Un visage d'où ne transparaît aucune émotion, un pragmatisme venu du froid et des phrases courtes sans aucune connotation possible : la première du nouveau sélectionneur Milovan Rajevac n'a pas été riche en spectacle, mais plutôt en enseignements. Aux antipodes des one man shows comme aimait à les reproduire Vahid Halilhodzic et en contraste avec les dissertations philosophiques de Christian Gourcuff, la conférence de presse de Rajevac a surtout laissé l'impression d'un homme pressé de confirmer son savoir-faire ghanéen mais pas pour autant empressé d'entamer une quelconque révolution. Qu'on en juge : le fait d'avoir affirmé ne vouloir programmer aucun match amical avant le Lesotho dénote, si besoin est, que Rajevac se contentera volontiers de "gérer" sur les bases de son prédécesseur au lieu de faire du changement pour du changement. Si changement il y a, ce sera sur la base de ce qu'il va voir et des conséquences qu'il en tirera, pas sur ce qu'on va lui raconter, ce qu'aurait prescrit Neghiz, ou ce qu'il aura lu dans la presse. En parallèle, le technicien serbe ne promet aucun projet de jeu, mais plutôt une froide efficacité, un réalisme venu du froid, de l'ex-bloc de l'Est. Pour ce faire, cet adepte de l'universalisme compte bien bétonner à l'italienne et triompher même sans convaincre, comme l'a fait tout récemment le peu brillant champion d'Europe portugais. Son discours, lorsqu'il parle football, tranche, du reste, assez clairement avec le bouillonnement d'un Vahid Halilhodzic qui passait des heures à expliquer la multiplication des passes de son équipe comme priorité de jeu et la nonchalance quasi maladive de Gourcuff qui imposait sa vision scientifique unilatérale d'un immobile 4-4-2 qui devait correspondre à toutes les situations et satisfaire aux différents contextes et autres faits de jeu. Aussi, s'il ne met pas de barrière pour l'instant dans sa communication, n'a-t-il, toutefois, pas fait montre d'une précision chirurgicale dans ses réponses, esquivant à chaque fois pour ne pas se faire rattraper par la suite. Rajevac laisse ainsi le champ libre aux interprétations pour ne pas être pris au piège des principes qu'il aurait lui-même fixés avant de les fouler aux pieds dans l'urgence comme l'a fait Coach Vahid ou Maître Gourcuff avant lui avec, comme exemple basique, les cas des joueurs titulaires en sélection mais qui jouaient peu ou pas dans leurs clubs respectifs. Un discours de la méthode qui sera rapidement mis à l'épreuve du terrain et qui en dira un peu plus sur sa véracité sur le terrain de la réalité. Rachid BELARBI