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“L'image de l'Algérie en prend un sacré coup”
Aidan White, le Secrétaire général de la fédération internationale des journalistes (FIJ) à Liberté
Publié dans Liberté le 17 - 06 - 2004

Dans cet entretien, le premier responsable de la FIJ annonce avoir adressé une correspondance au président de la République, dénonçant ce qu'il qualifie d'“instrumentalisation de la justice”, et compte saisir l'opinion politique européenne et internationale, autour des graves menaces qui pèsent sur les libertés fondamentales en Algérie.
Liberté : Le directeur du quotidien Le Matin, M. Mohamed Benchicou, a été condamné, lundi dernier, à deux ans de prison ferme. Deux semaines auparavant, le journaliste et militant des droits de l'Homme Hafnaoui Ghoul a lui aussi été condamné à deux mois de prison ferme. Comment réagissez-vous à ces condamnations ?
Aidan White : Pour nous, c'est une décision scandaleuse. On ne comprend pas pourquoi il est nécessaire d'avoir à prendre ce genre de décisions si lourdes et si dures contre les journalistes.
Pour nous, il s'agit d'actions politiques avec intention d'intimider les journalistes et les hommes et femmes des médias. C'est aussi pour nous une démarche inacceptable pour la défense des libertés publiques en général et de la démocratie en Algérie. C'est pour cela que nous avons décidé de faire une enquête et d'entreprendre des actions pour affronter le pouvoir algérien pour que cessent les intimidations contre la presse et les médias.
Quelles sont les actions que vous comptez entreprendre ?
Nous organiserons la semaine prochaine une rencontre avec la délégation algérienne des journalistes sur la situation gravissime que vit la corporation de la presse.
À cette occasion, nous discuterons avec les responsables du Syndicat national des journalistes (SNJ) sur la meilleure manière de trouver des solutions pour affronter ces velléités du pouvoir algérien de musellement de la presse algérienne par le pouvoir.
Aussi, il est nécessaire pour nous d'alerter l'opinion politique au niveau européen et international, à l'image de l'Organisation des Nations unies et de l'Union européenne sur les dérives du pouvoir algérien et de ses desseins envers la libre expression de la corporation. Car, il s'agit bien de l'image de l'Algérie qui en prend un sacré coup à l'étranger.
La décision des pouvoirs publics de recourir à l'emprisonnement des journalistes est une première en Algérie. Quel est votre commentaire sur le recours à ce genre de procédé ?
C'est un scandale. C'est effectivement un précédent grave. C'est pour cela que nous avons demandé la solidarité maghrébine, internationale et européenne contre les agissements du pouvoir algérien. C'est aussi une situation très sérieuse et grave à la fois que d'emprisonner les journalistes. En d'autres termes, l'emprisonnement des journalistes est un acte de barbarisme contre la liberté de la presse. Au lieu de recourir à ce genre de procédés, il aurait fallu promouvoir le dialogue pour dénouer les contentieux entre la presse et les pouvoirs publics en actionnant l'appareil judiciaire.
Comptez-vous réagir auprès des autorités algériennes par rapport à ce grave précédent ?
Nous avons envoyé aujourd'hui une lettre au président de la République pour protester contre l'instrumentalisation de la justice contre les journalistes. Nous avons eu, à cette occasion, à exprimer nos inquiétudes et nous avons demandé au président de la République une intervention rapide pour la libération de Mohamed Benchicou et de Hafnaoui Ghoul.
Les deux journalistes, actuellement en détention, ont été mis en prison, en réalité pour avoir dénoncé des abus de pouvoir. Quel est votre commentaire ?
Il est nécessaire que les journalistes expriment leurs opinions sur la gestion des pouvoirs aux affaires politiques et que les journalistes fassent des enquêtes et des reportages sur le mode de gouvernance et la gestion des gouvernants aux affaires du pays. Il est aussi nécessaire pour la démocratie d'avoir le niveau le plus élevé dans la liberté d'expression et de la presse. L'impératif aussi de voir créer les meilleures conditions qui soient pour permettre aux journalistes d'exercer leur profession sans pression ni contrainte. Il faut créer des structures d'autorégulation des médias par les professionnels des médias eux-mêmes.
Il n'est pas nécessaire de faire vivre ce genre de pressions aux journalistes.
C'est une situation qui nous indispose tous et après l'élection présidentielle du 8 avril dernier, nous avions eu l'espoir d'une possibilité de réconciliation entre les médias et les pouvoirs publics. Mais ces derniers évènements augurent des lendemains pessimistes.
Selon vous, les intentions du pouvoir algérien ciblent-elles uniquement la presse ?
Ce n'est pas uniquement une atteinte et un acharnement contre la presse, mais contre la démocratie et les droits de l'Homme en Algérie. Nous avons de sérieuses inquiétudes quant aux intentions du pouvoir contre les militants des droits de l'Homme et contre toute la société démocratique.
Pensez-vous que le verdict requis contre Mohamed Benchicou et Hafnaoui Ghoul ne soit qu'un prétexte pour faire taire les journalistes et par-delà toute la presse indépendante ?
Certainement. Il y a de véritables menaces sur l'ensemble des journalistes de la presse indépendante. Le verdict n'est qu'une alerte qui s'adresse en réalité non seulement à Benchicou et à Hafnaoui, mais à tous les journalistes. Je ne comprends pas ce faisant, pourquoi il y a eu recours à ce genre de procédé, en l'occurrence l'emprisonnement à l'encontre des journalistes. Les pouvoirs publics n'ont pas le droit de recourir à l'emprisonnement des professionnels de la presse pour régler leurs contentieux avec les médias.
En prenant la décision de mettre les journalistes en prison, ne pensez-vous pas que c'est une façon au pouvoir algérien de mettre en garde tous ceux qui oseront dénoncer les abus de pouvoir, la dilapidation des biens publics et tout ce qui a trait aux malversations financières ?
Exactement ! Beaucoup de problèmes se posent aux journalistes quand ces derniers cherchent à accéder aux sources d'informations se rapportant aux dérives du pouvoir et du gouvernement. Ce qui veut dire qu'avec ce genre de décisions contre les journalistes, ces derniers vont observer une certaine prudence dans l'exercice de leur métier.
Vous parlez ici du problème d'autocensure qui risque de s'accentuer avec le recours à l'emprisonnement des journalistes…
Effectivement. Il y aura ce phénomène d'autocensure qui risque de prendre de l'ampleur chez les professionnels des médias. ça va poser de véritables problèmes surtout par rapport aux dérives politiques et commerciales des dirigeants où le journaliste devra s'entourer de beaucoup de prudence, de précautions et de retenue. Ce problème d'autocensure est sérieux et très grave. On a eu à le vérifier et à le mesurer dans plusieurs pays du monde. En Amérique par exemple, les journalistes ont évité de poser des questions sur la guerre en Irak à cause justement de ce problème d'autocensure. Il est pourtant nécessaire et très important pour les peuples d'avoir un maximum de journalistes qui travaillent dans la transparence et qui ont accès aux sources d'information. Il est aussi impératif pour les sociétés d'avoir des journalistes libres, ouverts et travaillant dans les meilleures conditions qui soient.
Après l'incarcération du directeur du Matin et de Hafnaoui Ghoul, le directeur de la publication de notre confrère du Soir d'Algérie et un autre journaliste de ce quotidien viennent d'être condamnés à six mois de prison ferme pour diffamation. Comment réagissez-vous à ce verdict ?
Dans les affaires de diffamation, il y a une utilisation de la loi contre les journalistes par les gouvernants pour entretenir leur image personnelle au détriment de l'intérêt public.
Cela est inacceptable. Il est impératif de modifier la loi sur la diffamation, parce que le travail du journaliste est précisément de défendre l'intérêt public au grand bénéfice des peuples et de ne pas privilégier l'intérêt personnel.
Quel message avez-vous à transmettre aux journalistes algériens qui vivent actuellement une situation d'intimidation de la part du pouvoir ?
Ce que je peux dire aux journalistes algériens c'est de résister et de ne pas accepter ces intimidations et de continuer leur combat en faveur de la liberté de la presse et d'expression en Algérie.
À tous les journalistes algériens, je dirais aussi qu'il y a un grand mouvement de solidarité en leur faveur de par le monde. Nous avons tenu, la semaine écoulée, notre congrès en Grèce.
À cette occasion, nous avons finalisé une déclaration à travers laquelle nous avons institué une grande solidarité avec la corporation à travers le monde.
En la circonstance, les graves dérives que subit la presse algérienne nous offre la possibilité de relever le défi d'exprimer une très large solidarité avec eux. Que les journalistes algériens sachent, d'ores et déjà, que nous sommes à leurs côtés et qu'on est grandement solidaires avec eux.
N. M.


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