Résumé : Kader avait essayé de casser sa corde, sans succès. Il était trop faible et savait qu'il pourrait trépasser s'il se laissait aller. Soudain, les cris de l'enfant lui apprirent que Khadidja était en train de le maltraiter. Elle ira jusqu'à l'attacher près de lui. Kader sentit la colère sourdre en lui. -C'est toi la première fautive dans ce rapt. -Ah oui ?! Elle s'approche de lui et lui chuchote à l'oreille : -Ce n'est pas moi qui l'avait trouvé, ni ramené à la maison. Qui de nous donc est à blâmer en premier ? Kader déglutit. -Moi, bien sûr. Mais je n'avais pas du tout prévu ce qui allait arriver. Elle se met à rire. -Eh bien, maintenant tu le sais. Elle attache le petit avec une petite corde, et malgré ses cris stridents elle le pousse jusqu'au vieil homme et le laisse choir à côte de lui. -Et voilà ! Vous allez vous tenir compagnie tous les deux et pleurer sur votre sort. Kader s'insurge. -Le petit n'a rien avalé. Il doit mourir de faim. -Tout comme toi mon cher mari. Vous refusez tous les deux de manger. Elle hausse les épaules. -Que pourrais-je faire, moi ? Vous supplier ? Elle se remet à rire nerveusement. -Je n'ai plus la patience d'autrefois, Kader. Je ne peux plus supporter les caprices des autres, et encore moins les tiens et ceux de ce petit garnement. Heureux encore que je ne l'ai pas jeté dans le puits. Elle quitte les lieux en riant de plus belle et ferme la porte à double tour. Kader regarde autour de lui. À l'autre extrémité de la chambre, se trouvait une petite hache qu'il n'avait pas remarquée la veille. Il réfléchit un moment et se dit que s'il rampait jusque-là, il pourrait peut-être se libérer de ses cordes. La hache lui sembla émoussée et rouillée, mais pourrait servir à user ses attaches. Le petit pleurait toujours. Lui aussi était prisonnier de sa cordelette. Kader eu soudain une autre idée. Le gosse n'était pas trop bien attaché. Les nœuds vite faits par Khadidja ne le retenaient pas vraiment. Il tente de se redresser et tendit sa main vers lui. L'enfant prend peur, mais ne put bouger. Kader tente de le calmer. -N'ai pas peur, mon petit. Je vais te libérer de cette ogresse et te rendre à tes parents. Le gosse arrête de pleurer et lui jette un regard suppliant tout en tirant sur la corde qui retenait son petit corps. Kader réussit à tendre la main, et à l'attirer vers lui. Le gamin essaye de se dérober. Mais l'homme avait déjà saisi la cordelette. Le nœud retenait les menottes du gamin derrière son dos. Il le fait tourner et réussit à tirer sur la corde. Le nœud se défait, et l'enfant, se sentant plus à l'aise, se relève et se libère pour courir à travers la chambre. -Chut ! Chut ! Ne fais pas trop de bruit, petit. Khadidja pourrait t'entendre et revenir t'attacher. Le jeune garçon s'arrête net. On dirait que l'évocation de sa tortionnaire lui avait fait rappeler qu'il n'était pas en sécurité. Il s'arrête au milieu de la pièce et interroge Kader du regard. Ce dernier lui montre la vieille hache qui traînait non loin de lui. -Ramène cette hache, petit. Pousse-la avec ton pied, ou bien non, cela fera du bruit. Essaye de la soulever. Le gamin regarde la hache. Il prend peur et revient vers Kader. -Je sais que tu as peur. Mais nous n'avons pas le choix, mon fils. Allez, sois gentil. Retourne la chercher, elle n'est pas aussi lourde que je le craignais. Tu pourras la soulever. L'enfant s'exécute. Il fait une première tentative, mais la hache lui glisse des mains. Kader ferme les yeux. Elle aurait pu tomber sur ses pieds et le blesser. Mais le petit Choukri était intelligent. Il se baisse et tente de la soulever une seconde fois. -Prends-la par le manche, avec les deux mains. Un peu plus confiant, Choukri se baisse et suit les instructions du vieil homme. Il prend la hache par le manche en bois et la soulève enfin. Bien sûr, elle était un peu lourde et risquait de lui faire perdre l'équilibre, mais guidé par Kader, il tint bon et vint la déposer à côté de lui. -Très bien ! C'est très bien ! Tu es un bon garçon, Choukri. (À suivre) Y. H.