Le ras le bol des travailleurs ne se limite pas au retard de la paie, puisque les manifestants évoquent, également, le manque d'activités au niveau de l'entreprise et dénoncent la suppression de la retraite sans condition d'âge. Plus de 2 000 travailleurs de la SNVI ont observé, hier, un sit-in pour protester contre le retard mis dans le paiement de leurs salaires, notamment celui du mois d'octobre qui n'a pas été versé à ce jour. Seuls les travailleurs disposant de comptes bancaires (BNA) ont vu leurs salaires versés à temps. Les autres, soit près de 70% de l'effectif dont la paie est réglée par CCP, se voient pénalisés une nouvelle fois. Les protestataires issus de toutes les unités de la SNVI s'en sont pris aux responsables de l'entreprise, leur reprochant de ne pas avoir tenu leurs engagements de l'année dernière. "Nous demandons le départ de tous les dirigeants et nous exigeons leur remplacement par des gens compétents qui défendent réellement la SNVI et le secteur public", affirment les manifestants. Mais le ras le bol des travailleurs ne se limite pas au seul retard de la paie puisque les manifestants évoquent, une fois de plus, le manque d'activités au niveau de l'entreprise et dénoncent la suppression de la retraite sans condition d'âge. Le retard des salaires n'est en fait que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, estime un syndicalise de l'unité VIR, qui évoque les multiples problèmes que continue de rencontrer la SNVI malgré l'aide que lui a accordée l'Etat. "À cela s'ajoute l'entêtement du gouvernement qui veut faire passer son projet de retraite qui a déjà dépouillé la SNVI de ses meilleures compétences", nous explique-t-il. À en croire un travailleur de l'unité UCR, la SNVI fait l'objet d'un plan de sabotage en vue de la privatiser. Un autre, chiffres à l'appui, évoque le maigre taux de production en dépit des 17 milliards de dinars accordés au titre du plan d'urgence à l'entreprise. "Sur 2 036 véhicules programmés pour l'année 2016, seuls 560 ont été livrés", souligne-t-il. Pour le secrétaire général de l'union locale de Rouiba, M. Messaoudi, une telle erreur dans la gestion de la paie n'est pas fortuite. "Il y a des gens à l'intérieur de l'entreprise qui poussent la situation au pourrissement", explique-t-il. C'est le même sentiment développé par le SG du syndicat du groupe qui, lui aussi, s'interroge sur le timing choisi pour qu'une telle erreur se reproduise presque dans les mêmes circonstances et le même jour que l'année dernière. Les syndicalistes qui sont arrivés jusqu'ici à encadrer la colère des travailleurs, se voient cette fois-ci court-circuités par "cette erreur de la paie" et redoutent que la situation échappe à leur contrôle. Il y a une semaine, le SG de l'union locale avait averti, lors d'un rassemblement de syndicalistes, sur la situation peu reluisante de la SNVI et de toute la zone de Rouiba. Trois jours après, ce sont les syndicalistes de la SNVI qui ont tenu un sit-in pour dénoncer la "situation économique catastrophique et statique du groupe SNVI", évoquant le "manque de visibilité dans la concrétisation des projets de partenariat et l'opacité qui entoure l'élaboration des organigrammes fonctionnels et le manque de communication avec le partenaire social". Le communiqué, qui évoque la situation économique de l'entreprise, parle de "non-respect des engagements contenus dans le procès-verbal de la réunion entre le DG et le syndicat en date du 27 juillet 2016 et les lenteurs enregistrées dans la réalisation des plans d'investissement au niveau du groupe, notamment les filiales de production (VIR et CIR)". Le même communiqué a évoqué le dossier de la retraite qui empoisonne l'atmosphère au niveau de la SNVI. "Cet état des lieux est aggravé par les conséquences ayant résulté de la décision des pouvoirs publics de réviser l'ordonnance 97-13 sur la retraite sans condition d'âge et d'imposer un code du travail inapproprié aux travailleurs." "L'élaboration précipitée de ces projets et le manque de concertation avec la base ont été à l'origine des départs en retraite massifs, notamment la main-d'œuvre spécialisée et l'encadrement qui ne peuvent être remplacés du jour au lendemain", précise le communiqué. M. T.