Les membres du bureau de la wilaya de Bouira de l'Association nationale des parents d'élèves (ANPE) réagissent avec "force" et "conviction" aux propos de Sabah Boudris, enseignante dans une école primaire de Barika (wilaya de Batna) qui s'est filmée en classe et défend sa position qui a provoqué une vive polémique. Dans un communiqué parvenu à la rédaction de Liberté, l'association condamne ce qu'elle qualifie de propos "tendancieux" et "graves", tout en appelant le ministère de l'Education nationale à "prendre des mesures disciplinaires appropriées" à l'encontre de cette institutrice. Qu'est-ce qui est reproché à cette enseignante ? Le 4 septembre dernier, premier jour de la rentrée, cette enseignante, tout de noir vêtue, se filme en compagnie de ses élèves à l'intérieur même de la salle de classe, en clamant haut et fort : "La langue arabe est la langue du paradis" ; "La langue arabe est la langue la plus riche de toutes les langues" et : "Ma langue sera la langue arabe et je ne m'exprimerai qu'en cette langue." Face à de tels propos que certains iront même jusqu'à juger comme étant du "prosélytisme linguistique", les membres de l'ANPE de Bouira s'interrogent sur les réelles intentions de cette institutrice. "Cette enseignante ne sait-elle pas que parler plusieurs langues est un signe d'ouverture sur le monde ? Ne sait-elle pas qu'un monolingue est considéré, sous d'autres cieux plus évolués, comme un analphabète et un ignare ?", s'interrogent les rédacteurs de ce communiqué. Et d'enfoncer le clou : "De tels propos et un tel raisonnement sont indignes d'une enseignante diplômée de l'université. De pareilles sottises ne peuvent être admises que si elles sortaient de la bouche d'un ignare aveuglé par son fanatisme (...). Mais de la bouche d'une enseignante de l'école algérienne et républicaine, nous estimons que c'est un dérapage des plus dangereux." Un peu plus loin, ils pointent du doigt les notions de paradis et d'enfer, lesquelles, selon eux, ne peuvent être assimilées par des enfants de moins de 9 ans. En outre et sur un registre plus juridique, les membres de cette association évoquent un "grave manquement" aux dispositions de la loi n°15-12 du 15 juillet 2015 relative à la protection de l'enfant, laquelle stipule dans son article 10 qu'"il est interdit, sous peine de poursuites pénales, l'utilisation de l'enfant dans des spots publicitaires, des films, des photos ou d'enregistrements sous quelque forme que ce soit, sans l'autorisation de son représentant légal et en dehors des heures de scolarité". L'association nationale des parents d'élèves, à travers son bureau de Bouira, renouvelle encore sa "confiance inaltérable" à la ministre de l'Education nationale qui, selon les membres de l'ANPE, fait preuve de "courage" et surtout de "dévouement" pour sauver l'école algérienne du naufrage, lequel a été orchestré par les islamo-conservateurs, dans le but de produire une génération d'incultes et de fanatiques. Enfin, les rédacteurs du document soulignent que "la langue arabe est certes d'une immense richesse, mais elle ne doit en aucun cas servir de socle ou d'argument aux obscurantistes". Cette association, faut-il le souligner, est l'une des rares à monter au créneau pour défendre les valeurs républicaines de notre école, au moment où les réseaux sociaux — savamment manipulés par des personnes malveillantes — s'agitent pour voler au secours de cette enseignante, qui fait déjà l'objet d'une enquête de la part du département de Benghabrit. RAMDANE B.