Les militantes du RND demandent au pouvoir de “lever l'équivoque sur le projet d'amendement du code de la famille”. Le MSP, de son côté, après l'échec de la transaction “levée de l'état d'urgence contre réforme du code de la famille”, propose sa mouture d'un code révisé. Le RND n'est donc pas le pouvoir. Et le MSP non plus. Si l'on ajoute à cette rivalité des deux tiers de l'alliance gouvernementale, la division du FLN sur cette question du statut de la femme — parce que c'est ce qui est en jeu —, on peut légitimement s'interroger sur l'identité politique du pouvoir. Ce n'est pas le FLN, ce n'est pas le RND, ce n'est pas le MSP et ce n'est même pas le parti circonstance, ou quatrième parti, que constitue parfois l'Ugta. Le pouvoir n'est pas fait de partis au pouvoir ; le pouvoir n'est donc pas un pouvoir politique ; c'est un pouvoir tout court. Pourtant, la coalition, contrairement aux apparences, est faite pour s'entendre. Pas moins que les femmes du MSP, les femmes du RND argumentent leur position par la charia. Quand la présidente du comité “Femme et solidarité”, parti du chef du gouvernement, justifie son soutien au projet de révision par le fait, dit-elle, que “le projet d'amendement du code de la famille ne touche en rien à la charia” et que, mieux, il “lève plutôt l'ambiguïté qui l'entourait en établissant des conditions bien claires”. Elle rejoint en cela les justifications dévotes de ministres de la république, comme Ghoullamallah et Bélaïz. Dans ce cas, l'association des oulémas s'étant, à l'invitation d'El-Islah, prononcée pour la nullité religieuse des amendements en question, la messe est dite ! S'il n'y a pas de place dans cette soi-disant république pour le droit positif et que la prépondérance théocratique est unanimement approuvée par les partis au pouvoir, ou plutôt dans le pouvoir, autant la débaptiser et désigner l'autorité religieuse qui doit inspirer et censurer le droit. Pourquoi s'ingénier à mimer un Etat islamique sans ayatollahs, juste pour s'autoriser le label de république ? “L'ambiguïté” n'est pas dans la démarche de ce mystérieux pouvoir qui n'est ni le RND, ni le MSP, ni le FLN, ni leur tout, mais dans cette unanimité sur la source du droit et qui, tout de même, déclenche la discorde à chaque fois qu'une question de société est abordée. Et sur le sujet du moment, l'ambiguïté n'est pas dans le camp islamiste affirmé. Elle est dans le camp prétendument républicain. Il y a quelque chose de malsain à vouloir libérer la femme et l'enfant du joug patriarcal et à se revendiquer de la charia. La majorité, qui devrait représenter les 85% de nos voix exprimées, étant, dans son ensemble et dans ses parties, acquise à la primauté de la charia, comme en témoignent toutes les incantations actuelles autour du code de la famille, autant l'assumer vraiment. Car il n'y a pas de république de la charia. Ce sont deux concepts qui renvoient à des conceptions de l'Etat mutuellement exclusives. Il y a la république ou la charia. Le reste n'est que duplicité politique. Une duplicité coupable, car elle prend consciemment le risque de créer de dangereux malentendus dans la société et d'y provoquer les affrontement que les politiques se sont évités entre eux ! M. H.