La cour d'assises d'Oran a jugé, jeudi dernier, une affaire dans laquelle A. Abdelkader, plombier, 38 ans, était accusé de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Il lui était reproché d'avoir, un jour de juin 2016, donné un coup de poing à R. El Hachemi, son voisin du quartier Kara, à Es Sénia, qui l'a mis à terre entraînant de graves lésions du crâne : "Je n'ai pas frappé pour tuer, s'est justifié l'accusé à la barre. J'étais dans la quincaillerie de mon frère quand le défunt est entré et a voulu être servi avant les autres. Je lui ai demandé de respecter les clients qui étaient là avant lui, il s'est mis à m'insulter et à me lancer des objets qui se trouvaient sur le comptoir. On s'est disputé mais les clients nous ont séparés. Quelques minutes plus tard, alors que je me trouvais devant la porte du magasin, j'ai vu qu'il était revenu accompagné d'une autre personne. Celle-ci m'a frappé avec un couteau à l'épaule, j'ai eu peur pour ma vie, j'ai frappé El Hachemi pour l'écarter de mon chemin et fuir. Je suis allé directement au commissariat d'Es Sénia pour porter plainte", a-t-il relaté à la barre. Pendant qu'il se rendait au commissariat, El Hachemi, 47 ans, fut transféré en urgence au CHU d'Oran où les médecins ont constaté sur le crâne deux plaies d'une dizaine de centimètres. Il décédera deux semaines plus tard des suites d'une commotion cérébrale occasionnée par les graves blessures à la tête. Au commissariat, Abdelkader fut informé qu'une plainte avait déjà été déposée contre lui pour coups et blessures volontaires sur la personne de R. El Hachemi. Il est, par conséquent, détenu pour ces faits et lorsque son voisin décède, le chef d'accusation se transforme en coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner : "J'ai agi en légitime défense", assurera-t-il au tribunal criminel en faisant valoir qu'un certificat médical préconisant une incapacité de 8 jours lui avait été délivré à cause des coups de couteau reçus à l'épaule. Le représentant du ministère public, dans son réquisitoire, s'appuiera sur les aveux de l'accusé quant au coup de poing donné à la victime et le rapport du médecin légiste attribuant le décès à une commotion due à des violences pour réfuter la légitime défense avancée par l'accusé pour expliquer son acte. Il requerra 20 ans de réclusion criminelle. Dans sa plaidoirie, la défense plaidera la légitime défense et insistera sur la mort accidentelle de la victime. "Notre client a craint pour sa vie après avoir reçu les coups de couteau et c'est en voulant l'écarter de son chemin pour fuir qu'il a frappé le défunt qui, en tombant, s'est accidentellement fracturé le crâne. Il n'y avait pas de volonté de tuer", soutiendra-t-elle en demandant les plus larges circonstances atténuantes pour son client. Après délibérations, le tribunal criminel d'Oran condamnera A. Abdelkader à quatre ans de prison. S. Ould Ali