Farid Benahmed, dit le Rocker, n'est plus. Il est parti comme il a vécu 55 ans durant : dans la discrétion, loin des feux de la rampe, alors qu'il avait et le look et la "gueule" pour y évoluer à son aise comme il le faisait d'ailleurs sur les scènes de Béjaïa et d'Alger. Un arrêt cardiaque est venu l'arracher douloureusement aux siens, à sa fille inconsolable ; son fils n'assistera pas à son enterrement car il ne pouvait faire le voyage sans compromettre son retour. Mais sa mort, subite, inattendue, a choqué plus d'un. Ses amis et son frère avec lesquels il était au café Cintra, près du théâtre de la ville, étaient loin de se douter que quelques heures plus tard, le cœur de celui qui les a fait rire ce soir-là allait lâcher et s'arrêter de battre. Farid était professeur de français. Il venait tout juste de prendre sa retraite. Il espérait trouver du temps à consacrer à sa création musicale. Nabil dira de lui qu'il était passionné de musique et passait de longues soirées à écouter la radio durant les années quatre-vingts. Le hit-parade sur RMC, et surtout George Lang sur RTL, avec sa voix inimitable. Mais la vie n'a pas épargné Farid. Il avait perdu, jeune, son père avec lequel il était complice. Quelques années plus tard, témoignera Nabil, "le malheur frappera encore sa famille, ses deux sœurs allaient mourir, créant ainsi un vide impossible à combler dans la vie de l'artiste". Tout en jouant de la musique, Farid le Rocker se met à écrire et composer. D'ailleurs, au printemps dernier, il a sorti son deuxième album, El-Meddah chez Gosto Productions. Le gérant de cette boîte de production avait cru en la belle étoile de Farid, témoignera Djamel Benahmed, un cadre de la direction de la culture à Béjaïa. Il aimait travailler en groupe, et c'est avec une poignée d'amis que cet album a été réalisé. Le bonheur se lisait dans ses yeux, surtout quand la radio diffusait ses chansons. Il était heureux et comblé. Sa mort a choqué tout son entourage. Et c'était avec une grande émotion que les membres de sa famille et ses nombreux amis l'ont accompagné à sa dernière demeure. En homme de foi, il avait appris à souffrir en silence, offrant malgré tout son magnifique sourire à tous ceux qu'il croisait. Il a été un exemple de patience dans les épreuves et d'encouragement dans les moments difficiles, témoigne-t-on. M. Ouyougoute