Tiaret était ville morte puisque tous les magasins ont baissé rideau et les postes sécuritaires ont été barricadés. La ville de Tiaret n'arrive pas à sortir de sa léthargie tant la consternation a atteint son paroxysme après l'attentat-suicide contre le siège de la sûreté de wilaya, dans la matinée de jeudi dernier, revendiqué, selon une chaîne de télévision privée, par l'organisation terroriste Daech. N'ayant plus le goût à la fête de l'Aïd el-Adha, la population a été profondément déstabilisée par cet acte qui vient s'ajouter aux séquelles des années brûlantes de la décennie noire. D'ailleurs, vendredi, Tiaret était ville morte puisque tous les magasins ont baissé leur rideau et les postes sécuritaires ont été densément barricadés. Les quelques personnes qui circulaient ne l'ont fait que par nécessité absolue. L'indignation était apparente sur les visages des citoyens rencontrés qui n'arrivaient pas à comprendre qu'une telle horreur se produise au moment où l'on croyait à une réelle accalmie. Bien que très difficile d'obtenir la moindre information officielle, nous avons pu recueillir quelques versions de citoyens qui prétendent connaître le terroriste depuis des années. "Nous aurions dû être plus vigilants car nous savions qu'un élément présumé membre de l'organisation Daech avait été arrêté au début du mois d'août dernier", nous dira un citoyen profondément affligé par ce drame. Pour d'autres, l'auteur de l'attentat était connu dans le milieu du terrorisme depuis des années. Les citoyens n'oublient toutefois pas d'exprimer leur soutien aux familles des victimes et aux services de sécurité, notamment sur les réseaux sociaux où les commentaires appellent à la vigilance et à la dénonciation générale de ces actes. Hommage national C'est dans cette ambiance et ce contexte difficiles que les funérailles des deux victimes, les deux agents de police, Tayeb Aïssaoui et Saâd Alouaoui, ont donné lieu à un hommage national qui leur a été rendu au cimetière de Nadhora, à l'est de la wilaya. En effet, c'est dans un climat d'affliction et d'asthénie générales qu'a eu lieu la cérémonie d'enterrement en présence du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, du directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, du directeur général de la Protection civile, Mustapha El-Habiri, et des autorités civiles et sécuritaires locales. Un silence religieux a régné durant toute la cérémonie funèbre où les deux victimes ont été inhumées devant des milliers de citoyens venus leur rendre un dernier hommage. Douleur, colère et consternation se lisaient sur les visages de ces derniers, originaires de diverses localités, qui ont tenu à assister à ces émouvantes obsèques. Néanmoins, après les funérailles, le ministre de l'Intérieur et le directeur général de la Sûreté nationale ont appelé la population à accentuer leur vigilance et faire montre de civisme pour ne pas céder à la terreur. Saluant l'acte de bravoure et de courage dont ont fait preuve les deux victimes qui se sont sacrifiées pour éviter un carnage, ces derniers ont assuré la population quant aux moyens déployés par l'Etat pour éradiquer le terrorisme. À l'issue de la cérémonie, la délégation officielle a rejoint l'EPH Youcef-Damardji pour s'enquérir de l'état de santé des deux autres agents blessés. Pour rappel, le drame a eu lieu jeudi dernier, peu avant 8h. L'auteur de l'attentat, Benaïssa Boucetta, alias Abou Djihad, portant une ceinture explosive, tentait de pénétrer à l'intérieur du siège de la sûreté de wilaya avant qu'il ne soit freiné par les policiers en faction qui ont ainsi déjoué l'attaque. Le policier Tayeb Aïssaoui, qui s'est jeté sur le terroriste, a ainsi perdu la vie en même temps que ce dernier, alors que son collègue Alouaoui Saâd a succombé à ses blessures avant de rendre l'âme à l'hôpital. Par ailleurs, les populations des localités de la wilaya de Tiaret se sont distinguées par un indescriptible élan de solidarité à l'endroit des familles des victimes avec lesquelles elles ne cessent d'exprimer leur compassion. Par ailleurs, autant souligner que la ville de Tiaret est toujours sous le choc et le climat toujours aussi pesant est loin de disparaître, à l'heure actuelle. R. SALEM