Sea-Island scelle les retrouvailles occidentales

Le sommet du G8, à partir d’aujourd’hui à Sea-Island près de Savannah (sud-est des États-Unis), devrait sceller les retrouvailles entre Bush et ceux parmi les Atlantistes qui lui ont reproché son unilatéralisme dans la guerre contre Saddam.
Les préliminaires de cette (re)cohésion entre grandes puissances se sont déroulés en France, à l’occasion de la célébration du 60e anniversaire du débarquement allié en Europe. Bush, qui a fait le déplacement, a promis à Chirac, Shroeder et Poutine de travailler dorénavant sur des bases multilatéralistes.
Tenant compte de l’Onu et de recourir, autant que faire se peut, aux services de l’organisation mondiale, qu’il avait voulu mettre à bas, au motif que la majorité de ses membres avaient refusé de lui donner un chèque en blanc pour son invasion de l’Irak. Lors de son mini-périple en Italie et en France, Bush a également mesuré que sa guerre contre le peuple irakien reste honnie chez les opinions occidentales, y compris la sienne qui a manifesté en même temps que les Français et les Italiens. Cette démonstration d'unité à l’occasion d’une cérémonie hautement symbolique, la libération de l’Europe par les boys américains et l’entrée des Européens dans le monde moderne du XXe siècle grâce au plan Marshall américain aussi, prélude l'adoption rapide de la résolution de l'ONU sur l’Irak. Bush a un besoin urgent d'un succès à l'ONU pour redonner du lustre à sa politique étrangère, à quelques mois de l'élection présidentielle aux États-Unis. Chef de file des opposants à la guerre d'Irak, le français Chirac a exprimé son espoir que cette résolution voit le jour le plus tôt. Bush, qui a accueilli avec satisfaction la compréhension de la France, s’est même permis de reconnaître chez le président français un bon connaisseur du monde arabe. L’éloge est à relier bien sûr à la situation irakienne mais également au dossier de la démocratie chez les Arabes en examen dans le G8. Le nouveau président irakien Ghazi Al-Yaouar est présent à Sea-Island, il devrait répéter que les troupes internationales resteront à la demande de Bagdad, et détailler les modalités de la présence militaire étrangère dans son pays.
Bush devrait pousser à une annulation massive de la dette irakienne, estimée à environ 120 milliards de dollars. En contrepartie, les créanciers de l’Irak de Saddam se verront ouverts les marchés irakiens. La France a rejoint le club des donateurs de l’Irak pour arracher de précieuses dividendes. Le G8 abordera demain la question des réformes dans le monde arabe. Bush a édulcoré son projet de Grand Moyen-Orient de façon à gommer l'impression qu'il s'agissait d'imposer des réformes de l'extérieur à un groupe de pays allant du Maroc au Pakistan. Le projet de déclaration américain est désormais satisfaisant, a fait savoir Paris. Le sommet des 8 (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada et Russie) se penchera aussi sur les questions de terrorisme et de sécurité et les grands dossiers internationaux, comme le conflit israélo-palestinien. Forum de discussions économiques, ce sommet, le trentième, constatera aussi que la reprise mondiale est bien installée.
D. B.