Ce chiffre a été communiqué par des rhumatologues qui se sont référés aux dernières enquêtes menées dans plusieurs régions du pays. Une nouvelle classe de thérapie vient révolutionner les traitements prescrits jusque-là pour soulager les souffrances associées au rhumatisme inflammatoire. Il est question des thérapies biologiques innovantes susceptibles de freiner le développement des maladies de l'os d'articulation et du cartilage ou de retarder la polyarthrite rhumatoïde et la spondylarthrite. L'Algérie compte, selon des rhumatologues qui se réfèrent aux résultats des dernières enquêtes menées dans plusieurs régions du pays, pas moins de 100 000 cas qui risquent une invalidité. Dans ce sillage, un colloque scientifique, organisé par les laboratoires Pfizer à l'hôtel Sheraton d'Alger, a regroupé, avant-hier, quelque 250 spécialistes en rhumatologie, en rééducation fonctionnelle venus de plusieurs CHU ainsi que de l'étranger pour débattre des biothérapies destinées à la prise en charge de ces maladies inflammatoires. Ce traitement révolutionnaire, Etanercept — nom scientifique — est autorisé sur le marché algérien depuis novembre dernier. Les participants se sont échangé les preuves scientifiques et les expériences cliniques liées au traitement de ces deux pathologies qui sont sources de douleurs atroces. La polyarthrite rhumatoïde atteint notamment les hanches avec une prédominance féminine (trois femmes pour un homme). La spondylarthrite ankylosante est une maladie inflammatoire de la colonne vertébrale. Celle-ci affecte beaucoup plus les hommes que les femmes. Les intervenants, qui se sont succédé à la tribune, ont insisté sur la nécessité de stopper l'évolution de ces deux pathologies foudroyantes du cartilage et de l'os. Ils ont énuméré des cas prouvant l'efficacité de cette nouvelle classe de thérapie, d'autant plus que les traitements conventionnels n'y répondent pas. Le Pr Aïcha Laâdjouz, chef de service de rhumatologie à l'hôpital de Ben Aknoun, nous a indiqué, en marge de cette journée, que ces deux pathologies chroniques très handicapantes ont connu une progression fulgurante en Algérie. Un malade mal pris en charge est condamné, dit-elle, à la prothèse, d'où l'importance de cette nouvelle classe de traitement. Signalons, au passage, que le coût d'une prothèse oscille entre 400 000 et 500 000 DA. Et cette prothèse n'est pas en elle-même une panacée. Plus loin, Aïcha Laâdjouz a déploré que cette prothèse ne soit pas accessible à tous les demandeurs. Le service du Pr Laâdjouz prend en charge, rappelons-le, pas moins de 7 000 cas atteints de ces deux pathologies et 300 autres sont en attente de prothèses. Pour sa part, le Pr Chafia Mekhloufi Dahou, chef de service de rhumatologie au CHU de Bab El-Oued, a relevé, lors de son intervention, l'importance du diagnostic précoce pour traiter les personnes atteintes. Pour elle, l'identification tardive complique davantage la situation du patient. Ce dépistage précoce reste tributaire, selon le Pr Mekhloufi Dahou, de la bonne formation du médecin. Elle a recommandé l'utilisation à bon escient des biothérapies. Le Pr Jean Sibilia, chef de service rhumatologie au CHU de Strasbourg (France), a relevé les effets secondaires de ces deux pathologies. Pour lui, ces maladies inflammatoires n'affectent pas seulement les articulations, mais obstruent les vaisseaux. Elles provoquent également une inflammation générale de l'organisme. Pour le rhumatologue de Strasbourg, si la polyarthrite ou la spondylarthrite atteignent l'os et le cartilage des doigts, la prothèse ne servira à rien. H. H.