Le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune sera-t-il tenté de calmer le jeu au point de se déjuger auprès de l'opinion publique ? La rencontre aujourd'hui gouvernement-patronat-UGTA en prévision de la prochaine tripartite est entourée d'un flou total. Elle intervient fin juillet, ce qui est inhabituel, commente un spécialiste de l'économie nationale. "S'agit-il d'une réunion pour préparer la prochaine tripartite ou juste une astuce pour remettre les couteaux à leur place ?" s'interroge-t-il. Traduire : la rencontre est-elle organisée pour normaliser la relation avec le patron du FCE, Ali Haddad, qui a pris des "ailes" avec le gouvernement Sellal ou pour entamer le dialogue avec les partenaires de l'Exécutif en vue de la prochaine tripartite prévue en septembre ou octobre prochains. Cette réunion regroupera uniquement les présidents des organisations patronales, le secrétaire général de l'UGTA et le gouverrnement, a confié une source sûre. Elle devra fixer la date et l'ordre du jour de la prochaine tripartite. Il s'agit d'une prise de contact du Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, avec les partenaires économiques et sociaux du gouvernement. Elle intervient après l'incident qui a opposé Ali Haddad, le président du FCE, au chef de l'Exécutif. "Cette rencontre va sans doute lever le malentendu. Les protagonistes de cet incident vont sans doute se regarder les yeux dans les yeux, crever l'abcès", commente un participant à cette rencontre. Mais le Premier ministre va-t-il calmer le jeu au point de se déjuger aux yeux de l'opinion publique ou tout simplement afficher sa volonté de composer avec Ali Haddad, le président du FCE et ceux d'autres organisations patronales en vue de construire un consensus large sur les réformes qu'il compte entreprendre sans toutefois faire machine arrière dans son opération mains propres, sa campagne contre l'argent sale ? Deux dernières démarches qui semblent, à première vue, difficilement conciliables aujourd'hui. S'agit-il inversement d'une rencontre de mise au point de Tebboune durant laquelle Ali Haddad sera invité à rentrer dans les rangs et ne pas s'ériger, comme auparavant, comme personnalité politique ayant une influence sur les décisions du gouvernement ? On en saura davantage aujourd'hui à l'issue de cette rencontre. Contacté par Liberté, Naït Abdelaziz, le président de l'organisation patronale privée CNPA, invité à la rencontre, a indiqué qu'il sera de la partie. Il regrette que les patrons privés qui sont invités viennent en rangs dispersés. "Ils ne vont pas parler de la même voix. Ils ne viendront pas avec des propositions communes." Le président du CNPA compte justement proposer aux autres organisations que pour la prochaine tripartite, le patronat se présente à la réunion avec des propositions communes. L'incident Ali Haddad-Tebboune aura en fait, nous semble-t-il, accentué les divisions au sein du patronat privé et entretenu le malaise au point que les patrons ne veulent pas en parler. Une question à mettre aux oubliettes selon un autre président d'organisation patronale. "Une astuce pour remettre les couteaux à leur place ?" Pour M'rakech, le patron de la CAP, un point important sera sans doute proposé à l'ordre du jour de la tripartite : le plan d'action du gouvernement. Dossier en main, le président de la CAP compte remettre une analyse de ce programme au gouvernement. Dans ce registre, le FCE va sans doute soumettre la question des subventions au menu de cette tripartite. D'autant que ce conclave va intervenir avant la conférence nationale sur les subventions prévues à l'automne prochain. Il est question à l'issue de cette conférence d'obtenir un consensus élargi sur la réduction des subventions sur le pain, le lait et les carburants. Une mesure douloureuse qui signifie une augmentation conséquente des prix de ces produits. L'Etat, en manque de ressources financiaires, envisage de diminuer de manière importante cette dépense. En compensation, des aides financières seront consenties par l'Etat aux ménages à faibles revenus. Une fois ce consensus obtenu, la décision de réduire les subventions pourrait figurer dans la loi de finances 2018. Mais la question est de savoir si la population va adhérer à cette mesure, d'où la volonté du gouvernement de parvenir à un consensus élargi sur la question. Autre point qui sera probablement proposé à l'ordre du jour de la tripartite : "Le bilan des deux dernières tripartites, celles de Biskra et d'Annaba", affirme Abdelaziz Mehenni, le président de l'organisation patronale Cipa, qui sera également de la partie. K. Remouche