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"Daech et le régime syrien ont un ennemi commun : la démocratie"
Hala Kodmani, journaliste, écrivain, intellectuelle syrienne à Liberté
Publié dans Liberté le 29 - 11 - 2014

Née en 1956 à Damas, fille de Nazem Kodmani, ancien chargé d'affaires de Syrie en France, Hala Kodmani, journaliste, écrivain, intellectuelle engagée au service d'une Syrie libre et démocratique, fut la seule à avoir séjourné à Raqqa, capitale de l'Etat islamique et "à en être surtout revenue", précise-t-elle. Entre le Salon du livre de Beyrouth, où elle présentait son dernier livre, et la Turquie, où elle organisait des sessions de formation à la communication, elle a décrypté pour Liberté la situation syrienne.
Liberté : Les soulèvements arabes ont réveillé en vous une "syrianité" et une arabité dormante, dites-vous. Depuis la mi-mars 2011, date des premières manifestations en Syrie, vous suivez, jour après jour, le drame de votre pays.
Hala Kodmani : Quand mon pays natal s'embrase, à la suite des soulèvements de Tunisie, d'Egypte et de Libye des premiers mois de 2011, je suis pleine d'espoir. Tout commence à Darra, au sud de la Syrie. Les gens descendent dans la rue. Je m'engage pleinement dans le mouvement, Je fonde avec des opposants au régime, l'association Souriya Hourriyat (Liberté Syrie) qui travaille avec tous ceux qui croient à l'avènement d'une Syrie libre et démocratique.
Et aujourd'hui ?
La situation présente n'est pas celle que j'espérais. Bachar al-Assad reste au pouvoir. Les islamistes ont conquis un tiers du pays et les démocrates syriens, immatures politiquement et désunis, sont devenus le maillon faible de la révolte. Je refuse pourtant comme tant d'autres de parler "d'hiver de la Révolution". Je ne rejoins pas les sceptiques. Car ces révolutions ont libéré la parole. Les peuples n'ont plus peur des dictateurs, laïcs ou religieux. Un processus s'est mis en marche.
Certains certifient aujourd'hui que ces printemps arabes était un complot américain ou israélien. Quelle foutaise ! C'était un mouvement spontané qui traduisait une réelle envie de changement. Après ces années de dictature, les peuples avaient un besoin de justice sociale, de dignité, de liberté.
Que s'est-il passé en Syrie pour que ce formidable élan se détériore ?
La militarisation à l'automne 2011, le passage d'un mouvement pacifique à un conflit armé et confessionnel, a tout bouleversé. Le pouvoir n'attendait que cela. Il a même distribué les armes. La guerre s'est radicalisée. Le régime d'Assad a aussi ouvert les prisons et libéré des centaines de combattants islamistes. C'était sa seule chance de survie. En Turquie d'où je reviens, j'ai revu un jeune Syrien, que j'avais formé aux techniques de la communication. Il dirige à Istanbul un petit journal d'opposition. Emprisonné à Damas, il m'a raconté qu'il avait vu une flopée d'islamistes libérés dès le mois d'avril 2011.
En radicalisant et en islamisant le conflit, Assad a sauvé sa peau, du moins pour le moment.
Le discours ambiant de son régime "moi ou le chaos" s'est généralisé. En Occident, les gouvernements ont traîné les pieds pour aider les démocrates, par crainte que les armes tombent aux mains des islamistes. On voit le résultat aujourd'hui. Assad est prêt à tout pour rester au pouvoir, prêt à s'allier avec le diable djihadiste ou à utiliser l'arme chimique, comme en août 2012.
L'Occident a menacé, mais n'est pas intervenu comme en Libye. Pourquoi ?
Avec la radicalisation et la confessionnalisation du conflit, ce fut un tournant capital dans le combat. En s'opposant aux frappes, en refusant de conduire une coalition pour punir le régime d'avoir franchi la "ligne rouge", en utilisant l'arme chimique, Obama, le président américain, a montré au pouvoir qu'il avait la pleine liberté de massacrer ses opposants, et aux islamistes que les démocrates étaient totalement esseulés.
Comment expliquer ce refus américain ?
Obama se moque de la Syrie et du sort du Proche-Orient, les Américains n'ont pas d'intérêts à défendre là-bas. Ils veulent se désengager. Ne pas retomber dans des bourbiers comme en Afghanistan ou en Irak. Les Russes et les Iraniens, alliés du régime de Bachar sont les seuls à s'activer réellement.
Les Etats-Unis interviennent aujourd'hui en Syrie ?
Oui mais seulement contre l'Etat islamique. L'armée de Bachar continue à bombarder à Alep les civils et les combattants de l'Armée syrienne libre, sans attaquer les villes prises par les groupes djihadistes. Assad et les islamistes ont le même ennemi : la démocratie. Dans les villes tombées aux mains de l'Emirat, les fonctionnaires continuent de travailler en étant payés par l'Etat. Les Occidentaux ont justifié leur refus de fournir des armes à l'Armée syrienne libre, par crainte qu'elles ne tombent entre les mains des islamistes. Mais aujourd'hui, les islamistes sont armés et l'ASL ne l'est pas.
En septembre 2013, vous êtes allée à Raqqa, la "capitale de l'Etat islamique" (lire Libération du 29 septembre 2013), qui sont ces islamistes ?
Des brutes qui détruisent le pays et tuent atrocement tous ceux qui leur résistent. Ils viennent à 80% de l'étranger, de Tchétchénie, d'Ouzbékistan, du Maghreb, Algérie, Maroc, beaucoup de Tunisiens considérés comme les plus féroces, mais aussi d'Occident, d'Europe notamment. Certains débarquent avec femmes et enfants. Ils ont installés un régime islamique très dur. De nombreux Syriens anonymes sont chaque jour exécutés, décapités, crucifiés pour seulement avoir osé transgresser un de leurs ordres.
Au final, quelle solution pour la Syrie ?
Tant d'experts ont des réponses, moi pas. La partition du pays entre les Alaouites (le clan de Bachar), les Arabes et un Kurdistan autonome ? Mais la région kurde au nord est peuplée pour moitié d'Arabes. Le pays est exsangue, toutes les parties sont fatiguées. Les Alaouites, le clan de Bachar a été saigné. Ils ont perdu plus de 50 000 combattants. Ils n'en peuvent plus, eux aussi. Le combat finira peut-être par s'arrêter faute de combattants.
Une solution politique, un accord entre la Russie et les Etats-Unis, et à un degré moindre, entre l'Iran et l'Arabie Saoudite serait la bonne solution. Mais ce qui m'effraie vraiment, c'est l'exode. Le pays se vide et notamment de ses élites. Que va-t-il rester ? Les pauvres gens, les vieux, les malades, les extrémistes religieux. Comment la Syrie va pouvoir repartir, une fois la paix revenue ?
L. B.


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