Résumé : Comme il le faisait depuis des jours, Racim tente de rassurer sa femme. Elle n'était pas dupe et avait compris qu'il était au courant de quelque chose qu'il ne voulait pas lui révéler. Par contre, il lui promettra d'inciter Noria, sa belle-mère, à se faire opérer. Kader frotte encore son dos au mur. La corde était fine et pouvait se casser s'il continuait à l'user de cette manière. Néanmoins, il sait qu'il lui faudra du temps. "Tant pis, se dit-il. J'aurais tout de même tout tenté avant de trépasser. Mes forces vont sûrement m'abandonner. J'ai déjà l'estomac qui gargouille, et mes muscles qui s'affaiblissent, mais je vais essayer de tenir au maximum. Si je réussis à m'en sortir, je donnerai une sacrée leçon à Khadidja." Il continue encore quelques minutes à "raser" le mur, puis se laisse retomber sur son lit de fortune. L'effort qu'il avait fourni pour se redresser lui avait déjà tant coûté. Il maudit Satan, puis son ignoble épouse, et se maudit lui-même d'avoir marché dans les combines de cette dernière. La sueur coulait de son front et de son visage en nage. Quelques gouttes pénétrèrent dans ses yeux. Il tente de passer son bras à travers la corde pour s'essuyer, mais il ne le put. Il sentit alors une sourde colère gronder en lui. Comment avait-il pu en arriver là ? Un bruit lui parvient. Khadidja avait mis de la musique. Il hoche la tête. L'avait-elle fait pour camoufler ses cris ou ceux du petit ? Peut-être les deux. Ses yeux s'embuèrent. Pauvre ange. Si loin des siens et avec cette diablesse ! Le remords remonte le long de son être. Il méritait les pires châtiments pour avoir cédé à un moment de faiblesse. Ce gamin a une famille qui doit le rechercher activement. Ses parents doivent vivre de longues journées d'angoisse par sa faute. Ils étaient sûrement venus passer des vacances au bord de la mer, et ne voilà-t-il pas que leur sérénité s'est vouée en des moments d'incertitude et de stress. Pourquoi ? Il avait crié sans s'en rendre compte. S'il avait eu des enfants, il n'aurait sûrement pas aimé se retrouver dans cette horrible situation ! Et maintenant c'est lui qui se retrouve là à affronter un terrible cas de conscience. La musique venait de s'arrêter. Il entendait nettement maintenant les pleurs du petit qui réclamait sa mère, et les remontrances de Khadidja. Tout à coup, il comprit. Son épouse était en train de le fouetter avec une ceinture ! Son cœur fait un bond dans sa poitrine. Sa femme devenait folle ! La porter s'ouvre toute grande. Khadidja pousse le jeune garçon devant elle. Il trébuche, tombe et redouble ses cris. Elle le prend par le collet et le rabroue. -Tu n'arrêtes donc jamais de pleurer et de réclamer ta mère ? Je vais te montrer, moi. Je vais te montrer comment on aurait dû t'éduquer. -Laisse-le tranquille !, s'écrie Kader. Laisse-le tranquille ! Il est encore trop jeune pour saisir quoi que ce soit de ce que tu es en train de lui raconter. -Raison de plus, pour qu'il apprenne à bien se tenir. -Comment veux-tu donc qu'il t'écoute, alors qu'il ne te connaît pas ? Bien sûr qu'il réclame sa maman. Il est encore tout petit et ne nous connaît pas. -Cela fera bientôt deux semaines qu'il est parmi nous. Il devra s'habituer à notre présence. Kader tire sur ses cordes. -Détaches-moi ! Détaches-moi, Khadidja ! Je m'occuperai de lui désormais. Elle lui jette un regard curieux. -Tu vas t'occuper de lui ? Ses yeux s'écarquillèrent. -Mais oui. Bien sûr. Je n'y avais même pas pensé ! Elle entraine le gosse jusqu'à son mari et prend une corde. -Que vas-tu faire ?, demande ce dernier, horrifié. -La même chose que pour toi. Je vais l'attacher à tes côtés, ainsi tu pourras t'occuper amplement de lui. Je ne supporte plus ses caprices. Kader se relève péniblement et tente de s'asseoir, mais il était trop faible, et la corde serrait fortement ses membres. -Khadidja, ne fais pas ça ! Elle ricane. -Pourquoi ? Cela t'ennuierais de t'occuper de ce gosse ? Pourtant nous l'avons enlevé tous les deux, et nous devrions nous en occuper aussi tous les deux. (À suivre) Y. H.