Un commissaire assassiné

L'attentat a eu lieu hier à Mekla

Un groupe de terroristes, armé de kalachnikovs et de PA, a tendu une embuscade au chef de sûreté de daïra de Mekla. L’attentat a eu lieu, hier, à 8h20, à Chaïb, sur la route de Mekla, à 25 km à l’est de Tizi Ouzou.
En état de réfection, le CW 150 qui mène vers Mekla est plus ou moins animé en cette matinée ensoleillée de samedi. Le trafic routier n’est pas dense. Sur son chemin, le chef de la sûreté de daïra de Mekla ne s’attendait certainement pas qu’il tomberait dans une embuscade terroriste visiblement bien préparée. Il est 8h passées lorsque le commissaire de police emprunte la route de Mekla.
Son véhicule de service, une Peugeot 306, de couleur verte, au moment où il allait amorcer un virage à deux pas de la clinique Les amandiers, sera pris en sandwich par un feu nourri d’armes automatiques.
D’apparence non suspecte, trois terroristes, habillés ordinairement, attendaient la victime depuis quelques minutes déjà . Leurs armes étaient dissimulées dans des couffins. Le véhicule de l’officier de police a été littéralement mitraillé par des rafales de kalachnikov. Le commissaire fait marche arrière, mais son véhicule sera coincé dans un caniveau. Malgré sa blessure, l’officier de police tente de riposter, mais vainement... puisque les assaillants, maintenant plus nombreux, l’achèveront à bout portant. Les islamistes armés subtiliseront à la victime un PA et un talkie-walkie. Une fois leur forfait accompli, les terroristes emprunteront une piste qui mène vers l’oued Rabta à bord d’une camionnette bâchée volée à un aviculteur, non loin du lieu de l’attentat.
Dans le lit de l’oued, la Peugeot 404 bâchée est tombée en panne, c’est alors que les membres du groupe terroriste obligent le conducteur d’un tracteur de les déposer à Taourirt, non loin des maquis de Aït-Aggouacha. Alertés, les services de sécurité arrivent sur les lieux du drame, mais pour constater les dégâts puisque les assaillants ont déjà pris la poudre d’escampette.
Originaire d’Azazga, le commissaire assassiné, Balah Lounès, était à quelques mois de son départ en retraite. Il était particulièrement apprécié par ses collègues. à la sûreté de la daïra de Mekla, tout le monde est consterné.
Les langues n’arrivent pas à se délier. On nous oriente, alors, vers la cellule de communication de la sûreté de la wilaya. Dans la ville de Mekla, la macabre nouvelle s’est répandue telle une traîné de poudre ; le bouche à oreille a fonctionné comme d’habitude. L’occasion pour l’opinion de relancer le débat sur le problème de l’insécurité en Kabylie. “Je lui ai toujours conseillé de prendre des précautions qu’il faut par ces temps d’insécurité, surtout que le commissaire constituait une cible privilégiée�, nous dira un ami de la victime. Attablé dans un café maure, notre interlocuteur atteste que des mouvements suspects étaient signalés, ces derniers temps, dans le triangle Mekla -Larbaâ Nath Iraten - Aïn El Hammam.
Depuis, notamment, l’attaque terroriste qui avait ciblé des convoyeurs de fonds entre Aïn El Hammam et Mekla. Au siège de la daïra de Mekla, nous demandons à voir la première autorité civile. Le chef de daïra, pour nous recevoir et sans connaître l’objet de notre visite, nous demande de nous faire délivrer un ordre de mission par la wilaya comme si nous étions fonctionnaires à la cité administrative. Bien entendu, la bureaucratie du commis de l’État, qui oublie qu’on est à l’ère des autoroutes de la communication et de l’information, ne nous a pas empêchés de faire notre travail. Sur le chemin du retour, un poids lourd, d’allure brinquebalante, nous dépasse dans un nuage de poussière. Nous nous arrêtons sur le lieu de l’attentat ; les traces de sang ont été lavées. Le lieu est pratiquement désert à présent. Il est midi.
Des travailleurs de la clinique Les Amandiers affirment avoir entendu des tirs d’armes automatiques. Mais un jeune, habitant à quelque 300 mètres du lieu où a eu lieu l’attentat terroriste, est témoin du drame. Il raconte : “J’étais sur le balcon quand la fusillade a commencé. J’ai vu trois hommes tirer avec des kalachnikovs en direction de la voiture de l’officier de police. Les terroristes ne lui ont laissé aucune chance.�
Y. A.