Les difficulté financières l’ayant empêché d’honoré ses dettes envers Ferrovial, a vu l’affaire passer en justice. Celle-ci a décidé la saisie du bien immobilier de Djamel Taleb puis sa vente aux enchères, “très douteuse� aux yeux de la famille Taleb, qui vient de charger un avocat, à Alger pour son affaire.
À noter que le tribunal de Sidi M’hamed d’Alger, vient d’ouvrir une information judiciaire à ce sujet.
Les frères de Djamel sont unanimes “le sacrifice de notre frère n’est que le début d’un combat qui ne fait que commencer…� nous dira Missouni, un des frères de la victime.
LÂ G.