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"La spiritualité s'est imposée à moi, comme une voie essentielle"
L'écrivaine Karima Berger à "Liberté"
Publié dans Liberté le 24 - 04 - 2016

Karima Berger est née à Ténès en Algérie. Installée à Paris depuis 1975, tout en menant une carrière de DRH, elle poursuit sa carrière d'écrivaine nourrie et travaillée par la dimension de l'altérité. Parmi ses œuvres Eclats d'islam. Chroniques d'un itinéraire spirituel et Les attentives (Albin Michel). Elle est depuis un an présidente d'"Ecritures et spiritualités", une association d'écrivains de traditions religieuses différentes et dont un des fondateurs est le philosophe Mohammed Talbi. Rencontrée lors du Livre Paris 2016, en marge de la signature de son dernier roman Mektouba, elle nous a accordé cet entretien.
Liberté : Diplômée en droit et sciences politiques à l'université d'Alger, comment est venu ce penchant pour l'écriture ?
Karima Berger : C'est plus qu'un penchant ! C'est maintenant le souffle même de ma vie ; l'écriture c'est la poésie, c'est la pensée, c'est la création et donc la liberté pour penser par soi-même et éviter cette mondialisation que j'ose à peine nommer "culturelle", tant elle est marchande et impose à tous de penser comme tous, de dire la même chose, sans présence de l'être lui-même, celui-ci disparaissant sous le poids de la foule, des images et des réseaux sociaux.
Dans vos écrits, nous retrouvons souvent de la spiritualité. Pourquoi ce choix ?
Je ne l'ai pas choisie, elle s'est imposée à moi, comme une voie essentielle, se relier à un autre monde que la réalité matérielle, qui nous éteint, comme si on était morts avant d'être morts... Le rappel de l'autre monde, céleste, divin, spirituel ; ce monde est un rappel indispensable à ma création, à mon écriture ; elle est comme un abri de lumière pour accueillir l'inspiration poétique et littéraire. Par exemple dans Mektouba, mon dernier roman, le héros, meurtri par l'absence de perspectives et d'héritage culturel auprès de ses enfants, parle ainsi de sa prière : "Chaque mot est un clou qui me suspend à l'Attente et me sauve, comme en prière, front contre sol, planté en Dieu." Il traduit l'islam par "abandon de soi", "confiance en Dieu", il rappelle la notion de tawakkull : un repos sans inquiétude ; une inquiétude sans repos.
Vous êtes présidente de l'association d'écrivains de traditions religieuses différentes "Ecritures et spiritualités". Justement, comment est perçu l'islam aujourd'hui ?
Ma culture, ma religion telle qu'on en parle dans les médias m'atteint en plein cœur avec des propos qui la condamnent et l'enferment, du style "l'islam est structurellement violent". C'est terrible de se dire "je suis l'enfant d'une culture qui a engendré des monstres". Comment une civilisation monstrueuse pourrait-elle durer quinze siècles ? Comment aurait-elle pu produire l'Andalousie, les merveilles de la poésie, l'architecture... ? Face à cette attaque de l'islam de l'intérieur et de l'extérieur, je m'interroge : vais-je le défendre car on attaque les miens ? Mes ancêtres ? Il m'était impossible de répondre... N'est-ce pas plutôt la solitude d'un chemin plus individuel, plus singulier...
Vous avez animé diverses conférences sur l'Emir Abdelkader. Pourquoi cet attachement particulier à ce personnage ?
C'est un immense personnage, le plus grand des Algériens. Comment refonder un roman national algérien qui soit inclusif de tous ceux qui font ce pays, y compris les grands mystiques et pas seulement les militaires ou les résistants. Face à la guerre, à l'injustice, il y a d'autres formes de résistance. Par exemple oui, l'Emir Abdelkader qui a, avec un courage immense, écrit sa très noble reddition, pour sauver son peuple, c'est une page essentielle de l'histoire algérienne immense par sa noblesse et sa grandeur spirituelle, mais qu'en fait-on ? Quelques années plus tard, il écrit une autre page de l'Histoire en protégeant en 1860 à Damas les chrétiens contre la furie extrémiste. Cette magnifique stature rendrait tellement fiers dans nos écoles nos élèves et leur donnerait tant de dignité pour honorer la stature de leur ancêtre qui répond ainsi à Mgr Pavy qui le remercie pour sa protection : "Toutes les religions apportées par les prophètes depuis Adam jusqu'à Muhammad reposent sur deux principes : l'exaltation du Dieu le Très Haut et la compassion pour Ses créatures. En dehors de ces deux principes, il n'y a que des ramifications sur lesquelles les divergences sont sans importance." C'est cela aussi que l'on doit enseigner et pas seulement la figure de chef militaire de l'Emir.

Vous venez de publier chez Albin Michel le roman Mektouba. Pourquoi ce titre ?
C'est un roman qui nous plonge dans une société, symbolisée par son personnage principal, un homme âgé, ancien haut fonctionnaire dont l'existence, à l'heure où sonne le moment de l'héritage, est tiraillée entre la tradition et la modernité, entre le spirituel et le matérialisme, un monde où les femmes ne sont pas marginalisées mais représentent un monde à part, clos, mystérieux pour les hommes qui n'arrivent pas à le comprendre, à l'appréhender dans toute sa complexité. "Mektoub" au féminin...
J'aimais bien défier la force et la puissance de cet écrit viril et masculin en le mettant au féminin, d'abord parce que c'est une femme qui écrit et aussi parce que c'est une maison. Or une maison, c'est un abri, une matrice, un jardin mais ça peut aussi être une prison pour des héritiers qui ne voient dans la transmission que le bien matériel alors que c'est d'un autre héritage dont il s'agit...
Comment s'est passée votre rencontre à la cité de l'Immigration en mars dernier ?
Mektouba est dans la sélection du prix littéraire de la Porte Dorée, lié à la cité de l'Immigration. C'était passionnant car j'étais invitée en même temps qu'une jeune écrivaine bulgare, beaucoup de croisements entre nos deux livres, la langue, la culture socialiste des années 70 et 80, la bureaucratie. Le public était aussi très intéressé, comme toujours en France, par l'Algérie, cette énigme (cette épine ?) dans leur histoire qu'ils n'arrivent pas à oublier et c'est tant mieux, mais encore faut-il travailler cette mémoire commune qu'a été la colonisation.
Que pensez-vous de l'édition en Algérie ?
Je la trouve riche, prolixe, courageuse. Mais le problème de la diffusion est un grave empêchement à la diffusion du goût de la lecture et de la littérature, alors même que les éditeurs font œuvre de salut public. Ils offrent à lire les mille facettes de la réalité algérienne. Que serait l'Algérie si elle n'avait pas été "écrite" par ses écrivains, Mohammed Dib, Mouloud Feraoun, Assia Djebar, Kateb Yacine et tant d'autres...
S. B.


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