Les députés tunisiens ont adopté hier le projet de loi de finances pour l'année 2017, malgré l'opposition de la puissante centrale syndicale l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) au texte élaboré par le gouvernement du nouveau Premier ministre Youcef Chahed. Le texte a été voté avec 114 voix pour et 8 voix contre, tandis que 17 autres députés se sont abstenus, ont rapporté les médias tunisiens. Le gouvernement tunisien prévoit, dans le texte en question, un budget de 122,4 millions de dinars, en baisse de 15% par rapport au précédent exercice de 2016. Le texte adopté hier écarte toute augmentation des salaires des fonctionnaires, comme cela avait pourtant été convenu avec l'UGTT, dont le secrétaire général a affirmé dans la matinée que son syndicat décidera ce jeudi des actions de protestation à engager dans les jours et semaines à venir. Hocine al-Abassi a déclaré hier matin à Enfidha, dans le gouvernorat de Sousse, qu'il revient au conseil d'administration de l'UGTT de prendre la décision s'il y aurait grève générale ou pas. L'UGTT avait rendu public le 19 novembre un communiqué dans lequel elle a réaffirmé "le rejet total de la décision du gouvernement d'annuler les augmentations des salaires, que nous considérons comme une remise en cause du dialogue social et un discrédit du partenaire social et de l'accord de Carthage". Le principal syndicat dans le pays a contesté, dans le même communiqué, le projet de révision du dispositif fiscal qu'il qualifie d'injuste, réclamant plus d'équité de la part d'un gouvernement acculé par une baisse des revenus dans le principal secteur économique, le tourisme, et une montée des protestations sociales à travers tout le pays. Menacée par le terrorisme, la Tunisie éprouve beaucoup de difficultés à redresser son économie sinistrée, cinq ans après la chute de l'ancien régime de Zine al-Abidine Ben Ali. Dans son édition d'hier, le journal d'investigation Hakaek Online a indiqué que le budget adopté d'hier n'assure que dix mois de salaires seulement. Cela risque de rajouter à la colère des travailleurs tunisiens qui semblent prêts à se battre jusqu'au bout pour arracher les augmentations promises par le gouvernement, estimant que ce n'est pas à eux seulement de se sacrifier pour sauver le pays de la déconfiture. Lyès Menacer