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“Légitimité consacrée contre légitimité imposée”
Cherif Belkacem à Liberté
Publié dans Liberté le 13 - 01 - 2005

Une révision constitutionnelle sérieuse doit mettre fin au principal facteur bloquant : le pouvoir personnel.
Aujourd'hui, je reprends la parole en me demandant comment intervenir sans pour autant créer l'illusion d'une relance du débat politique, alors que s'est installé et perdure un vide politique total. Mais personne, aujourd'hui comme hier, ne croit en l'existence d'une vie politique en Algérie.
Le fait que la majorité des acteurs politiques se soient tus laisse le pouvoir face à lui-même, à ses impasses stratégiques et à ses jeux stériles de rapports de force entre appareils d'Etat ou de partis.
Si depuis le scrutin de 2004, acteurs et analystes politiques se taisent, c'est d'abord le résultat d'un choc car, après cinq ans d'échec total, la majorité partageait la certitude que le Président sortant ne serait pas réélu. D'autant que des actions accréditant cette thèse ont été conduites par ceux-là mêmes qui l'ont désigné en 1999. Ils ont consacré et renforcé par leur insistance l'illusion d'une alternative valable et crédible au Président sortant. À l'approche de la consultation électorale, la classe politique s'est sentie flouée et a découvert qu'elle a été victime d'une opération de diversion et de manipulation.
Ce sentiment renvoie cependant à des certitudes et autorise des questionnements.
D'abord, les certitudes : Bouteflika est bel et bien reconduit. Ce qu'il faut retenir de cette reconduction, c'est qu'elle est le fruit d'une décision politique délibérée. Elle a été l'expression d'une volonté politique de cooptation. Qui a donc pris cette décision et pourquoi ? La réponse à ces deux questions est déterminante pour comprendre la partie qui s'est jouée. C'est cette décision qui a permis au Président en exercice d'organiser et de manager sa campagne électorale en utilisant tous les moyens de l'état. Il a disposé des deniers publics comme caisse noire, instrumentalisé le gouvernement pour neutraliser la presse et les partis, et supervisé les opérations électorales sur le terrain. Rien d'étonnant alors que le Président sortant obtienne — en la bonifiant — sa propre reconduction.
Quant aux autres questionnements, nombreux et troublants, ils peuvent se résumer à une interrogation simple : pourquoi reconduire en deuxième mandat l'échec patent et total du premier et pourquoi cette opacité sur le contenu de la feuille de route du deuxième mandat ?
Le premier mandat a été inauguré par la concorde civile, I'amnistie amnistiante, le référendum et s'est poursuivi par des discours, des promesses, des commissions. Aucune réforme programmée n'a connu d'application.
Le deuxième mandat s'ouvre lui aussi par une réconciliation nationale, une amnistie générale et un référendum, dont personne ne connaît les contours politique et institutionnel. Quant aux réformes, elles se limitent encore à des déclarations d'intention.
C'est cela l'échec. Deux campagnes électorales identiques, à cinq ans d'intervalle, avec les mêmes annonces sécuritaires : concorde, réconciliation, amnistie, référendum et — pour les grands chantiers de réformes politiques et économiques — les mêmes velléités : discours, promesses, commissions.
Mais on ne reconduit pas l'échec sans danger. L'histoire récente enseigne que les systèmes de cooptation à régime totalitaire, autoritaire ou personnel sont souvent tentés de se reproduire en conduisant eux-mêmes les réformes de démocratisation de l'état et de libéralisation du marché. Ils ont tous fini en état dirigiste à démocratie de façade et en marché anarchique à économie de bazar. Des exemples contemporains montrent qu'ils finissent par reculer devant les explosions populaires de mécontentement ou les pressions géopolitiques de rejet.
Nous sommes à un tournant historique qu'il convient de ne pas transformer une fois de plus en occasions ratées empêchant l'avènement d'une République au service exclusif de l'intérêt général du pays et de sa population.
Nous connaissons le facteur bloquant de la vie politique en Algérie : c'est le système de pouvoir personnel. Ce facteur a déjà été identifié dès les années 60. J'ai, depuis et à plusieurs reprises, signalé les ferments de crise institutionnelle et de conflits politiques que génère le système de pouvoir personnel coopté. Je n'ai pas été entendu, les préoccupations des uns et des autres étaient ailleurs, toutes détournées d'une véritable réflexion sur le devenir politique du pays.
Si j'ai décidé de m'impliquer encore une fois aujourd'hui, c'est en raison d'un état d'esprit nouveau que l'on décèle en filigrane dans le mécontentement général de la société et qui se diffuse à travers la quasi-totalité des régions du pays.
Ce mécontentement général a des échos et des relais au sein des partis, des médias, des universités, des syndicats autonomes, des entreprises, des forums sociaux et des collectifs de défense.
La presse — dont je salue le combat pour la liberté d'expression et le courage de ses journalistes — rapporte chaque jour des faits édifiants de contestation et de résistance de la population et de ses organisations.
Parmi ces résistances, il en est une qui mérite une mention spéciale en raison du rôle politique qu'elle pourrait jouer dans cette conjoncture : c'est celle observée au sein du FLN, parti majoritaire à l'Assemblée et influent au Sénat, qui, si elle venait à se développer, pourrait conduire à des formes de solution politique positive.
Si l'actuelle contestation du système de pouvoir personnel par cette formation politique n'est ni l'expression d'une lutte de clans pour le pouvoir ni une posture politicienne conjoncturelle, mais — qu'au contraire — elle est l'affirmation d'une vision politique de réel changement pour le pays, alors elle gagne à être encouragée et soutenue. Elle serait en soi le signe annonciateur de l'émergence morale et de l'ancrage social d'une légitimité consacrée contre une légitimité imposée.
Si cet état d'esprit politique est à portée durable et à démarche pacifique, alors il peut aboutir à la cassure du cycle de reconduction par cooptation du pouvoir personnel débridé, qui érige en norme de comportement institutionnel son propre tempérament individuel.
Casser ce cycle de l'échec, qui dure depuis des décennies, lèverait le préalable qui empêche l'Algérie de résoudre son problème fondamental : celui d'instaurer un pouvoir politique institutionnel de qualité et des normes républicaines.
Cette propriété de qualité a jusque-là manqué. Il est impératif de l'introduire par une révision sérieuse de la Constitution, qui doit viser à structurer l'accès, I'exercice, le maintien ou l'alternance au pouvoir politique selon les principes de l'Etat de droit, de l'autonomie d'institutions responsables, de la justice sociale et de la démocratie politique, médiatique, syndicale et associative.
Je renouvelle donc, ici, mes propositions de révision constitutionnelle pour doter le pays d'un pouvoir politique extirpant à jamais les germes de cooptation et de reconduction du pouvoir personnel par le biais du seul garde-fou républicain au despotisme d'aujourd'hui et de demain : I'équilibre constitutionnel des pouvoirs de l'Etat.
Cet équilibre devra être obtenu par la redéfinition du rôle politique du gouvernement. Il est vital que le Chef du gouvernement et ses ministres soient issus d'une majorité ou d'une coalition parlementaire pour conduire la politique pour laquelle ils auront été élus. Le gouvernement devra être responsable devant le Parlement qui aura à la fois un rôle législatif et une mission de contrôle de l'Exécutif. Dans cette optique, il ne saurait y avoir de domaines réservés.
Seul ce dispositif constitutionnel peut équilibrer les pouvoirs institutionnels de l'Etat et autoriser, concomitamment à la légitimité populaire et sociale, I'élévation en dignité politique des fonctions présidentielle, gouvernementale et parlementaire.
C'est cet équilibre qui va servir de pivot solide à une réconciliation politique durable : celle qui allie la voie sécuritaire d'un Etat fort et la voie électorale d'une société diverse, apaisée et consensuelle. C'est cet équilibre seul qui peut fonder le lien politique et civique entre la nation et son état ; représenter un signal de redressement national et de réhabilitation morale de nos institutions étatiques de souveraineté, de sécurité, de développement et de coopération.
Levier fondamental, cet équilibre mettra fin aux méfaits du pouvoir personnel : asservissement de la société civile, privatisation des institutions nationales, régression économique, sociale et
culturelle, perversion de l'image morale et politique de l'Algérie à l'extérieur.
Avec la réalisation de ce projet décisif de Constitution, I'Algérie se donnera les moyens d'exploiter sans mensonge son patrimoine historique, de réguler sans violence sa vie politique, de normaliser sans répression sa vie sociale, de libérer sans complexe sa vie culturelle et d'assainir moralement sa vie institutionnelle des formes de corruption attentatoire au développement de la stabilité, de la sécurité, de la prospérité du pays et de sa région.
Ce n'est qu'ainsi que la jeunesse reprendra confiance en ses gouvernants et se mobilisera à nouveau comme élite du pays et relève de ses générations.
Forte des libertés fondamentales qu'un pouvoir de qualité peut garantir et réguler, I'Algérie peut sans danger de crise ou de conflit s'ouvrir aux traités, conventions, contrats ou programmes de réformes, sans pour autant renier la force morale et la dignité qu'elle a gagnée au prix de 132 années de combat pour la reconquête de son indépendance, la préservation de son identité et de son patrimoine naturel.
Tel est l'enjeu de l'avenir. La classe politique et la société civile sont mûres pour donner ampleur et coalition à toutes les formes de résistance légale et à toutes les formes de propositions constructives qui aspirent à remplacer l'archaïque et dangereuse formule de pouvoir personnel par un schéma constitutionnel de pouvoir démocratique de qualité, porteur de moralité politique, générateur de progrès social, protecteur du patrimoine national et moteur de croissance civilisationnelle.
C. B.


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