Les avocats, les partisans de la liberté d'expression, les confrères des journalistes emprisonnés et leurs sympathisants ont entrevu “une volonté d'apaisement” de la part du pouvoir dans l'affaire des incarcérations de journalistes. À leur corps défendant, ils ont préféré lire dans le délicat accueil du ministre de la Communication aux représentants de la presse reçus en audience et dans le report à la rentrée judiciaire des procès de journalistes en cours, un fléchissement de l'option répressive adoptée contre la profession. Même la mise au point du Chef du gouvernement n'a pas découragé les plus optimistes d'entre eux. Le professeur Issaâd, président de la commission pour la réforme abandonnée de la justice, confiait, hier encore, au Matin, que passées les premières appréhensions provoquées par le report des affaires de délit de presse, il était finalement “confiant”. Parce que les deux hommes, le Premier ministre et le ministre de la Communication, “ne se situent pas sur le même terrain”, le professeur “ne pense pas qu'il s'agisse d'un double langage”. Justement pas. C'est très probablement nous qui avons voulu voir dans les soupirs de circonstance de Haïchour quelques gênés remords. Le verdict de la cour de Djelfa, siégeant en appel, et au milieu des rumeurs les plus rassurantes, est venu confirmer que le pouvoir n'a toujours pas fléchi et qu'il conserve le cap de la raideur autoritaire qu'il nous a promise pour l'après-8 avril. À ceux qui redoutait que Ghoul Hafnaoui subisse jusqu'au bout le châtiment décidé contre lui, le verdict constitue une réponse parlante : du pouvoir, il n'y a à attendre que le pire. Il ne s'est pas contenté de confirmer la punition infligée à Ghoul, il l'a aggravée. S'agissant d'un procès politique comme celui du membre de la LADH et correspondant de presse de Djelfa, le message est politique : le régime est décidé à sévir contre les journalistes et les journaux qu'il jugera trop hostiles à sa politique. C'est à se demander si le bruit faisant état d'un repli du pouvoir en matière de répression contre la liberté d'expression n'est pas, en définitive, à l'origine de l'aggravation de la peine prononcée, en première instance, contre le prisonnier de Djelfa. Il est probable qu'il s'agisse là, pour le pouvoir, de la meilleure façon d'affirmer sa résolution à poursuivre la voie de la contrainte. Le silence ou la prison, tel est donc le moyen adopté par le régime pour imposer le silence médiatique sur les pratiques condamnables du sérail. Le verdict d'hier visait à convaincre ceux qui en doutaient encore. M. H.